J'étais un enfant modèle
Malheureusement, beaucoup de personnes pensent qu’il y a un lien entre à quel point un enfant est difficile et à quel point il a été frappé. Un peu comme si c’était de sa faute.
Mon histoire personnelle est un contre-exemple cinglant. Pourtant, je sais que certaines personnes vont se dire il devait être un enfant difficile pour se rassurer.
Le fait est que non.
J’ai sauté une classe
Souvent les parents ont la réussite scolaire comme inquiétude. La preuve : le trimestre où j’ai eu 12/20 on m’a frappé pour ça.
Mais le fait est que j’ai eu un parcours sans la moindre accroche. J’ai commencé le CP qu’au bout de 15 jours on a proposé à mes parents de me faire sauter non pas une, mais deux classes. J’ai vu un psy pour évaluer si c’était possible. Et, au final, on a laissé le choix à mes parents entre sauter une ou deux classes.
Le souci (de ce qui m’a été raconté par mes parents) c’est que pour sauter deux classes il fallait m’envoyer dans un établissement spécialisé, en pensionnat.
J’ai donc sauté une seule classe. En CM2 j’étais premier ou deuxième de ma classe, j’avais 18 de moyenne. Le collège rebelote, hormis le premier trimestre de sixième. Le lycée, rebelote. La prépa, rebelote j’étais deuxième (mais parce que j’avais un génie générationnel dans ma classe). Et bon… ok en école de commerce j’ai arrêté de maintenir ma place au podium.
Je ne disais pas de gros mots
Il faut vous imaginer une version de Steve Urkle. J’avais mon t-shirt à l’intérieur, je m’interdisais tout gros mot. Si jamais la prof arrivait en retard, j’attendais. J’ai fait un cours de latin (parce que bien sûr on m’a inscrit en latin) à deux, parce qu’on était que deux à attendre la prof.
Moi j’attendais toute l’heure s’il faut. Je suis venu pour travailler. Et j’adorais l’école donc…
Jamais je n’aurais touché à une cigarette
Ma grand-mère paternelle était obsédée par ne pas prendre de drogue. Mais y’avait aucun risque avec moi. J’ai bu mon premier verre d’alcool à 18 ans, en école de commerce. Genre j’ai vraiment attendu ma majorité pour boire.
Et pourtant…
On m’a frappé parce que j’étais pas assez chrétien.
On m’a frappé parce que je disais des trucs scientifiques à des adultes ignorants et que ça vexait de se faire recadrer par un enfant.
On m’a frappé dès que je faisais “honte”.
On m’a frappé parce que j’avais 12/20 parfois.
On m’a frappé parce que je pleurais parce qu’on venait de me frapper pour une des raisons précédentes.
80% des raisons pour lesquelles avaient un lien avec l’exercice de mon intelligence. Et je continue à le faire malgré les coups. Donc on a gagné quoi ? J’ai continué mon chemin pour devenir athée, j’ai décidé de choisir l’honnêteté radicale plutôt que la politesse… je suis très fier des traits de caractères qu’on a essayé de gommer en moi par les coups.
Et oui… de temps en temps… on m’a frappé pour des vraies bêtises : faire la misère à ma petite soeur, principalement.
Mais j’étais un enfant qui faisait l’enfant.