Le "livre" qui liste tous les droits auxquels tu cotises
Suite à mon email d’hier j’ai reçu cette réaction :
“Bonjour !
Super article d'utilité publique car beaucoup ont aujourd'hui oublié ces bases, ou on ne leur a pas appris...
Dommage par contre de ne pas renvoyer vers Franck Lepage et sa conférence gesticulée sur le bulletin de salaire pour une version ludique et pédagogique ou vers Bernard Friot pour une conférence un peu moins accessible (et surtout BEAUCOUP plus longue...).”
Et… je ne sais même pas comment j’ai fait pour oublier de le mettre dans l’email d’hier en effet. Puisque ce n’est même pas comme si c’était un contenu complémentaire : c’est l’endroit où moi-même j’ai appris.
Du coup, pour l’occasion, j’ai regardé à nouveau cette mini-conf sur le bulletin de paie. Ça faisait bien 5 ans que je l’avais pas revue.
Et surtout je te la partage :
Nos fiches de paies sont la trace de nos conquêtes sociales
Si tu veux regarder par toi-même, fais-toi plaisir.
Sinon un bref résumé.
Quelques enseignements de cette conférence
Voici les points qui me marquent le plus
Un Livre d'Une Page Que Tout le Monde Lit à l'Envers
La conférence commence par une métaphore : la fiche de paie est un livre d'une seule page. Livre dont tout le monde lit uniquement la fin.
On s’en fout de tout le reste.
Alors que tout le reste est essentiel.
Mais surtout, la case coût global (dont on parlait hier) n’est même pas toujours présente alors que c’est elle qui représente le salaire complet.
Le salaire complet c’est le salaire direct et le salaire indirect
Ton net c’est ton salaire direct.
Le reste c’est du salaire indirect.
Indirect parce que ce n’est pas toi qui le touche. Pour 100 euros de ton net, on force ton employeur à verser 80 euros à des gens qui ne travaillent plus (parce qu’au chômage, à la retraite ou malade).
Puis quand toi tu ne travailleras plus, tu recevras ce salaire indirect via les autres travailleurs et travailleuses.
C’est intéressant de dire salaire indirect plutôt que cotisation
J’aime bien cette manière de rappeler que ce sont des salaires indirects qu’on paie à d’autres travailleurs et travailleuses
La différence entre cotisation salariale et patronale est-elle valable ?
Hier je te disais que c’était une différence pédagogique, de langage pour différencier par exemple :
Une augmentation des cotisations qui se fait en rognant sur le salaire indirect
et
Une augmentation des cotisations qui se fait en augmentant l’ensemble du salaire global
Les deux intervenants ne sont pas d’accord. Mais l’un des deux se trompe. Celui qui dit que si jamais on passait toutes les cotisations salariales en patronales alors le net augmenterait d’autant.
Pas du tout. C’est le brut qui augmenterait d’autant. Mais pas le net.
Il tombe précisément dans le piège.
La négociation sociale est différente quand le Parti communiste est armé
Hier je te disais qu’on a arraché ce concept au patronat après la seconde guerre mondiale parce que les Gaullistes et les Communistes avaient résisté ensemble.
Mais ce n’est pas que ça. Ou plutôt y’a une conséquence à ça : le Parti communiste est armé.
Et là on parle du vrai Parti Communiste, pas le Parti de Fabien Roussel.
Donc forcément… ça donne un autre rapport de force.
On a donc De Gaulle qui dirige un gouvernement et qui nomme Ambroise Croizat (un communiste) au ministère du travail. C’est Croizat qui va créer le système de sécurité sociale.
D’ailleurs, contrairement à ce que dit la vidéo, le Parti communiste n’est pas à 24% mais à 28% !
Ces élections sont marquées par une victoire sans précédent du Parti communiste : avec 28,3 % des suffrages exprimés, le PCF enregistre le meilleur score de son histoire et emporte 182 sièges, soit près d'un tiers des effectifs de l'Assemblée nationale.
C’est fou parce qu’on en parle peu : les premières élections de la quatrième république ont été remportées par le Parti communiste. Et ça a eu de larges impact sur notre système.
Avant, il n’y avait pas besoin de se justifier pour toucher l’assurance chômage
Ça aussi je trouve ça fou car ça nous paraît désormais normal de ne toucher le chômage que si on prouve qu’on cherche un emploi.
Mais à l’origine ça n’était pas le cas. On considérait que c’était un droit fondamental : j’ai perdu mon job, j’ai le droit à l’assurance perte de job. Point.
Un contenu plus costaud que je n’ai pas encore regardé
La deuxième conférence recommandée dans l’email de l’abonnée qui m’a écrit, en revanche, je ne l’ai jamais regardée, j’en connais que des résumés. Il faut que je m’y mette un de ces quatre :