Je ne voulais pas l’accepter. J’ai longtemps refusé de travailler la forme de mes conflits. J’ai même dit à ma soeur je m’en fiche, je m’entoure de gens qui peuvent encaisser la brutalité, et ne se formalisent pas sur la forme.
Une partie de moi avait peur de tomber dans l’excès inverse : prendre tellement de pincettes qu’on se tait ou que le message devient illisible.
J’ai fait une erreur de débutant
Quand j’y repense, je me dis que c’est fou car sur tous les sujets que j’enseigne j’insiste sur l’équilibre entre fond et forme. Par exemple, j’arrête pas de dire qu’un·e bon·ne prof doit apprendre à maîtriser la forme. Que débiter un bon contenu de manière ennuyante est totalement inefficace.
Pareil en ce qui concerne le fait de mettre son travail en valeur. Je m’époumone à répéter qu’il faut prendre le temps de communiquer sur ce qu’on fait. Qu’on ne peut pas se contenter de se dire que si on travaille bien, les gens le verront.
Pourquoi les gens ont autant de mal à le comprendre ? Parce qu’ils s’imaginent devenir un escroc qui ne fait que ça. On a tous et toutes en tête des personnes qui passent leur temps à faire de la politique en entreprise, mais ne font rien d’autre.
Pourtant on peut faire les deux.
Et bien j’ai fait cette même erreur : me concentrer uniquement sur le fond des conflits.
Je maintiens que le fond est plus important que la forme. Mais ça ne veut pas dire que la forme ne compte pas. Si le fond compte pour 70% et la forme pour 30%… et bien même en faisant une forme parfaite il me manque un gros bout.
C’est vrai qu’entre les deux il vaut mieux dire sans la forme que ne rien dire. Mais on peut aussi faire les deux.
D’autant plus que l’importance de la forme est exacerbée quand on veut exprimer un sentiment.
Tu sais, c’est la fameuse étude qu’on cite très mal des 93% de communication qui passent par le non-verbal. Ça n’est vrai que si et seulement si il s’agit d’exprimer un sentiment. Ça n’est pas vrai dans la vie de tous les jours.
Mais le fait est qu’un conflit implique forcément des expressions de sentiment.
La différence de perception est hallucinante
Voilà un exemple tiré de Cessez d’être gentil, soyez vrai.
Imagine un enfant qui rentre de l’école. Il pleut dehors, le bus était en retard. Il balance son anorak sur le canapé. Il enlève ses chaussures un peu vite. Et un de ses parents lui dit :
Tu laisses toujours traîner tes chaussures dans l’escalier, tu as encore jeté ton anorak sur le canapé et largué ton cartable au milieu du salon ! Comme si tu étais seul dans cette maison. Je veux que tu ailles ranger tout ça, sur le champ.
Ce ne sera pas perçu pareil qu’en disant :
Quand je vois tes chaussures sur l’escalier, ton anorak sur le canapé et le cartable sur le tapis du salon, je me sens triste et découragé·e parce que j’ai pris soin de mettre de l’ordre dans la maison et que j’ai besoin de respect pour le travail que je fais et de collaboration pour la propreté de la maison. Je voudrais savoir si tu serais d’accord pour ranger tes affaires maintenant ?
Personnellement, je ne vois aucune différence entre les deux manières de dire : c’est exactement le même message pour moi. Quand je le dis en tout cas. Quand je le reçois je pense que, comme tout le monde, je préfère la deuxième version.
C’est hyper important de réaliser que les premières secondes d’une communication comptent énormément. En commençant mal on va braquer l’autre personne. En disant tu laisses toujours traîner tes chaussures on suscite en l’autre l’envie de riposter c’est pas vrai, hier je l’ai pas fait, avant-hier non plus. Ça devient alors un ping-pong de sourds. La personne qui frappera le plus fort se fera entendre.
Alors qu’à l’origine, une seule personne était gênée : le parent.
La deuxième formulation permet de ne pas contaminer l’autre du sentiment dont nous sommes responsables. On accepte d’étiqueter et de présenter le sentiment mais on ne le laisse pas dicter notre conduite pour autant.
J’ai essayé et les réactions ont brutalement changé
Comme je te l’ai dit, je débute en la matière parce que je refusais de travailler sur ce point. Je savais que je n’avais pas trop de problème à rentrer en conflit. Mais, je le fais en créant des dommages collatéraux.
En changeant ma formulation pour respecter le modèle en 4 étapes présenté dans le livre, j’ai observé des différences dingues. Alors que j’étais sur le point de crier une énième fois, je me suis arrêté et j’ai essayé de reformuler en suivant les étapes. Ça a donné :
“Je n’ai quasiment plus travaillé sur l’Atelier pendant nos temps libres depuis trois mois. Ça me rend triste que ça soit pas du tout célébré et que la critique devienne « t’es dans une corvée » alors que justement je déploie beaucoup d’énergie pour protéger ce temps. J’ai besoin d’être rassuré sur le fait que je suis bien en train de progresser et que ça se voit. Qu’on se le dise de temps en temps.”
Et, d’un coup, le cycle de la violence s’est enrayé. À ma grande surprise.
Quel est ce modèle en 4 étapes ?
Il s’agit du modèle OSBD : Observation, Sentiment, Besoin, Demande.
Si on décortique le premier exemple ça donne ça :
Observation : Quand je vois tes chaussures sur l’escalier, ton anorak sur le canapé et le cartable sur le tapis du salon,
Sentiment : je me sens triste et découragé·e parce que j’ai pris soin de mettre de l’ordre dans la maison
Besoin : et que j’ai besoin de respect pour le travail que je fais et de collaboration pour la propreté de la maison.
Demande : Je voudrais savoir si tu serais d’accord pour ranger tes affaires maintenant ?
Ça demande une gymnastique mais les étapes sont simples et compréhensibles. Le plus dur étant de réussir à se rappeler de le faire quand la colère nous submerge…
… ça je n’y arrive pas encore bien.
Ce qui est hyper important c’est que ça ne te demande pas de changer de personnalité. Si tu as du mal à rentrer en conflit, tu ne vas pas subitement devenir une tête brûlée. Si tu as du mal à canaliser ta colère, tu ne vas pas subitement devoir devenir un moine.
Au final, il s’agit juste de respecter les 4 étapes simples.
Bien sûr, il faut comprendre pourquoi ces étapes sont dans cet ordre et quels sont les pièges à éviter. Sinon ça ne deviendra jamais un instinct naturel. Si tu dois à chaque fois conscientiser le truc, ce n’est pas durable. La différence entre apprendre par coeur à quelle vitesse changer les vitesses d’une voiture et comprendre pourquoi il faut changer les vitesses et le déduire au bruit du moteur.
C’est là que je peux t’aider. J’ai créé une nouvelle formation. Elle s’appelle :
Le conflit n’est pas une mauvaise chose. Comment ne plus avoir peur de se disputer correctement.
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