Cette semaine, on revient dans la lignée des emails de vacances, donc qui ne me demandent pas plus de 5 minutes à faire. Et je te propose de simplement t’envoyer des petits extraits des livres que je lis cet été.
On commence avec :
La vie en noir : comment vivre dans une société blanche
J'ai évoqué dans le chapitre 1 les risques qui continuent d'exister à dénoncer le racisme et les dynamiques que cela met en marche. Ces risques existent aussi dans le domaine de la santé mentale. L'ignorance des Blancs y est pour beaucoup. Et chose troublante, au cours de mes travaux cliniques et de mes recherches, j'ai pu constater cette même volonté de réduire au silence les patients noirs qui essayaient de parler de racisme au cours de leur psychothérapie. Sans surprise, la voix des Noirs et leurs expériences étaient pratiquement inexistantes dans la littérature et la recherche en psychologie et psychothérapie. La difficulté que rencontrent les professionnels de la santé mentale et de la psychologie à traiter du racisme est en revanche très bien documentée.
Par ce manquement, la psychologie et, plus largement, les services de santé pourraient être accusés, au mieux de complicité dans la reproduction de cette conspiration du silence, au pire de favoriser la souffrance psychologique et la retraumatisation. Cette méconnaissance du rôle central du racisme dans l'expérience de la détresse psychologique chez les Noirs a de graves conséquences, dont, et non des moindres, la normalisation des abus de pouvoir dans la société, et donc le maintien de la suprématie blanche.
Elle contribue également à la méfiance, aux préjugés et à la peur des services de santé mentale. Elle alimente les inégalités dans le système de santé mentale.
Ne pas traiter le traumatisme racial et le racisme rend la psychologie et la psychothérapie vulnérables aux accusations de racisme institutionnel. Et le racisme institutionnel n'est pas simplement une question «d'incompétence culturelle», il pérennise aussi la tolérance de pratiques déshumanisantes et l'échec systémique de lutter contre des schémas de soin racialement discriminatoires.
Totalement mon vécu. Notamment la notion de retraumatisation. Je suis sorti de mon expérience de la psychothérapie en pire état que j’en suis rentré. Ça n’a fait qu’alimenter mon désespoir de : je ne dois JAMAIS laisser une personne non-noire avoir tant de pouvoir sur moi même dans ce cadre car elle finira par mobiliser la suprématie blanche contre moi.
Mais un jour il faudrait que je prenne le temps pour parler du triptyque : policier - prof - psy comme trio de perpétuation de l’ordre racial et de pourquoi on commence à le comprendre pour la Police, mais pas pour l’école ou la psychologie.
Je me rappelle, quand Nahel est mort, des gens qui s’offusquaient parce que les émeutiers s’en prenaient à des écoles. Comme si ces derniers étaient bêtes et ne le faisaient pas précisément parce que les écoles sont le bras de la reproduction raciale.