L'effet cobra
Je viens de découvrir ce qu’on appelle l’effet cobra.
Ça vient d’une histoire non-vérifiée qui se serait passée en Inde sous la pression du Royaume-Uni colonial.
L'expression "effet cobra" a été inventée par l'économiste Horst Siebert sur la base d'une anecdote survenue en Inde pendant la domination britannique.
Le gouvernement britannique, préoccupé par le nombre de cobras venimeux à Delhi, offrait une prime pour chaque cobra mort. Au début, cette stratégie a été couronnée de succès ; un grand nombre de serpents ont été tués pour la récompense. Mais finalement, des personnes entreprenantes ont commencé à élever des cobras pour en tirer un revenu. Lorsque le gouvernement s'en est rendu compte, le programme de récompense a été supprimé. Lorsque les éleveurs de cobras ont libéré leurs serpents désormais sans valeur, la population de cobras sauvages a encore plus augmenté.
Cette anecdote n’est pas authentifiée. Mais ça suffit à faire une bonne parabole pour comprendre pourquoi il faut faire attention quand on met des objectifs pour atteindre un but collectif.
Le massacre des rats d’Hanoi
En revanche… on a une version attestée de ce phénomène. Sauf qu’au lieu de l’Inde ça se passe en Indochine et au lieu des cobras ce sont des rats. Voici la traduction de la page Wikipédia :
Constatant que le processus d'extermination n'allait pas assez vite, les autorités françaises sont passées au plan B, offrant à tout entrepreneur local la possibilité de se lancer dans la chasse aux rats. Pour les inciter à le faire, les Français ont fixé une prime d'un centime par rat. Pour ne pas être envahis de cadavres de rats, les civils n'avaient qu'à remettre une queue de rat aux bureaux municipaux.
Les Français pensaient que c'était une bonne idée car ils avaient pour politique d'essayer d'encourager l'esprit entrepreneurial au Vietnam. Au début, le nouveau plan semblait fonctionner comme prévu car un grand nombre de queues étaient apportées. Mais une conséquence inattendue est apparue. Les Vietnamiens entrepreneurs engagés pour tuer les rats se sont vite rendu compte que le fait de tuer un rat ne ferait que réduire les chances de récompenses futures. Après tout, ils avaient besoin des rats pour se reproduire avec d'autres rats à queue, qui deviendraient une future source de revenus.
Les chasseurs de rats amputaient leurs queues et les laissaient s'échapper pour qu'ils puissent se reproduire et créer d'autres rejetons avec des queues pour ensuite répéter le processus. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été la découverte par les inspecteurs sanitaires français de l'apparition d'élevages de rats dans la campagne, à la périphérie d'Hanoï, où les rats étaient élevés uniquement pour leur queue, dans des sortes d'usines de création de queues.
La politique française n'ayant pas atteint ses objectifs et ayant même aggravé le problème des rats à Hanoï, le programme de primes a été annulé.
La loi de Goodhart
Toujours en me baladant de page en page de Wikipédia, je suis tombé sur ça :
La loi de Goodhart est un adage souvent formulé comme suit : "Lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure", du nom de l'économiste britannique Charles Goodhart, qui a exprimé l'idée centrale de l'adage dans un article publié en 1975 sur la politique monétaire au Royaume-Uni.
On comprend ce phénomène. C’est le même qui se produit quand on donne au policier un objectif de résolution de crimes/délits et qu’ils se mettent à provoquer eux-mêmes les délits (par exemple en poussant à bout des populations qui ensuite vont commettre des outrages à agent) ou en se focalisant plutôt sur plein de petits délits mineurs plutôt que sur les crimes. Par exemple aller attraper des petits vendeurs de cannabis juste pour faire le chiffre.
Où ai-je volé ça ?
Voici la page Wikipédia de l’effet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_cobra