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Comme je te l’ai promis hier, voici une chronique écrite par un des personnages. Comme tu t’en doutais c’est “mon amie” (j’en peux plus de l’appeler comme ça). Elle raconte comment elle a vécu le séjour de son côté.
C’est parti. Pour des soucis de compréhension, j’ai enlevé tous les passages qu’elle avait mis en italique. Quand y’aura de l’italique ce sera forcément pour indiquer que c’est moi qui écris.
Maaaa vie c'est le Truman Show
Genre là, c’est moi qui écris… juste pour te dire que cette phrase est à lire sur l’air de Journal Perso II de Vald.
Ça fait trois semaine que je lis le journal extime de MES vacances dans les chroniques.
Et pourtant…JE n'en suis pas l'héroïne puisque c'est Nicolas qui raconte.
C'est assez jouissif de devenir un personnage mais aussi assez frustrant : selon les jours , je voudrais corriger, préciser, ou carrément raconter autre chose.
Ça me fait penser à une punchline de Booba que j'adore (oui j'ai été à bonne école) :
Les vainqueurs l'écrivent, les vaincus racontent l'histoire
Alors bien entendu, lui, il le dit dans un contexte sérieux . Mais mine de rien ça fait réfléchir sur ce que c'est de raconter une histoire. Il s'agit toujours d'un choix, d'un regard, d'un point de vue.
Le fruit à pain, les quenettes et Baudelaire
Nicolas m'avait prévenue : ça serait un voyage gas-tro-no-mique !
J'ai goûté des abricots pays, des cerises pays, des fruits à pain, des quenettes, des kassavs, des tourments d'amour, du chatrou, du chocolat martiniquais et tellement d'autres trucs. (Pas la pomme cannelle, Cyril, malédiction !)
Je vous l’avais dit : toute pomme cannelle qui rentre dans la maison est, à la fin, mangée par ma mère. C’est une sorte de triangle des Bermudes, une loi de la physique à respecter.
Alors déjà, ça a permis de rappeler à la bonne citadine que je suis, que les fruits ne poussent pas au super U. Ils sont vraiment dans les arbres.
Je le savais hein mais le voir permet de vraiment s'en rendre compte et de stimuler un peu ma conscience écologique.
Mais, au-delà de ça, j'ai été émerveillée face à mon propre émerveillement.
J'ai 32 ans et j'ai eu dans mes mains au moins 5 fruits que je n'avais jamais VUS ! Je ne savais pas comment les couper ni comment les manger. Pour certains, je ne savais même pas qu'ils étaient comestibles.
À qui ça arrive encore ça ? À la limite, on découvre encore parfois que deux saveurs mises ensemble s'accordent bien mais sinon, depuis que j'ai quinze ans, je ne goûte plus rien de nouveau.
Du coup, je me suis sentie très chanceuse. Un peu comme quand je regarde mes élèves découvrir un livre incroyable : je me dis qu'ils ont de la chance de vivre cette première lecture. J'ai beau adorer Baudelaire ou Despentes, j'aurai plus jamais ce plaisir de la première fois.
Entre deux eaux
Y'a l'eau paradisiaque, turquoise ou transparente et y'a celle qui ne coule pas dans les robinets ou qui empoisonne.
Y'a le soleil qu'on regarde se coucher sur l'océan et y'a celui qu'on distingue à peine, caché derrière la brume de sable.
Y'a l'odeur de fritures des bokits qui titille les narines et y'a celle des Sargasses qui donne la nausée …
Y'a les yachts de St François et y'a les tours insalubres de pointe à Pitre ...
Y'a la touriste mille fois conquise et y'a la citoyenne en colère …
Kontan vwè zòt (Bienvenue en créole, selon l’aéroport)
On est à la soirée jeux de société.
Je ne sais pas à quel moment je m'aperçois que je suis la seule à ne pas être antillaise. Mais je me souviens m'être dit que l'oppresseur·euse ne peut jamais se sentir vraiment en minorité ou du moins il ou elle ne peut pas se sentir en insécurité mentale.
Je suis la seule blanche, et je ne me sens pas en terrain hostile comme ça peut parfois être le cas quand - en tant que femme- je ne suis qu'avec des hommes. Probablement parce que là, c'est moi l'oppresseuse.
Et puis il faut dire que - je sais pas si c'est lié à l'entourage de Nicolas ou si c'est lié à la culture antillaise - (oui moi c'est pas le point virgule, c'est les tirets que je sais pas utiliser) mais je suis particulièrement bien accueillie.
Pendant la soirée, on s'échauffe, on s'écrie, on est tous pris dans le jeu. Et forcement, dans l'émotion, les gens se mettent à parler créole. Je ne comprends pas mais ce n'est absolument pas un souci puisque à aucun moment cela ne m'empêche de jouer. Et pourtant à CHAQUE FOIS que quelqu'un a parlé créole, il ou elle s'est repris et s'est mis à me traduire. J'ai trouvé l'attention vraiment touchante.
Et ce n'est qu'un exemple. J'en ai mille autres : Cyril m'a offert des fruits pour me faire goûter, Béatrice (la mère de Nicolas) a été une hôtesse incroyable et n'a pas cessé de faire en sorte que je me sente un peu chez moi chez elle, Mélissa a été une guide parfaite et a pris le temps de m'expliquer des tas de trucs, Lindsay a ramené des kassav… et je suis même tombée amie de Laura, la soeur de Nicolas (oui c'est comme tomber amoureuse mais en amitié… et en l'occurrence, ici, de manière trop avortée pour être confirmée).
Bref.
J'ai pris une vraie leçon d'hospitalité
(Saint) Nicolas
Et puis y'a Nicolas.
Est-ce qu'on connait vraiment une personne tant qu'on n'a pas voyagé avec ? ( La réponse est oui mais seulement si tu as vécu le confinement avec) (le confinement 1 bien sûr)
Voici mes découvertes / mes éblouissements :
Les larmes de Nicolas en voyant sa soeur en robe de mariée
Nicolas blotti - de son plein gré !!! - dans le canapé de son oncle pour prendre des nouvelles
La chambre d'ado de Nicolas avec les vieilles encyclopédies et les photos vieillies
Nicolas en feu sur la piste de danse (quand je dis en feu c'est en feu genre vous pouvez pas imaginer)
La nostalgie de Nicolas sur le stade de son lycée quand il me raconte ses meilleurs arrêts en tant que gardien (Lloris n'a qu'à bien se tenir… oui je sais Nicolas c'était du handball mais je connais aucun handballeur)
Nicolas qui mange son poids en sucre chaque jour (et en poisson aussi)
Nicolas qui se laisse amadouer par les vendeuses qui disent "chéri doudou"
Nicolas qui se plie en 4 pour m'organiser le meilleur des séjours (toujours avec le moins de stress possible…et je suis pas facile à gérer)
Alors merci Nicolas ! C'était vraiment incroyable.
Je vous souhaite à tous de trouver votre Nicolas pour vous balader dans les meilleurs spots.
Ce Nicolas capable de créer un planning dans son téléphone pour n'oublier aucune visite mais aussi capable de poser ses fesses sur le sable sans ronchonner quand vous vous apercevez que vous avez oublié les serviettes, le sac et la crème pour votre journée plage... et qu'en plus il se met à pleuvoir !
(Maman : toi qui étais fière de dire que tu savais qui était "l'amie" des chroniques, j'imagine même pas ce que tu ressens maintenant que je les rédige ! )
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La surprise promise
C'est super d'avoir un deuxième facette de l'histoire !
2ème meilleur épisode des chroniques, merciii