Le contenu gratuit est toxique
Il n'existe pas de service ou de produit gratuit.
L'économie c'est la règle de répartition du travail et la distribution de ses fruits.
L'argent est donc une manière de stocker du temps de travail.
Or, notre temps de travail est limité.
Et les travailleurs doivent pouvoir payer leur loyer, leur nourriture, leur transport et leurs loisirs. En tout cas dans une économie capitaliste.
Par conséquent, il n'est pas possible de produire un produit totalement gratuit.
Ce qu'on appelle "gratuit" c'est en vérité plusieurs modèles économiques.
Le modèle de la subvention ou du mécénat
C'est comme ça que se financent certaines associations ou certains contenus. Pour ça, il faut soit de l'argent public (c'est le cas de Pôle Emploi par exemple), soit de l'argent privé de personnes qui donnent spontanément (c'est le cas de Wikipédia).
La stratégie de l'hameçon
Dans ce modèle économique, l'entreprise choisit de te proposer un produit gratuit ou peu cher qui va "t'obliger" à consommer le produit plus cher.
Ce business model repose sur une méthode assez simple: on vous vend un produit à un prix très attractif par rapport à la concurrence (c’est le produit d’appât). Puis, pour l’utiliser, vous devez acheter des accessoires complémentaires sur lesquels l’entreprise fait des marges bien plus importantes (c’est l’hameçon). Ces accessoires sont généralement jetables et ont une durée de vie assez courte, vous obligeant à les acheter à nouveau. La marge est donc faite sur les produits que vous achetez souvent et non pas sur le produit durable.
Par exemple, on t'offre le manche de rasoir, mais on te fait payer très cher les lames (et évidemment seules les lames de la marque sont compatibles).
Ou alors on "t'offre" la console de jeux et on se rattrape avec le montant des jeux. C'est la stratégie de toutes les consoles des années 2000 et 2010.
Tu me diras que toi tu as payé 600€ ta Playstation 3 à sa sortie. Oui, c'est vrai, mais c'est parce qu'elle coûtait 900€ à produire à ce moment (chiffre pris pour l'exemple). Donc c'est "pas cher".
La plateforme financée par une seule partie des utilisateurs
C'est le modèle de la boîte de nuit : gratuit pour les filles, payant pour les garçons. L'idée ici c'est de faire payer le segment de clients le plus abondant.
Ça demande évidemment l'existence d'une asymétrie de la motivation à utiliser le produit. Effectivement, à Paris quand la soirée est gratuite (et sans intervention d'un videur) il y a une majorité de mecs. Mais ce n'était pas le cas quand j'habitais à Poznan en Pologne. C'était souvent gratuit pour tout le monde ou payant pour tout le monde, car il n'y avait pas cette asymétrie.
Ce modèle justifie l'adage que tu as peut-être déjà entendu "si c'est gratuit c'est parce que tu es le produit".
La plateforme financée par la publicité
De loin, le modèle que je déteste le plus. C'est à cause de ce modèle que les médias sont devenus dangereux pour la santé mentale.
"Si jamais je finance mon activité par de la publicité ça veut dire que mes intérêts ne s’alignent plus naturellement avec mes lecteurs. Il y a immédiatement une force de gravité qui va me pousser à faire d’abord plaisir aux publicitaires.
Je suis donc directement en conflit d’intérêt. Or, s’il est possible de gérer correctement un conflit d’intérêt, l’histoire nous apprend que ça finit mal en général. Ironiquement parce que la plupart des gens sous-estiment en toute bonne foi la puissance exercée par un conflit d’intérêt."
En effet, les annonceurs ont intérêt à ce que le contenu soit addictif et angoissant. Parce que la peur aide à vendre. Tu l'as constaté encore une fois avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La publicité détruit la qualité de tout ce qu'elle touche.
Voilà pourquoi tu ne verras jamais de publicité dans l'Atelier.
Le modèle freemium
Le freemium c'est quand une partie des services de base sont gratuits et les autres sont payants.
C'est le cas d'énormément d'applications. Par exemple, Bear, l'application que j'utilise pour noter mes idées de l'Atelier est gratuite pour l'essentiel mais je paie pour avoir la synchronisation entre mes appareils.
Je trouve que c'est le modèle gratuit le plus sain. Car, dans ce cas les utilisateurs qui ne paient pas ne sont pas un produit d'autre chose.
Les utilisateurs qui paient pour les fonctions avancées permettent de faire exister le reste.
Pour que ce modèle soit viable, j'ai appris en école de commerce qu'il fallait un ratio de 10% de personnes qui paient et 90% en gratuit.
Et bah moi sur l'Atelier je suis à ... 3%.
Oui, c'est en partie le modèle que j'ai choisi
L'Atelier est une offre freemium. En effet, les 5 emails de la semaine sont gratuits et ceux du weekend sont payants.
Au moment où je t'écris, 101 personnes sont premium. Ce sont elles qui permettent à l'Atelier d'avoir un revenu minimum même quand je ne sors pas de formation.
Donc, même si ça ne représente "que" 15% des revenus de l'Atelier, c'est super important : il faut voir ça comme le soutien qui me permet de ne pas abandonner quand mon énergie diminue.
Tout le mois de février j'ai eu envie d'arrêter d'écrire parce que c'était trop dur. Je n'avais plus d'emails d'avance donc je devais écrire tous les soirs. Je me retrouvais donc à dire à ma partenaire "je suis désolé, là je dois aller écrire". Surtout que, comme j'étais en baisse de motivation d'écriture, je repoussais le moment jusqu'au pire : celui où on devait aller se coucher.
C'était dur comme faire du sport. Me lever du lit après avoir regardé un film, à une heure du matin, pour aller écrire une heure.
Je te raconte pas ça pour me plaindre : j'ai choisi cette vie et j'en suis content. Mais sans la responsabilité des premiums j'aurais arrêté.
Le fait d'avoir des personnes qui paient chaque mois me permet de persévérer dans les moments de down.
T'es bien gentil, mais bon, c'est du freemium ou du mécénat ?
Tu as raison, si ce n'était que ça ce serait le modèle du mécénat. Mais être premium c'est aussi pour toi. Grâce à l'abonnement premium tu as :
- les emails du weekend
- le droit de commenter les emails de la semaine
- accès aux formations à un tarif préférentiel,
- un accès gratuit à mon livre en version web (dans les archives)
- un accès au groupe Whatsapp
Ce vendredi à 23h59, je remets le prix de l'abonnement premium à 8,99€ le mois et 89,99€ par an.
Si tu veux devenir premium pour 6,99€/mois ou 69,99€ l'année c'est donc le moment.