La fessée était autorisée en 2018
Par définition, les personnes qui ont réagi vocalement à ma série Le cri des enfants sont celles qui sont contre le fait de frapper les enfants.
Mais du coup, on a tendance à surestimer leur nombre. J’ai été surpris de voir que la fessée n’avait été interdite que récemment, en 2019.
Pire encore :
Plus de 8 français sur 10 assurent avoir recours à la fessée, selon la Fondation pour l’enfance.
Selon une étude de l’Observatoire du secteur concerné, 85% des parents reconnaissent avoir recours à la fameuse fessée. 71.5% à des “petites gifles”. Et la moitié des sondés frappe ses enfants avant l’âge de 2 ans.
Avant 2 ans !
Il est donc important de dire que ce n’est pas que les Antilles. J’ai parlé de la culture antillaise parce que c’est celle dans laquelle j’ai été éduqué et que ce genre de violences étaient socialement acceptables.
Mais ce n’est pas parce que dans l’hexagone c’est un tabou et que personne n’en parle en public que ça n’existe pas pour autant.
Ce n’est pas SI rare :
En France, d’après des données de 2016 : 22,4% des adultes ont subi des violences physiques dans l’enfance.
Et dans la même enquête :
87 % des parents français admettent exercer des violences physiques sur leurs enfants.
Paradoxe intéressant. Comment se fait-il que seuls 22% des adultes de 2016 disent avoir été frappés pendant l’enfance, quand 87% des parents admettent qu’ils frappent ?
Soit, y’a eu une hausse massive du phénomène récemment (totalement impossible), soit les gens arrivés à l’âge adulte ont tendance à minimiser les violences subies à l’enfance, soit on frappe plus spontanément les aîné·es et ensuite on arrête (comme dans ma famille), soit une autre explication qui m’échappe.
Le tabou n’aide pas à arrêter le comportement
Vue les statistiques (et certains emails) je sais qu’il y a des parents qui me lisent et qui ont déjà frappé leurs enfants.
Ce n’est pas la honte qui va aider. Ce n’est pas le tabou qui va aider. Se punir via la honte, le silence, le tabou est contreproductif. Ça n’aide personne.
Pire, ça peut même augmenter la probabilité de récidive. Car on a eu personne pour se décharger mentalement du poids. Comme le dit Brené Brown, la honte est plus souvent le moteur de ces comportements plutôt que leur antidote.
On a donc besoin d’en parler, pas forcément comme moi en public. Mais il faut en parler à une personne qui nous aime ou dont c’est le métier. C’est vital.