Je maintiens toujours le rythme de vacances donc avec des emails qui prennent moins de 5 minutes à écrire. Et cette semaine j’avais envie de faire un parallèle entre racisme et alcool.
L’idée est peut-être un peu foireuse. Mais on verra bien.
Soit t’es alcoolique, soit t’es rien
Dans ma série d’emails sur l’alcool j’avais écrit ça :
Soit t’es normal·e, soit t’es alcoolique
Pour que ça tienne, il faut absolument avoir une binarité. Les alcooliques et les autres. Alors on invente des centaines de règles.
Si tu bois pas le bon alcool alors tu es alcoolique.
Par exemple de la vodka à midi, on va te regarder mal alors qu’un verre de vin c’est ok. Ça n’a aucun sens : la substance active des alcools est la même peu importe l’alcool.
Si tu bois pas à la bonne heure alors tu es alcoolique
Par exemple si je bois un verre de vin tous les matins on va me regarder mal alors que si j’en bois 2 le midi et 1 le soir, on va trouver ça normal. Là encore ça n’a aucun sens : j’ai trois fois plus de risque quand je bois 3 verres au bon moment qu’un seul au “mauvais”.
Si tu bois sans personne alors tu es alcoolique.
Si une personne vide une bouteille de vin, seule chez elle, on va énormément s’inquiéter. Mais si la même personne vide deux bouteilles de vin pendant une soirée on va se dire que c’est une fêtarde.
Sauf que beaucoup de gens tombent dans l’alcoolisme sévère de cette manière : avec des consommation hebdomadaire, uniquement en soirée.
C’est pas parce que tu bois 30 verres chaque weekend au lieu de boire 4 verres en solo chez toi par jour que c’est mieux. C’est même probablement pire car y’a un effet seuil. C’est pas parce que tu ne bois que en soirée que tu ne peux pas être en état d’alcoolisme très sévère. Ce n’est pas lié.
Il y a un spectre
Il faut combattre cette binarité. En repensant la question et en se disant que : moins d’alcool c’est toujours mieux pour la santé. Il n’y a pas une zone qui serait la modération et qui serait la normalité. Parce que personne veut être anormal. Tout le monde veut dire que l’alcoolique c’est une autre personne.
Non y’a pas les normaux et les autres. Y’a toi qui bois et toi qui bois moins.
D’autant plus qu’on ne pare pas de ce qui se passe pour les personnes qui dépassent la consommation repère recommandée par les autorités mais qui ne sombrent pas pour autant dans la déchéance.
Car oui, quand on pense alcoolisme en vrai ce qu’on veut dire c’est alcoolisme de la déchéance. Le stade critique qui amène à l’hospitalisation.
Mais il y a plusieurs stades. Plusieurs nuances.
Le racisme c’est pareil
Et bah plus j’y réfléchis et plus je me rends compte que c’est pareil avec le racisme.
Les discussions sont extrêmement dures à avoir car on a installé l’idée qu’il y avait soit les méchants racistes, soit les gens normaux.
Du coup, personne ne travaille sur son racisme car tout le monde est convaincu d’être dans les normaux.
Pire encore, ça devient compliqué d’aborder le sujet avec une personne car dès que l’on prononce le mot “racisme” elle part dans les tours.
De la même manière que si tu dis à quelqu’un qu’il est alcoolique ça risque de mal tourner même si c’est factuellement vrai.