Le grand paradoxe autoritaire
Tu te rappelles des fans de Trump qui envahissent le Capitole pour contester sa défaite ?
Comme tu l’imagines, les plus grands fans de Trump sont aussi ceux qui font le plus haut score sur l’échelle de l’autoritarisme de droite.
Mais… comment expliquer que des gens qui ont pour valeur le respect de la norme, des lois… aient des comportements si hors-la-loi ?
Comment expliquer que les fans les plus zélés de François Fillon votent pour lui alors qu’il avait lui-même dit qu’il se retirerait s’il était mis en examen : imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen ?
Comment comprendre que non seulement Sarkozy ait gardé un socle de partisans, mais que ce sont bien les plus à droite qui sont les plus fidèles.
La loi n’est pas l’autorité
Pour comprendre le paradoxe il faut comprendre ça : l’autorité est au-dessus de la loi et le leader incarne l’autorité.
Déjà l’autorité peut être non étatique : la religion par exemple. Mais ensuite, c’est bien le leader qui incarne l’autorité.
N’oublie pas qu’ils croient à des affirmations comme :
La seule façon pour notre pays de traverser la crise à venir est de revenir à nos valeurs traditionnelles, de mettre au pouvoir des dirigeants coriaces et de faire taire les fauteurs de troubles qui répandent de mauvaises idées.
Ce leader doit garder le pouvoir.
Encore une fois : le leader est au-dessus de la loi, car il est l’autorité.
Aussi paradoxal que ça puisse paraître, les soumis autoritaires vont désobéir à la loi parce qu’ils sont soumis à l’autorité. C’est bien leur soumission à l’autorité qui les conduit à l’insoumission légale. Ce n’est pas paradoxal quand on comprend que la loi n’est pas l’autorité pour eux.
Plus l’autorité est traditionnelle plus elle est respectée
On l’a dit ça peut être la religion, mais aussi les parents, la police (et là tu comprends pourquoi ils défendent la police même quand elle enfreint la loi).
L’autorité du président va également être reconnu mais uniquement s’il est conservateur.
Ce n’est pas une quête de justice ou de logique
Ça nous paraît absurde… parce que ça l’est. Du moins si on ne comprend pas que le but recherché c’est le maintien d’un statu quo ou le retour à un statu quo antérieur.
Si le leader est capable de maintenir cet ordre social, peu importe les incohérences. Peu importe qu’il se salisse les mains.
Le double standard
Maintenant tu as toutes les briques pour comprendre celle-ci. Les autoritaires sont intransigeants avec les gens qui enfreignent les normes.
Rappelle-toi des trois dimensions de l’autoritarisme de droite :
Traditionnalisme
Soumission à l’autorité
Agressivité autoritaire
C’est leur agressivité autoritaire qui les rends intransigeants avec les déviants. Mais c’est leur soumission à l’autorité qui les rends indulgents avec les fautes du chef.
Le leader peut faire ce qu’il veut tant qu’il le fait au nom de la tradition et de la punition des déviants.
Sarkozy peut faire tous les crimes du monde, tant qu’il promet qu’il s’opposera au mariage homosexuel par exemple.
Les autoritaires peuvent condamner les autres pour un rien (wokistes, étrangers, etc) mais avoir une indulgence envers un comportement grave de l’autorité.
C’est ce qu’a vécu Nixon, le président accusé d’avoir espionné ses opposants politiques. Même quand un enregistrement l’accablant est sorti… il restait environ un quart des américains qui le soutenaient.
C’est ce que vit Trump en ce moment… il a beau avoir des dizaines de chefs d’accusation contre lui… il garde sa base d’environ un quart de l’électorat lui aussi.
Ce sont les personnes qui sont le plus haut sur l’échelle de l’autoritarisme de droite.
Normalement… ça ne doit plus te sembler paradoxal. Même si c’est fou.
La source
Comme d’habitude je suis toujours sur la saga d’Hacking Social :