Le cri des enfants - épisode 8
Si j’avais été papa…
J'ai 20 ans. Je veux un enfant.
Et je n'ai aucun doute sur la question : y'a-t-il la moindre raison de frapper son enfant ?
Ma réponse est : bien sûr ! Y'en a plein !
J'ai quitté la Guadeloupe depuis maintenant 3 ans et j'ai redécouvert mes compatriotes hexagonaux.
Je suis en école de commerce et chaque fois que j'en vois un se noyer dans un verre d’eau, je me dis que vraiment ils ont manqué de coups dans leur enfance.
Ne parlons même pas de l'émission Super Nanny. Je la regarde comme un programme de science fiction. Des enfants qui refusent d'obéir ? Des enfants qui se roulent par terre dans des supermarchés ? Pire encore, un enfant qui dit à sa mère "je vais t'étrangler" ?
Pour moi ça n'est possible que parce qu'ils ont des éducations de blancs. Il suffirait de les taper pour que tout revienne dans l'ordre.
D'ailleurs, je ne suis pas le seul puisqu'il existe des vidéos parodiques "Super Nanny en Afrique" où le programme dure moins de deux minutes, parce que Super Nanny sort une ceinture et fouette l'enfant. Problème réglé.
Je ne dis pas qu'il faut frapper de manière injuste comme moi on m'a frappé pour des notes. Mais dans des cas extrêmes comme celui-ci, ne pas frapper l'enfant c'est lui rendre un mauvais service.
On les fragilise. La preuve : en Guadeloupe je vois beaucoup moins de gens pleurer et déprimer qu'ici.
Alors, quand ma camarade de promo me traite d'enfant battu, je ne peux m'empêcher d'avoir un sourire narquois. Déjà parce que "battu" c'est pas ça. Mais aussi parce que je me dis qu'elle est typiquement le modèle d'une blanche qui a été élevée à la hippie, l'éducation qui rend fragile.
Treize ans plus tard. Je me demande comment j'ai pu penser tout ça.
Treize ans plus tard. Je me demande si j'étais pas mieux quand je pensais tout ça… parce que si jamais les coups ne sont pas nécessaires à l'éducation... à quoi ça a servi que j'en reçoive ?
Treize ans plus tard. Le cycle est brisé.
Treize ans plus tard. Je suis hanté par la question "qui va payer pour ça ?"... mais pire encore... "à quoi ça servait ?".
Treize ans plus tard. Je suis content de ne pas avoir eu d’enfants. Je ne sais pas à quel moment j’aurais compris avec horreur l’erreur de les avoir frappé. Et, malheureusement, ça ne peut pas s’effacer.