Le plaisir n'est pas le bonheur
Quand j’ai exploré le sujet du bonheur pour écrire mon livre, la notion qui m’a le plus frappé c’est la différence entre le plaisir et le bonheur. C’est en écoutant Robert Lustig que j’en ai été convaincu.
Voici comment je la rapporte dans le livre :
LE PLAISIR N'EST PAS LE BONHEUR. LE BONHEUR N'EST PAS LE PLAISIR.
Une des pires erreurs que vous puissiez faire serait de confondre plaisir et bonheur. Malheureusement, nous sommes confrontés en permanence à cette confusion. Cette confusion est récente : à certaines époques la différence était évidente.
Le christianisme promet le bonheur, pas le plaisir. Il propose même de proscrire une grande partie des plaisirs en échange du bonheur. Le stoïcisme antique met également en garde contre la recherche du plaisir et propose de cultiver plutôt le bonheur.
Au fond de vous, vous connaissez cette différence. Vous savez qu'on peut multiplier les plaisirs et être malheureux. Manger des bons plats, multiplier les rapports sexuels, consommer des drogues récréatives mais se sentir vide en soi. Ne pas se sentir épanoui. À l'inverse, quand on pense à un moine on imagine quelqu'un d'heureux et d'épanoui. Alors qu'il s'interdit pourtant un bon nombre de plaisirs.
Certains philosophes en avaient l'intuition des siècles avant que Robert Lustig aille chercher l'explication scientifique, la différence biologique entre le plaisir et le bonheur. Et voici donc les 7 principales différences :
1) Le plaisir est éphémère, le bonheur est durable
2) Le plaisir est viscéral, le bonheur est aérien, impalpable
3) Le plaisir est dans ce qu'on prend, le bonheur est dans ce qu'on donne
4) Le plaisir peut être obtenu avec des substances, le bonheur ne peut pas être obtenu avec des substances
5) Le plaisir se ressent mieux seul, le bonheur se ressent mieux dans un groupe social
6) Les plaisirs extrêmes m è nent tous à l'addiction, que ce soient des substances ou des comportements. Alors que le concept d'addiction au bonheur n'existe pas.
7) La différence la plus importante : le plaisir vient de la dopamine alors que le bonheur vient de la sérotonine. Il s'agit donc même chimiquement de deux choses distinctes.
Ce dernier point est fondamental car il explique pourquoi la recherche du plaisir et la recherche du bonheur sont contradictoires. La dopamine fait vibrer les neurones alors que la sérotonine calme les neurones. Les deux effets sont totalement inverses. Le plaisir est donc littéralement une excitation quand le bonheur est littéralement un apaisement.
Bonne nouvelle : on ne peut donc pas avoir trop de bonheur. De la même manière qu'on ne peut pas être trop apaisé . De la même manière qu'il ne peut pas faire plus froid que 273,15 C °. Pourquoi ? Parce que la chaleur est l'agitation des molécules. Quand les molécules sont immobiles on atteint le froid absolu et on ne peut plus descendre. Le froid est donc limité. En revanche, le chaud est illimité. Le plaisir aussi.
Mais, malheureusement, le plaisir détruit nos neurones. Pour s'en protéger, le cerveau a développé un mécanisme de défense : l'accoutumance. Vous avez besoin d'une dose plus forte pour produire le même niveau de plaisir que la fois d'avant. Le plaisir nous emmène donc à en vouloir de plus en plus. Alors que le bonheur nous fait nous sentir satisfaits, repus. Par définition, le plaisir est donc un gouffre infini. Alors que le bonheur est un état de plénitude dé limité.
Par conséquent, la confusion entre les deux est une erreur gigantesque. Beaucoup d'entre nous cherchent à multiplier les plaisirs dans le but d'être plus heureux. Alors que le bonheur est justement cet état dans lequel on est quand on se sent satisfait, rassasié. Certaines personnes décrivent le bonheur comme une sensation d'être connectées, de faire un avec le monde. D'autres personnes l'appellent plutôt "l'épanouissement".
Peu importe : identifiez cette sensation et différenciez la du plaisir, une fois pour toutes. J'ai été profondément attristé par la discussion que je vais vous retranscrire :
- Je suis en train de réduire drastiquement ma consommation de sucre depuis que j'ai découvert les effets nocifs du sucre sur la santé
- Ah oui mais on va pas se priver de tout non plus, il faut pas être obsédé par le contrôle, il faut s'autoriser à avoir une vie heureuse.
Le sucre n'a jamais rendu personne heureux. Le sucre est un plaisir, oui. Mais vous serez heureux avec ou sans sucre. Sur son lit de mort, personne n'a jamais dit "Je regrette de n'avoir pas assez mangé de sucre". Je ne suis pas en train de dire qu'il faille aspirer à une vie sans plaisir. Le plaisir a une fonction aussi essentielle que la souffrance. Ce n'est pas pour rien si l'orgasme est associé à la fonction de reproduction. Ce n'est pas pour rien si on prend du plaisir en mangeant des bonnes choses. Ça permet de nous motiver à faire ces choses vitales.
Nous avons donc besoin du plaisir. En revanche, nous devons apprendre à distinguer une fois pour toutes le plaisir du bonheur. Car, plus vous cherchez du plaisir et moins vous obtenez du bonheur. Attention, je ne dis pas qu'on ne peut pas avoir les deux. Mais c'est un équilibre. Si vous passez votre temps à jouer aux jeux vidéos (plaisir) vous ne pouvez pas être heureux. En revanche, si vous y jouez avec modération vous pouvez à la fois avoir du plaisir et demeurer heureux. Il en va de même avec tous les plaisirs.
Voilà. Et, depuis que j’ai mis les mots sur cette distinction j’ai aussi mis les mots sur l’inverse : la différence entre souffrance et malheur. Il y a une partie du malheur qui ne dépend pas de la souffrance. On peut donc être malheureux, être malheureuse alors même qu’on vit du plaisir.
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