Les découvertes de la semaine #43
Bienvenue dans ce nouvel épisode des découvertes de la semaine. Comme d’habitude, je vais te présenter des contenus qui m’ont marqué.
[Vidéo semi-longue] Le système B. L’information selon Vincent Bolloré.
Comment j’ai découvert cette vidéo ?
Je ne sais même plus. Peut-être sur Twitter ?
Les 3 choses que j’en retiens
#1 | Bolloré a tissé patiemment sa toile de manière à posséder une galaxie de médias. Avec en figure de prou le groupe Canal+ et donc Cnews. Mais aussi Europe 1, Capital et Gala.
Le but est double : premièrement de faire passer ses idées politiques (d’extrême-droite) et ensuite d’avoir suffisamment d’influence pour que les politiciens soient obligés de traiter avec lui .
#2 | Il applique une logique strictement business à l’information. Si le journalisme est un produit comme les autres alors il faut faire ce qui rapporte le plus d’argent. C’est-à-dire ce qui génère le plus d’audience avec un pouvoir d’achat (puisqu’on finance le tout avec de la publicité).
Par conséquent, la formule plateau de Cnwes est parfaite puisque c’est un format très peu cher à produire (à l’inverse d’un reportage d’investigation). C’est pas cher et ça fait beaucoup d’audience. Le combo est parfait.
#3 | Pour défendre ses positions, Bolloré n’hésitent pas à utiliser des procédures judiciaires de bâillonnement. Ça consiste à faire des procès en diffamation dès qu’on le critique. Il sait qu’il va perdre mais ce n’est pas important : il fait appel, puis se pourvoit en cassation.
Un journaliste explique notamment que les frais de justice pour son cas s’élèvent désormais à plusieurs centaines de milliers d’euros, qui ne seront récupérés qu’à la fin de la procédure, ce qui peut prendre des années.
Or, tout le monde ne peut pas se le permettre.
Autre technique : poursuivre via des pays dont la juridiction est plus sévère sur la diffamation, ce qui permet de menace de prison ferme.
Pourquoi tu dois découvrir cette vidéo à ton tour ?
Parce que Reporters Sans Frontières, qui en est à l’origine, a fait l’effort de tout condenser en moins de 20 minutes. Ça se regarde très rapidement et ça éclaire sur le danger que fait peser Bolloré sur notre champ démocratique.
[Vidéo Longue] Conférence de Jean-Luc Mélenchon à Sciences Po Paris
Comment je suis tombé sur cette vidéo ?
Parce que YouTube me connaît et que je suis abonné à la chaîne. J’ai donc eu immédiatement la suggestion.
Pourquoi tu devrais en regarder une à ton tour (pas forcément celle-ci)
Je ne vais pas te parler du fond de la vidéo. Mais de pourquoi il est important de regarder ce type de vidéo.
Comment se faire un avis politique sur la base des médias ? Les émissions politiques sont globalement des cirques. Principalement parce que la personne invitée a rarement le temps de dérouler sa pensée. Ça donne des formats un peu insupportable à la Léa Salamé. Tu sais… un journaliste généraliste qui n’a pas le temps de vraiment aller au fond du sujet. On se retrouve avec des questions nulles comme : mais est-ce vraiment le rôle de l’état de décider du prix des fruits et légumes ? Alors que Mélenchon proposait de bloquer le prix de 5 fruits et légumes.
Est-ce parce qu’il s’agit de mon camp politique ? Probable. Mais pas que. Je trouve ça nul aussi quand Ruquier dit à Zemmour qu’il ne peut pas être président parce qu’il est nul en chiffres, la preuve il prétend que son émission à Cnews est un carton alors qu’il fait beaucoup plus de parts de marché de lui.
Sérieusement ?
Quelqu’un peut nier que l’émission de Zemmour était un carton ? Avant son arrivé il y avait trois fois moins de gens qui la regardaient.
De même, on s’enthousiasme parce que Lapix a rétorqué à Xavier Bertrand “vous dites que vous êtes le candidat le mieux placé pour battre Macron au second tour mais vous n’êtes pas capable de passer le premier”.
Tout le monde se moque de Bertrand car il a eu un blanc. Mais on ne devrait pas. C’est une attaque inutile et injuste. Ça sert à quoi ? À part le moucher ? Surtout que ça repose encore sur la Loi de Brandolini, c’est-à-dire le fait que c’est super long de démonter une bêtise qui prend 30 secondes à dire.
Ici, c’est bien une bêtise. En effet, notre scrutin a un bug : le paradoxe de Condorcet. En résumé c’est le fait que la personne que les gens préfèrent ne gagne pas nécessairement. Parfois c’est même impossible. À cause du système à deux tours. Par exemple, si on avait fait trois tours en 2007, Bayrou aurait été élu à coup sûr. C’était, en moyenne, le candidat préféré de l’électorat.
Xavier Bertrand aurait donc pu développer sur ce paradoxe et poser la question de la légitimité d’un tel système. Mais c’est dur.
Il se trouve que j’ai eu l’occasion de voir une conférence de Xavier Bertrand. C’était il y a dix ans, pour le boulot (j’étais chez IBM). J’avais été étonné. Je ne pensais pas qu’il pouvait tenir un propos structuré et profond si longtemps. Je ne le connaissais que des punchlines.
Je trouve qu’on manque de ce format. Parce qu’il n’est pas télévisuel : ça ne marche pas avec l’exigence de couper avec des publicités et de faire de l’audience rapidement.
Quel que soit ton camp politique, je t’invite à aller regarder au moins une fois une conférence entière avec le ou la porte-parole d’un parti. Si tu ne l’as jamais fait ça va te faire tout drôle : un contenu avec du fond, de la structure.
J’arrête là. Je sens que je suis proche de la frontière du “gnagnagna de nos jours tout va trop vite et on prend plus le temps de rien”.
Mais, souvent, je suis étonné par à quel point les personnes autour de moi connaissent peu les programmes des personnes pour qui elles envisagent de voter, voire ont déjà voté. Parce qu’elles ne connaissent que ce que la télévision en dit.