Je m’inclus dans le lot.
Je suis le premier à répéter qu’il faut apprendre à arrêter le masking si tu veux vivre une vie autistique agréable. Les deux premiers livres que j’ai lus sur l’autisme s’appelaient Unmasking autism et Unmasked.
Le souci c’est que y’a un truc qu’on oublie de dire. Et l’humoriste autiste Lara Beitz le dit mieux que moi. Attention ce qui va suivre est une blague donc elle force le trait :
Y’a un énorme mouvement désormais qui incite les autistes à l’unmasking. On nous dit que c’est vraiment mauvais pour nous, que ça crée du stress de faire du masking en permanence.
C’est vrai mais tu sais ce qui est aussi super stressant ?
Perdre ton putain de job...
...parce que tu as commencé à crier au travail...
... et que tu t’es allongé·e par terre
... et que tu as retiré tes vêtements parce que y’avait une étiquette à l’intérieur ...
... ça aussi c’est stressant
Si tu penses que l’unmasking est une bonne idée c’est juste que t’es pas assez autiste.
Y’a totalement du vrai là-dedans même si c’est hyperbolique. Pour le dire en plus nuancé…
Oui le masking est dangereux
Cette partie reste vraie. Si le mouvement militant te met à ce point en garde contre le masking c’est parce qu’il est corrélé à une plus grande probabilité de développer un trouble anxieux, un trouble dépressif et même des tentatives de suicide.
Le masking est extrêmement dangereux pour ta santé mentale. À titre personnel, ça me créait des dépressions tous les 4 à 6 mois.
Mais c’est aussi important de se rappeler que…
Tu pratiques le masking pour une raison rationnelle
Un·e autiste qui pratique le masking n’est pas en train de se taper un kiff… effectivement ça serait stupide de faire un truc aussi mauvais pour la santé mentale, pour le plaisir.
Non : c’est pour éviter le stigmate social. C’est d’ailleurs pour ça qu’en moyenne les hommes cis autistes font moins de masking que les autres autistes. Parce que quand tu n’es pas un homme cis, autiste ou pas, tu dois davantage te conformer aux attentes sociales. Que ça soit douloureux ou pas.
En oubliant ça et en disant mais c’est bête pourquoi j’ai fait du masking toute ma vie, tu es également en train de dire que tu es bête…
Comme le dit Sol Smith dans son livre The Autistic’s Guide to Self-Discovery: Flourishing as a Neurodivergent Adult
Le masking est à la fois familier et un peu obscur dans l’esprit de beaucoup de personnes. On parle beaucoup de ce que cela signifie de « masquer » ou de « dé-masquer », mais ces termes peuvent être aliénants, car on les emploie de façon si générale et négative que le « masking » devient comme un méchant qui nous aurait été imposé, et le « unmasking » comme une sorte d’objectif final, le but ultime d’une personne autiste.
Ni l’un ni l’autre n’est tout à fait juste. Tant que nous rejetons le masque ou que nous en parlons avec ressentiment, nous continuerons à accumuler de la honte à propos de nous-mêmes et de la façon dont nous avons interagi avec le monde.
Il est plus utile de commencer par être précis, puis d’apprendre à connaître nos propres masques. Nous pouvons résister autant que possible à l’envie de personnifier ce masque, mais je veux insister sur l’importance de faire ami avec ton masque plutôt que de le rejeter en bloc.
Tu n’as pas construit un masque pour t’opprimer, mais pour survivre, et il a fait de son mieux. Ce n’est pas parce que tu as dépassé son utilité que ce masque devient un symbole d’oppression ou quelque chose d’inauthentique.
Ton masque est simplement un outil dont tu n’as plus besoin.
Voilà. Je ne peux pas dire mieux. C’est l’idée de Lara sans les blagues.
Ton masque c’est aussi toi, ça n’est pas une fausse version de toi
Toujours un extrait de Sol Smith :
Les autistes identifié·es tardivement doivent comprendre qu’iels n’ont aucune raison d’avoir honte. Nous ne savions pas que nous portions ces masques, et il n’y a aucune raison de nous reprocher la manière dont nous avons trouvé à survivre dans un monde qui n’a pas été conçu pour notre neurotype.
Il nous faut aussi affronter nos peurs existentielles liées au fait d’enlever le masque. Bien sûr, ce serait bien plus simple si le monde entier recevait une grande « intervention » éducative qui amènerait chacun à être plus tolérant et bienveillant envers nous. Mais tant que les nouvelles connaissances n’auront pas changé en profondeur les mentalités des allistes, il nous faudra apprendre à nous accepter nous-mêmes et à nous traiter avec bienveillance.
Arrivons à cette compréhension : ton masque, c’était toi aussi. Ce n’était pas ton être complet, ni celui que tu aurais choisi dans l’idéal, mais c’était une facette de toi que tu as sélectionnée dans le spectre de ton identité. Tu n’as jamais trompé qui que ce soit pour qu’on t’apprécie ou qu’on t’aime — jamais, pas une seule fois.
On t’a aimé·e, on a eu de l’affection pour toi, on t’a choisi·e, on t’a accepté·e. Bien sûr, il y aura peut-être des ajustements quand tu commenceras le processus de dé-masquage, mais cela ne veut absolument pas dire que tu n’étais pas « assez bien » jusque-là.
Au contraire : tu as traversé beaucoup d’épreuves avec un nombre limité d’outils que tu avais su choisir dans tout l’éventail que tu portes en toi. Et maintenant que tu t’autorises l’accès à ton être entier, tu seras encore plus toi-même.
Alors, encourage les gens à ne pas se perdre dans des questions du type : « Qui était la vraie personne, avant ou après ? » — ce n’est plus productif aujourd’hui.
Pareil. Je peux pas mieux dire.
Il te faut apprendre à choisir les moments avec ou sans le masque
Je me suis rendu compte récemment et rétrospectivement que j’avais donné un nom à mon masque. Il s’appelle Abi. D’ailleurs y’a encore des gens qui m’appellent comme ça. Parce qu’entre mes 17 et 24 ans je me suis présenté comme ça, je ne disais plus que je m’appelais Nicolas.
Et Abi il est bien. Hier, j’étais en soirée bah j’ai ressorti Abi : la version de moi super sociable, qui anime les discussions, etc.
Seulement, maintenant je l’utilise avec parcimonie et en conscience. Je ne subis plus. Je n’en abuse plus.
Je viens de sortir une formation :
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C’est précisément un point que j’aborde : une fois qu’on a identifié tes déclencheurs (tes allergènes) autistiques, on essaie de regarder lesquells “valent le coup”.
Comme dit Lara, ça peut valoir le coup de continuer à encaisser certaines choses pour continuer à avoir un salaire au travail. De même, n’importe quel humain dont tu es suffisamment intime va générer des déclencheurs pour toi. Il te faut donc apprendre à gérer ces déclencheurs que tu ne peux pas supprimer.
Mais il faut aussi arbitrer quand c’est trop et quand tu te fais trop de mal. Quand la balance bénéfice-risque n’est pas bonne.
C’est la dernière fois que je te propose le lien promo de la semaine pour la formation. Si tu veux sécuriser ton accès c’est maintenant ou jamais. Comme toutes les autres formations elle est garantie à vie donc tu peux l’acheter pour sécuriser le prix et ensuite te faire rembourser peu importe la raison. Que ça soit parce que cette formation n’a pas marché pour toi ou juste que tu n’as finalement pas le temps de la faire.
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