Ce serait bizarre de te parler de ce que l’Atelier m’a apporté sans te parler d’argent.
L’argent permet de se professionnaliser
Je ne suis pas à 100% d’accord vec l’esprit très américain du passage que je vais te coller. Il dit que faut travailler malade. Non. Par pitié : ne fais pas ça. Mais il touche quand même quelque chose :
Nous sommes tous des pros dans un domaine : notre job. Nous y recevons un salaire. Nous travaillons pour de l'argent. Nous sommes des professionnels.
Maintenant : Existe-t-il des principes que nous pouvons appliquer à nos aspirations artistiques à partir de ce que nous faisons déjà avec succès dans notre vie professionnelle ?
Quelles sont exactement les qualités qui nous définissent en tant que professionnels ?
1) Nous nous présentons tous les jours. Nous le faisons peut-être uniquement parce qu'il le faut, pour éviter d'être renvoyés. Mais nous le faisons. Nous nous présentons tous les jours.
2) Nous nous y rendons quoi qu'il arrive. Dans la maladie comme dans la santé, dans l'enfer comme dans l'eau, nous nous rendons à l'usine en titubant.
Nous le faisons peut-être pour ne pas décevoir nos collègues, ou pour d'autres raisons moins nobles. Mais nous le faisons. Nous nous présentons quoi qu'il arrive.
3) Nous restons au travail toute la journée. Notre esprit peut vagabonder, mais notre corps reste au volant. Nous décrochons le téléphone lorsqu'il sonne, nous assistons le client lorsqu'il nous demande de l'aide. Nous ne rentrons chez nous qu'au coup de sifflet final.
4) Nous nous engageons sur le long terme. L'année prochaine, nous changerons peut-être d'emploi, d'entreprise ou de pays. Mais nous continuerons à travailler. Jusqu'à ce que nous gagnions à la loterie, nous faisons partie de la population active.
5) Les enjeux pour nous sont élevés et réels. Il s'agit de survivre, de nourrir nos familles, d'éduquer nos enfants. Il s'agit de manger.
6) Nous acceptons une rémunération pour notre travail. Nous ne sommes pas là pour nous amuser. Nous travaillons pour l'argent.
7) Nous ne nous identifions pas trop à notre travail. Nous pouvons être fiers de notre travail, nous pouvons rester tard et venir le week-end, mais nous reconnaissons que nous ne sommes pas la description de notre travail.
L'amateur, quant à lui, s'identifie trop à sa vocation, à son aspiration artistique. Il se définit par elle. Il est musicien, peintre, dramaturge. La Résistance aime cela. La Résistance sait que le compositeur amateur n'écrira jamais sa symphonie parce qu'il est trop investi dans son succès et trop terrifié par son échec. L'amateur prend cela tellement au sérieux que cela le paralyse.
8) Nous maîtrisons la technique de notre métier.
9) Nous avons le sens de l'humour à propos de notre travail.
10) Nous recevons des éloges ou des critiques dans le monde réel.
(…)
Pour clarifier un point concernant le professionnalisme : Le professionnel, même s'il accepte de l'argent, fait son travail par amour. Il doit l'aimer. Sinon, il n'y consacrerait pas sa vie de son plein gré.
Le professionnel a toutefois appris que trop d'amour peut être une mauvaise chose. Trop d'amour peut l'étouffer.
Le détachement apparent du professionnel, le caractère froid de son comportement, est un dispositif compensatoire qui l'empêche d'aimer le jeu au point de se figer dans l'action. Jouer pour l'argent, ou adopter l'attitude de celui qui joue pour l'argent, fait baisser la pression.
Rappelez-vous ce que nous avons dit à propos de la peur, de l'amour et de la résistance. Plus vous aimez votre art/vocation/entreprise, plus son accomplissement est important pour l'évolution de votre âme, plus vous le craindrez et plus vous éprouverez de la Résistance face à lui.
Le bénéfice de jouer le jeu pour l'argent n'est pas l'argent (que vous ne verrez peut-être jamais de toute façon, même après être devenu professionnel).
Le bénéfice est que le fait de jouer le jeu pour de l'argent permet d'adopter l'attitude professionnelle appropriée.
Extrait de : The War of Art.
Je le redis : je ne valide pas du tout le côté glorification du travail acharné. En revanche je vis vraiment la partie mise à distance et focus sur les bonnes choses.
Je rappelle, l’argent n’est pas le capital. L’humanité a inventé l’argent il y a des millénaires. Alors que le capitalisme est né il y a 200 ans ou 500 ans selon ce qu’on appelle capitalisme.
Il y avait de l’argent avant le capitalisme, il y en aura après.
Ce que j’aime avec l’argent c’est que, au sein d’un Business Model Sain, il permet d’aligner les intérêts, les motivations…
C’est également une manière d’accorder de la valeur à un travail.
Quand on te demande de travailler gratuitement c’est une absence de respect.
Bien sûr je te parle dans un cadre qui n’est pas celui de tes proches. Même si je te dirais que moi je trouve qu’il faut aussi facturer ses proches, c’est une question différente.
Bref, tu connais mon single. Passons au vif du sujet. Combien l’Atelier gagne par an ?
21 000€ nets par an en en moyenne
Sur les 4 années d’existence de l’Atelier, le revenu est d’environ 150 000€ bruts.
Donc en net ça fait à peu près la moitié. Et divisé par 4 ça fait 21 000€ par an, donc 1 750€/mois.
Sur ce total il y a environ :
92 000€ de formations
24 500€ d’abonnements premium
27 000€ le featuring avec Nina Ramen sur ChatGPT
9 000€ des journées de formation en entreprise
Comme je te l’ai déjà dit, ce sont vraiment les formations qui financent l’Atelier.
Mais pour autant le premium n’est pas négligeable car ça me fait un revenu récurrent qui me permet d’absorber le “choc” les mois où je ne vends aucune formation.
À titre de comparaison, mon revenu en CDI était de 2 800€ nets en 2020, 3300€ en 2021 et 2022, 3500€ en 2023.
Maintenant voyons ce que ça m’a apporté. Car, l’argent ce n’est jamais juste de l’argent. L’argent ce sont des conséquences. Le manque d’argent aussi.
Une épargne de précaution
Je n’ai jamais su comment on faisait pour épargner. Je vivais donc à l’euro près. Avec quasiment aucune économie.
Je n’étais pas à plaindre. Comme tu constates j’ai un salaire de cadre parisien. Mais je n’avais pas de patrimoine.
Je ne peux même pas te dire que ça me stressait. Je me rappelle d’une discussion avec mon amie Mélissa où tous les deux on disait :
- Hey mais pourquoi les gens économisent ?
- J’sais pas. Tu sais, toi ?
- Aucune idée ? On emporte pas l’argent dans la tombe
- Bah c’est clair
Bon… aujourd’hui je ne dirais plus ça. Grâce au revenu complémentaire de l’Atelier j’ai pu me créer une épargne de précaution. Et ça sert pour les coups durs.
Tu sais, les coups durs typiques de la trentaine.
Épargner c’est un service qu’on rend à son soi du futur. Un arbitrage. Bien sûr, trop économiser n’a pas de sens car on diminue sa qualité de vie présente.
Mais, quand on peut se le permettre (certaines personnes sont tout simplement trop étouffées par le coût de la vie pour le faire) c’est un vrai confort.
Une vraie sérénité.
Ne pas économiser ne me stressait pas directement. En revanche je stressais souvent en me disant mais si mon CDI s’arrête je fais quoi ?
Le fait d’avoir 3-4 mois de salaire d’avance sur un livret A apporte une vraie force.
D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le moment où j’ai été le plus proche de poser ma démission de mon CDI c’était à l’été 2020. J’avais lancé l’Atelier au début de l’année et je voyais que je pouvais générer un revenu béquille.
L’argent résout des soucis
Les gens qui te disent que l’argent ne fait pas le bonheur oublie de te dire qu’il sauve de grosses galères.
Par exemple, j’ai été bien content d’avoir l’argent de l’Atelier pour encaisser la crise des punaises de lit. Parfois quand c’était trop dur, j’allais juste à l’hôtel.
Alors… 1750€ d’argent de poche ça suffit pas à aller tous les jours à l’hôtel. Mais ça aide à le faire 3 ou 4 fois dans le mois pour trouver refuge.
Sans compter :
les frais que j’ai dû avancer avant le remboursement par le propriétaire.
les traitements qui auraient dû être remboursés par mon assurance mais j’avais pas la force de surmonter ma phobie administrative pour activer le remboursement.
Donc heureusement que je pouvais juste dire ok je prends de l’argent de l’atelier et on verra.
Note : l’Atelier est sous le statut EIRL, ce qui veut dire que je peux me verser de l’argent sans formalité. Je rappelle que c’est interdit si tu as une SAS par exemple, ce serait ce qu’on appelle de l’abus de bien social.
Idem, je suis passé par une dépression profonde cet été. Et ce qui m’aidait à tenir c’était de faire un escape game dans la journée. Parce que ça me motivait assez pour prendre une douche et me réveiller avant 16 heures. Sauf qu’un Escape Game à 2, c’est genre 110€.
Donc là encore… même avec mon salaire confortable de CDI je ne pourrais pas me permettre de faire 7 Escape en 15 jours. Donc c’était l’Argent de l’Atelier.
L’argent permet de se concentrer sur les bons chiffres
J’étais grave content que mon blog Dessine Toi un Emploi atteigne le million de vues cumulées avant sa disparition. J’étais content d’avoir 5 000 abonné·es sur Twitter.
Mais tu sais quoi ?
Ce sont des vanity metrics.
Ces chiffres ne servent que l’ego.
D’ailleurs beaucoup de choses sont des vanity success.
Par exemple, je me rappelle Dessine Toi un Emploi personne ne m’a jamais envoyé hey ça fait 6 mois que tu écris deux articles par semaine, bravo !
En revanche un jour je suis passé à la Radio…
Et là, j’ai eu des messages de félicitations de partout.
Pareil quand j’ai été cité dans la presse écrite.
Mais tout ça… ne m’a servi à rien.
C’est quelque chose de dur à expliquer aux personnes qui n’ont jamais créé de contenu ou d’entreprise : ce décalage entre les bravos des gens et ce qui compte vraiment.
Or, on a vite fait de s’y perdre soi-même.
Combien de YouTubeurs travaillent de manière acharnée pour avoir des vues mais pas d’euros ?
Introduire l’argent dans l’équation permet de se concentrer sur les bonnes choses.
Par exemple quand quelqu’un m’écrit ça :
Bonjour Nicolas,
Abonné depuis le tout début à ta newsletter, je viens de me désabonner.
Ce que j'ai apprécié pendant longtemps était la qualité de ce que tu envoyais : tu parlais de livres intéressants, d'articles divers, de sujets de société, des dessins, etc
Puis petit à petit l'atelier n'est devenu qu'une machine à placer des formations. Les articles sont en réalité des teasers pour des formations, on y apprend plus grand chose de neuf. Plus que 3 jours pour profiter de mon offre exceptionnelle ! Bref des mails publicitaires comme on en reçoit tant.
Ceci n'est pas un reproche, c'est normal d'avoir envie de gagner de l'argent avec son travail. C'est plus pour te donner mon ressenti, car peut-être vois tu des gens se désabonner et tu te demandes pourquoi.
Bonne continuation à toi,
À une époque ça m’aurait paniqué. À l’époque Dessine Toi un Emploi j’avais reçu un message similaire. Parce que j’avais dit que je préparais un livre Dessine Toi un Emploi pour monétiser. J’avais reçu des emails de lecteurs qui me disaient que c’était une trahison etc etc. Et… ce serait exagéré de dire que c’est pour ça que je n’ai jamais fini ce livre, mais ça a fait partie des choses qui ont tué mon énergie à le faire.
Alors que là… je t’assure que ça m’a pas empêché de faire encore plus de promos pour les formations.
Je ne dis pas que j’étais en mode Rihanna “Who cares how you haters feel, I still got more money” mais ça ne m’a pas mis un coup d’arrêt alors qu’avant ça aurait été le cas.
Je préfère désormais largement avoir 1000 personnes qui m’achètent des formations que 100 000 qui refusent l’idée même que je vende un truc.
Et… au final… qu’est-ce qui est plus sain dans ma vie ? Avoir fait un blog avec 1 million de vues que je n’ai pas protégé du hacking et que je n’ai pas eu la force de récupérer ? Un blog où je me suis pris des insultes et où j’ai dépensé quasiment 10 000€ et où j’ai vendu 0€ ?
Ou l’Atelier où j’ai fait des formations concrètes ? Qui non seulement ont apporté de l’argent (et l’argent ça change la vie) mais également qui sont des oeuvres finies.
Contrairement au livre Dessine Toi un Emploi que j’aurais dû faire. Ainsi que la formation du même nom que j’aurais dû faire.
Attention, je ne suis pas en train de te faire l’apologie de quand on veut on peut. Loin de là. J’ai une position privilégiée, comme tu l’as vu au début, je n’avais aucune excuse pour ne pas écrire. Aucune.
Mais ce serait indécent de dire aux autres t’as vu il suffit de.
Non, il suffit pas de. Ça dépend d’où tu en es.
Ici ce que je veux dire c’est que l’argent m’a permis de débloquer une énergie que je ne me connaissais pas. Avant je m’épuisais en écrivant, à force.
Mais c’est sûr que ça change tout quand on se dit que chaque email rapporte de l’argent.
D’ailleurs, je viens de faire un calcul que je n’avais jamais fait. Ça rapporte combien un email en moyenne ?
Si on fait 160 000€/1628 emails écrits…. ça donne 98€ par email, donc grosso modo 100€ par email. Donc 50€ nets.
En vrai je n’avais jamais fait le calcul explicite. C’est sûr que ça motive un peu de se dire ok là j’ai pas envie d’écrire mais un email c’est 50€.
Bien sûr le calcul est un poil extrapolé puisqu’en réalité ce sont plutôt les emails de vente des formations qui rapportent. Si j’écris que des emails et que je vends aucune formation alors l’Atelier n’aurait que les revenus des abonnements. Mais même ! Ça fait 7€ par email. C’est moins impressionnant, mais c’est pas rien non plus.
Bref, l’Atelier m’a apporté un revenu que je trouve sain. Je ne te pollue pas de publicité, je ne me force pas à écrire sur des sujets que je n’aime plus, on est à peu près aligné·es.