On continue dans la lancée des emails de vacances. Donc des emails qui me prennent moins de 5 minutes.
Je me suis dit que cette semaine j’allais vous faire (re)découvrir mon article sur la démocratie. C’est un des tous premiers que j’ai écrit. On est en janvier 2016 et quasiment rien n’a changé depuis.
Pourquoi la France n’est pas (et n’a jamais été) une démocratie ?
La première fois que l’on m’a dit que la France n’était pas une démocratie j’ai trouvé ça complètement ridicule. Et pourtant, c’est quelque chose qui est tellement évident que j’ai du mal aujourd’hui à comprendre comment j’ai pu mettre autant de temps à l’apprendre.
Avant de commencer, balayons la confusion la plus répandue : la démocratie ce n’est pas l’état de droit ou l’habeas corpus. Ce n’est pas parce que vous avez la liberté d’expression que vous êtes forcément en démocratie. Un dictateur peut être bienveillant.
Les pères fondateurs vomissaient la démocratie
Rappelez-vous à l’école on vous enseignait la démocratie athénienne. On vous disait ensuite que la démocratie avait connu une pause d’un millénaire avant de revenir par la révolution française.
Il n’y a rien de plus faux. Les pères fondateurs de la révolution vomissaient la démocratie. Leur but était justement de trouver une voie alternative à la tyrannie ET à la démocratie.
Si vous relisez les débats de l’époque vous verrez que le terme «démocrate» est à chaque fois utilisé comme une insulte. Pour ridiculiser son adversaire. Et le concept de démocratie fait à peu près l’unanimité contre lui. Voici une des citations les plus connues d’un des fondateurs (l’Abbé Sieyes):
« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
Rousseau, l’un des esprits fécondateurs de la révolution disait :
« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté ne se représente point ; elle est la même ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que des commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le Peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. »
Et à Voltaire de contester :
“Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne.
La révolution américaine prenait le même ton (Thomas Jefferson puis John Adams) :
“ Il y a une aristocratie naturelle, fondée sur le talent et la vertu, qui semble destinée au gouvernement des sociétés, et de toutes les formes politiques, la meilleure est celle qui pourvoit le plus efficacement à la pureté du triage de ces aristocrates naturels et à leur introduction dans le gouvernement”
“ L’idée que le peuple est le meilleur gardien de sa liberté n’est pas vraie. Il est le pire envisageable, il n’est pas un gardien du tout. Il ne peut ni agir, ni juger, ni penser, ni vouloir ”
Le modèle de la révolution française ce n’est pas la démocratie d’Athènes, c’est la République de Rome.
Et l’objectif n’est pas d’instaurer une démocratie mais bien un régime représentatif, une République. D’ailleurs, dans la Constitution de 1958, le mot République apparaît 70 fois (et toujours avec la majuscule) alors que les mots démocratie et démocratique n’apparaissent que 3 fois (et toujours en minuscule) !
L’élection est un concept fondamentalement anti-démocratique
RDV demain pour la suite