Je pourrais te payer
Hier je t’ai expliqué pourquoi c’était important qu’une partie de vous paie la formule premium.
Parce que ça me permet un revenu serein (par opposition aux formations qui sont un revenu d’adrénaline). Parce que ça me permet plus de visibilité.
Je maintiens évidemment tout ce que j’ai dit.
Mais …
Je pourrais te payer pour le plaisir d’écrire
Je sais qu’en ce moment j’ai beaucoup parlé de la contrainte de l’écriture sur l’Atelier. Je publie un e-mail par jour, tous les jours, depuis maintenant plus de deux ans. Alors que quand j’ai commencé je me suis demandé si j’étais capable de tenir sans me lasser.
Mais si je voulais arrêter, j’arrêterais. Rien ne m’oblige. À part les impôts qui me demandent l’argent de l’année précédente. Donc si je veux m’arrêter j’ai une année sans le revenu complémentaire et avec les impôts en plus. Mais c’est un détail.
Je n’arrête pas parce que j’aime ça.
Je t’écris depuis un RER parce que les chocs de ma vie privée ne me permettent pas de faire autrement. C’est super contraignant. J’aimerais ne pas avoir cette obligation et m’occuper plutôt de ces chocs.
Mais quand j’arrête trop longtemps d’écrire je ressens un vide. Et chaque fois que je reprends je ressens un orgasme. Là en ce moment même je suis dedans. Le monde autour de moi disparaît.
Le seul truc qui persiste c’est la démangeaison des moustiques qui m’ont dévoré quand j’attendais le RER A sur un quai dégueu. Et puis j’ai le flash d’avoir un sexe masculin d’inconnu étalé à quelques mètres de moi, attaché à un mec endormi.
Pourtant je suis quand même dans une bulle. Avec du rap dans les oreilles. Et je kiffe écrire.
Je ne sais pas comment décrire ce plaisir.
Écrire me permet d’organiser mes pensées, de figer des souvenirs dans le papier marbre.
Une masturbation régulière.
Parfois ça déborde tellement que je mets ma vie émotionnelle en danger.
« Je fais ce que j’aime au prix de perdre les gens que j’aime ».
Et puis, écrire c’est aussi une astuce pour doper mon apprentissage. Parfois je me force à lire un livre ou regarder une vidéo parce que je sais que je veux en parler ici.
Et toi ? Tu as un truc comme l’écriture ?
Je pense que tout le monde a un ou plusieurs arts qui lui correspondent.
Je n’ai jamais encore rencontré quelqu’un qui n’a vraiment rien. En revanche, la plupart des gens que je croisent se trompent sur ce que ça veut dire.
Les gens croient qu’il faut trouver un truc où on a du talent. Pire encore, les gens dissuadent les personnes qui font de l’art mauvais.
Si tu as un proche qui croit que ce qu’il fait est incroyable et qu’il va devenir célèbre puis en vivre… ok. Ça peut être une bonne idée de lui dire.
Mais la plupart du temps c’est pas ça : tu sais que la personne n’a pas une ambition pareille. Alors pourquoi se sentir dans l’obligation de la dissuader ?
Je pense que c’est parce qu’on croit que le but, voire le sine qua non de l’art est d’être bon. Alors que pas du tout. Du mauvais art c’est de l’art quand même.
Je suis un artiste. Je sais pas si je suis bon. Mais c’est pas la question. Je fais régulièrement de l’art donc je suis un artiste.
Comment on reconnaît l’art ? À l’expression de soi. Si y’a de toi dans la production alors c’est de l’art.
Du coup, plutôt que te demander si ce que tu as fait est bon, je te propose de te demander si ce que tu as fait te ressemble. Est-ce que ça donne de toi ?
J’ai écrit et enregistré plusieurs chansons. Je sais pas chanter. Mais c’est pas la question. J’écoute et je vois que ce sont mes tripes. J’ai même pleuré en écoutant une des chansons.
(Quelqu’un m’a demandé où on pouvait trouver ces chansons et j’ai oublié de répondre : nulle part. C’était de l’art pour une seule autre personne. En plus j’ai utilisé des instrus piratées donc je peux pas les publier sur une plateforme).
Je t’invite à essayer. Fais de l’art. Montre le à 0 ou 1 personne pour commencer. Tu peux le montrer à toi-même. C’est un excellent début. Et ensuite le montrer à quelqu’un qui t’aime ou que ça touchera malgré les défauts.
Mais essaie de finir un truc. Évite de te lancer dans un livre sans fin qui te servira d’excuse pour dire que t’as un projet de livre en soirée.
Finir c’est ça qui complète l’orgasme.
D’ailleurs, de plus en plus de psychologues proposent l’art comme thérapie.
Je pense que c’est parce que faire sortir l’art de toi a un formidable effet de soulagement et d’épanouissement. Je dirais même que certaines personnes se sentent mal, en partie, parce qu’elles n’expulsent pas l’art en elles.
Alors essaie de l’expulser. Peu importe le canal que tu aimes. Ne te demande pas dans quel art tu excelles. Demande toi dans lequel tu prends du plaisir.
Et quand tu fais un truc essaie de dompter ton dictateur. Tu te rappelles ? On avait vu cette notion avec Lucile dans son podcast. La notion du dictateur et du supporter. Notre voix interne peut être très critique ou très soutenante.
Force toi à n’écouter que la voix qui te soutient. Celle qui va traiter ton morceau d’art comme elle ferait si un enfant lui avait tendu. Avec indulgence. En oubliant les défauts.
L’art fonctionne comme les humains : ce qu’on accouche est sous une forme moche. On appelle ça un bébé. Un bébé humain c’est objectivement très moche et pas très capable. Mais en lui laissant le temps, il finit par devenir un adulte.
J’écris debout. Je suis presque arrivé. Bon… ça faut pas trop le faire c’est super mauvais pour le dos. Mais il fallait.
J’ai passé un incroyable moment à t’écrire. Merci de me lire. Sans toi je serai juste en train d’écrire dans les notes de mon téléphone sans raison. Et je me découragerais vite car je n’aurais aucune pression a le faire.
Parce que… c’est comme le sport… s’y mettre est douloureux mais une fois commencé je kiffe.
Merci encore. Vraiment tu mériterais que je te paie pour m’écouter. D’ailleurs je l’ai déjà fait. Mes premiers blogs m’ont coûté plus de 5000€ au total. Et rien rapporté.
Donc quand je te dis que je peux payer pour écrire c’est pour de vrai, pour de vrai.
Mais bon … je vais quand même plutôt t’inciter à me payer moi !