Les 6 dysfonctionnements de la Police
Voilà maintenant 3 ans que j’ai commencé à enquêter sur notre Police Nationale. À l’origine je voulais juste comprendre d’où venait le racisme qu’on y a observé. On sortait d’un enchaînement macabre entre George Floyd aux USA et Claude Jean-Pierre en Guadeloupe. Sans parler toutes les violences sur des habitants de banlieue pendant le confinement. En passant par Michel Zecler…
Je me demandais comment expliquer tout ça.
Alors je me suis plongé dans le rap. Parce que le rap alerte depuis des années. Sauf que ça me paraissait abstrait. D’un coup j’ai compris que, si le rap est souvent romancé sur la partie on est des gangsters, cette partie ne l’est pas.
Mais ça suffisait pas à expliquer. Alors j’ai été lire le fameux livre du journaliste infiltré dans la police.
Jusqu’à avoir un déclic : pourquoi y’aurait-il besoin d’une infiltration ? Les policiers ne parlent pas du tout ?
Et la réponse est : il y a énormément de livres de policiers.
Sans déconner, y’en a tellement que je viens encore d’en acheter un…
C’est juste que personne ne les lit.
Au point que la quatrième de couverture du journaliste infiltré nous vend son livre ainsi :
Que se passe-t-il derrière les murs d'un commissariat ? Pour répondre à cette question, le journaliste Valentin Gendrot a mis sa vie entre parenthèses. Il a suivi la formation de l'école de police de Saint-Malo et a fini par atteindre son objectif : devenir policier dans un quartier populaire parisien.
Durant six mois, Valentin a intégré le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Une arme à la ceinture, le journaliste sous couverture a rejoint une brigade dont certains membres tutoient, insultent et distribuent régulièrement des coups à des jeunes hommes noirs et arabes qu'ils surnomment “les bâtards”.
Valentin Gendrot ne cache rien. Il relate la précarité des conditions de travail, le suicide d'un collègue du commissariat, mais aussi les propos racistes émis par des agents de l'État, les bavures, la violence. Il raconte, en détail, comment il assiste au tabassage d'un adolescent noir par un collègue policier et découvre comment sa brigade étouffe l'affaire.
Cette infiltration unique nous délivre les secrets que seuls les policiers partagent ; Valentin Gendrot nous ouvre l'antichambre où personne n'est jamais entré.
Je ne sais même pas si c’est conscient. J’étais le premier convaincu que la Police était une chambre noire. Et c’est en partie vrai : il y a une véritable loi du silence. Pourtant… il y a quand même plein de Policiers qui s’en vont puis racontent. Dans l’indifférence générale.
Je ne sais pas si ça vient de notre désintérêt collectif ou alors si c’est les médias qui tordent notre perception (plus facile de trouver un énième reportage en quête d’action où on ne filme que le côté honorable et stimulant que de trouver des interviews de lanceurs d’alerte).
Une chose est sûre, ces témoignages sont partout. Il suffit de se baisser pour les ramasser.
En lisant tout ça, j’en ai déduit 6 dysfonctionnements majeurs de la Police nationale :
1. La police est un service public qui a été énormément abîmé par les politiques “libérales”. Comme l’hôpital, comme l’Education Nationale.
2. Le management est inhumain. Si ça venait d’une entreprise privée beaucoup de cadres seraient déjà en prison. Notamment à cause du harcèlement moral.
3. Il y a un énorme problème de racisme dans la police.
4. La doctrine de la Police française est obsolète et favorise les violences illégitimes
5. Les violences illégitimes sont trop fréquentes et trop peu punies. Voire encouragées.
6. L’organisme qui devrait contrôler la police et sanctionner ces violences (IGPN) n’est pas indépendant et est complice de la hiérarchie.
J’ai déjà exploré les deux premiers dans un article. Je viens de me lancer dans l’écriture du deuxième qui ne portera QUE sur le troisième point. Celui qui était à l’origine, l’axe de ma démarche.
J’espère avoir fini cette semaine. Voilà pourquoi, en attendant, je te propose de (re)lire le premier, pour te rafraîchir la mémoire :
https://medium.com/dépenser-repenser/pourquoi-la-police-française-est-elle-si-malade-4ebe62feb46d