La solution géniale du Danemark contre l'inégalité scolaire [Best of]
En explorant ce sujet de la méritocratie je suis tombé sur le modèle Danois. J’ai trouvé ça dingue tellement c’est le modèle qu’on croit être. Je pense que les Danois nous regardent comme nous on regarde les américains.
Comment financer les études ?
Étudier n’est pas gratuit. Quelqu’un doit payer les profs. Quelqu’un doit financer les besoins primaires de la personne qui étudie.
Si bien que même dans un modèle où on dit que les études sont gratuites, il y a des gens qui ne peuvent pas se permettre.
Tout le monde ne peut pas quitter chez ses parents et aller à l’université.
On observe 3 modèles principaux pour assurer ce financement.
Les 3 modèles : marché, famille, état
On a d’abord le modèle du marché. C’est le cas des USA et du UK : vous allez voir une banque qui vous prête de l’argent pour étudier.
C’est d’ailleurs le cas en France pour les écoles de commerce. Mon école avait un partenariat avec la Société Générale. Le deal c’était qu’elle nous avançait les frais de scolarité et ensuite on commençait à les rembourser uniquement à la sortie d’école.
C’est un modèle très violent qu’on voit dans les séries américaines. Mais, dans les systèmes où c’est assumé il y a également énormément de bourses pour compenser.
Voilà comment les USA arrivent à avoir un système scolaire qui fait jeu égal avec celui de la France en termes d’égalité scolaire (pas parce qu’ils sont bons mais parce qu’on est aussi mauvais qu’eux).
Ensuite on a le modèle de la famille. C’est le cas dans l’Europe du Sud. En Espagne par exemple.
En Espagne, l'âge moyen de décohabitation, c'est 28 ans. À 28 ans, il y a encore la moitié des jeunes Espagnols qui habitent chez leurs parents. Parce que devenir adulte, c'est accumuler assez de ressources pour pouvoir quitter ses parents, aller habiter dans son logement et quasiment se marier et faire des enfants, si je caricature.
Enfin on a le modèle où c’est l’état qui prend la charge. C’est le cas du Danemark avec sa solution que j’adore.
La solution Danoise
Au Danemark, quand vous avez 18 ans, s'ouvrent à vous ce qu'on appelle des bons mensuels de formation. (…)
Soixante mois, ça fait cinq ans. Donc tout jeune Danois qui arrive à l'âge de 18 ans ou à l'équivalent du baccalauréat se voit ouvrir un droit à cinq ans d'études payées.
Et attention, on ne parle pas du niveau des Bourses françaises puisque c'est 800 € par mois. Et on peut cumuler ces 800 € mensuels avec près de 200 € d'allocation logement, si on a décohabité de chez les parents. Que votre père soit chaudronnier, chômeur, avocat, enseignant, peu importe, on considère que c'est un droit qui s'ouvre aux citoyens qui devient adulte.
C'est accordé de manière universelle.
Ce système a un avantage, c'est qu'il assouplit considérablement la transition entre le marché du travail et l'emploi.
Puisque vous avez des étudiants au Danemark qui vont faire deux ans d'études puis qui vont dire “Bon, ras le bol, les études, c'est pas concret, y'en a marre, etc. J'ai envie d'aller gagner plus d'argent, je vais aller travailler.”
Ils vont travailler, puis ils travaillent deux ans. Puis au bout de deux ans, ils se disent « Finalement, c'est un peu pénible, je gagne pas si bien ma vie que ça. Je me rends compte qu'avec mon bac+2 ou l'équivalent du bac+2, c'est pas terrible. Je retourne à l'université, il me reste trois ans. »Et donc on a des périodes de transition qui sont beaucoup plus douces et en tout cas, dans le début de la carrière, des vraies secondes chances, des vraies troisième chance.
Un jeune qui, à 14 ans, décroche parce que sa mère boit, parce que son père meurt ou parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut faire, eh bien, il se voit ouvrir véritablement une seconde chance beaucoup plus systématiquement que dans d'autres pays. Ça, c'est le choix qu'ont fait les pays du Nord.
MAIS VOILA.
Pourquoi on fait pas ça ?
France : le modèle hybride
Au lieu de ça, la France a un modèle qui mélange les 3.
En France, on a un modèle un peu hybride, il y a un peu d'État, il y a quelques bourses pour les étudiants, il y a quelques allocations logement, il y a un peu de marché du travail. Si vous faites des études qui sont jugées rentables, on va vous prêter un peu d'argent. Pas de la sociologie, mais si vous faites des études d'avocat d'affaires, on va vous prêter un petit peu d'argent.
Il y a du marché du travail. Moi, dans mon université de banlieue à Paris 8, on a 60% des étudiants qui travaillent plus de 15 heures par semaine, etc.
Mais il y a surtout beaucoup de famille, mais beaucoup de famille pas assumée par la société. Quelqu'un qui, à 25 ans est encore chez ses parents, on va dire que c'est un Tanguy, etc. Ce qui est très intéressant, c'est de voir que là- dedans, l'école vient rigidifier encore plus notre système, parce qu'elle est très élitiste et qu'elle fige les inégalités.
Mais le fait de ne pas prendre en charge cet âge fragile gde la vie qui est l'accès à l'âge adulte de manière publique et le laisser reposer sur les épaules de la famille, ça contribue aussi à la reproduction des inégalités. Je voulais juste dire et terminer là- dessus parce qu'on a beaucoup critiqué l'école à juste titre, mais ce n'est pas le seul élément du puzzle à prendre en compte
Venez on fait comme le Danemark
Je l’ai déjà dit, mais vraiment j’hallucine tellement je ne comprends pas pourquoi on a pas ce système chez nous.
Source
Toujours cette conf :