Je vous réponds #4
Il reste encore un bon tiers des questions que vous m’avez posées il y a quelques semaines. Voici donc le quatrième épisode.
Si tu as raté les épisodes précédents, tu peux les retrouver ici :
Quel est ton avis et niveau d’engagement sur la préservation de l’environnement ? As-tu déjà pensé à créer une formation/ un mail sur cette problématique ?
Je n’ai pas une grande expertise sur le sujet. J’essaie d’agir à mon échelle mais je suis peu rigoureux.
Je suis devenu végétarien en partie pour cette raison. En effet, la viande gaspille énormément de ressources. Car au lieu de boire l’eau nous-même, on donne de l’eau à un cochon qu’on va ensuite manger. Idem pour sa nourriture. Au lieu de se servir des céréales pour nourrir les humains, on nourrit les animaux. Du coup, selon l’animal il faut entre 3 et 10 kilos de céréales pour produire un kilo de sa viande.
Mais mon engagement s’arrête là.
Mon avis, je ne sais pas s’il est intéressant mais en gros je pense qu’on ne fera rien tant qu’il n’y aura pas d’énormes conséquences sur les gens riches. Et encore… même là je ne suis pas sûr que ça changerait vraiment. Car c’est trop progressif. On s’habitue petit à petit.
Mais je suis sidéré qu’il puisse y avoir des gens qui débattent de grand remplacement alors que le réchauffement climatique a commencé.
Je suis à la fois très pessimiste sur notre capacité à réagir politiquement mais aussi très optimiste car je me dis que l’humanité trouve toujours une solution.
Te sens-tu “éco-anxieux” ? comment gères-tu ou comment fais-tu pour accepter les émotions liées au bouleversement climatique, aux impacts de l’activité humaine sur la nature, les animaux ?
+1 (Ce n’est pas une thématique que tu abordes (alors que tu frôle souvent celle du féminisme), est ce que ça te préoccupe ? Comment tu gères cette préoccupation ?
Je ne sais pas si je peux dire que je suis éco-anxieux. D’ailleurs, je ne connaissais pas le terme et je le trouve parfait.
Je ne suis pas anxieux de manière générale, du coup c’est pareil sur ce sujet. Je suis peu sensible au stress climatique. Ça ne veut pas dire que ça ne m’inquiète pas quand j’y pense. Mais la plupart du temps, je n’y pense pas.
L’idée de ma propre mort me préoccupe bien plus. D’ailleurs, le bouleversement climatique ne m’inquiète que parce que je me dis que ça va m’affecter de mon vivant. Sinon ça serait un concept abstrait et lointain.
Alors que le sexisme est un sujet qui m’affecte plus directement : parce que j’en suis un des acteurs et que ça se répercute sur la personne que j’aime. Par ma faute.
À l’inverse, je ne me sens pas du tout coupable du bouleversement climatique.
Es-tu "heureux" (je n'aime pas trop ce terme car on peut tout y mettre) en moment? Est ce qu'il manque qq chose à ton épanouissement ? (et je voulais également te remercier pour ton contenu)
Je suis heureux.
Quasiment tout le temps. Ça ne s’arrête que pendant les dépressions. La dernière c’était à l’été 2020.
Mais sinon je suis heureux quasiment tout le temps.
Attention…
Je fais la différence entre bonheur et plaisir. Je l’ai déjà écrit dans mon livre alors je recopie ici :
Au fond de vous, vous connaissez cette différence. Vous savez qu'on peut multiplier les plaisirs et être malheureux. Manger des bons plats, multiplier les rapports sexuels, consommer des drogues récréatives mais se sentir vide en soi. Ne pas se sentir épanoui. À l'inverse, quand on pense à un moine on imagine quelqu'un d'heureux et d'épanoui. Alors qu'il s'interdit pourtant un bon nombre de plaisirs.
(…)
Certains philosophes en avaient l'intuition des si è cles avant que Robert Lustig aille chercher l'explication scientifique, la différence biologique entre le plaisir et le bonheur. Et voici donc les 7 principales différences :
1) Le plaisir est éphémère, le bonheur est durable
2) Le plaisir est viscéral, le bonheur est aérien, impalpable
3) Le plaisir est dans ce qu'on prend, le bonheur est dans ce qu'on donne
4) Le plaisir peut être obtenu avec des substances, le bonheur ne peut pas être obtenu avec des substances
5) Le plaisir se ressent mieux seul, le bonheur se ressent mieux dans un groupe social
6) Les plaisirs extrêmes mènent tous à l'addiction, que ce soient des substances ou des comportements. Alors que le concept d'addiction au bonheur n'existe pas.
7) La différence la plus importante : le plaisir vient de la dopamine alors que le bonheur vient de la sérotonine. Il s'agit donc même chimiquement de deux choses distinctes.
(…)
Attention, je ne dis pas qu'on ne peut pas avoir les deux. Mais c'est un équilibre. Si vous passez votre temps à jouer aux jeux vidéos (plaisir) vous ne pouvez pas être heureux. En revanche, si vous y jouez avec modération vous pouvez à la fois avoir du plaisir et demeurer heureux. Il en va de même avec tous les plaisirs.
Si tu ne l’as pas encore fait, le premier chapitre du livre est gratuit et disponible ici :
Une fois que ceci est dit, j’ai la chance de ne pas être soumis aux choses qui rendent malheureux : un travail aliénant, une précarité de logement, etc.
Du coup, il ne me manque rien. J’aurais aimé être en meilleure santé : par exemple, depuis 2017, je ne peux plus utiliser d’ordinateur portable. Mais je me suis habitué.
Malheureusement, une grande partie du niveau de bonheur est inné. Donc je n’ai aucun mérite mais ça veut dire que si tu as un niveau de base bas tu auras plus de mal. Ce n’est pas totalement figé mais c’est plus dur. Sur le bonheur les inégalités ressemblent aux inégalités de revenu : les gens qui sont nés avec ont du mal à comprendre qu’ils ont un avantage sur les autres.
Tu en es où de tes expériences culinaires :) ?
J’ai bien avancé. Le déclic est venu du livre Simplissime.
C’est ce que La cuisine pour les nuls aurait dû être.
On m’a offert La cuisine pour les nuls pour mes 18 ans. Le problème c’est que c’est fait par des gens qui comprennent déjà la cuisine. Ce n’est pas du tout la bonne manière de débuter. Du coup j’avais appris uniquement la recette la plus simple : les oeufs brouillés.
Alors que dans Simplissime on part vraiment de la base de la base. Quelques ingrédients, des instructions claires (qui prennent un quart de page maximum) et une photo du rendu.
Du coup j’ai appris avec ça et je commence à comprendre ce que je fais :
En ce moment j’ai découvert les oignons et ail surgelés, ça me simplifie tellement la vie.
Et, ce soir, je mange une “bolognaise” avec de la viande hachée végétale, de l’ail, des oignons et du vin rouge. J’essaie de remixer une des recettes du livre qui est avec du gingembre (mais je déteste ça)… je n’y suis pas encore totalement parvenu, mais je continue à essayer.
En résumé : je n’ai jamais autant cuisiné de ma vie. Et surtout… parfois certains plats sont plus rapides à faire que de commander au resto !
En tout cas en préparation, après je laisse au four. C’est le cas d’une de mes recette préférées : le feuilleté à la roquette. Ça prend 5 minutes : je mets la roquette dans la pâte feuilletée, je rajoute du fromage, je roule le tout, je remet du fromage sur la surface et hop.
5 minutes de préparation.
Après, il faut attendre 30 minutes de four. Mais c’est comme se faire livrer : je fais autre chose en attendant.
Ça a tellement changé ma vie que parfois je me dis que ça mériterait une formation : comment apprendre à faire la cuisine quand on sait faire que des pâtes ?