La réponse la plus précise est-elle la meilleure ?
Dans sa formation sur la pédagogie Laurent Breillat imagine un prof qui interroge deux élèves pour illustrer la différence entre information et savoir.
J'ai librement réadapté son exemple avec un autre événement historique. Le voici :
Imagine un prof et deux étudiants.
Le prof : Quelle est la date du discours "I Have a Dream" de Martin Luther King ?
Étudiant 1 : 28 août 1963
Étudiant 2 : Vers le début des années 1960, entre 1962 et 1964
Si jamais on s'arrête là on peut se dire que l'étudiant 1 mérite une meilleure note que l'étudiant 2. Il a manifestement une connaissance plus fine et précise de l'histoire.
Mais... l’histoire continue :
Le professeur : Comment le savez-vous ?
Étudiant 1 : Je l'ai appris par cœur.
Étudiant 2 : Parce que je sais que les années 1960 étaient une période de contestation sociale et de protestation contre la ségrégation et l'injustice raciale aux États-Unis. Le mouvement des droits civiques était à son apogée à cette époque. De plus, la Loi sur les droits civils, qui a interdit la discrimination raciale, a été promulguée en 1964, peu de temps après le discours de King. Il est donc logique que son discours ait eu lieu peu avant, donc au début des années 1960.
Et d'un coup on voit que c'est bien l'élève 2 qui a une compréhension plus profonde de l'histoire.
Parfois, nous sommes tellement concentré·es sur le fait d'avoir la bonne note à l'examen qu'on oublie que le but c'est plutôt d'être l'étudiant 2.
C'est d'ailleurs une des choses qui m'a le plus marqué positivement pendant mes deux années de prépa : l'obsession des profs contre le par coeur. Même sur les choses les plus anodines ils et elles nous obligeaient à être toujours capable de reconstruire la connaissance.