J’ai hésité à t’en parler parce que ça n’a aucun intérêt en soi.
Mais, je t’en parle pour deux raisons : la première c’est que je me sens trop fatigué pour écrire l’email que j’avais prévu pour ce matin. Ça s’appelait j’ai fait une dépression.
Bon bah ça commençait aussi par j’ai. Y’avait un truc prémonitoire.
La deuxième c’est que ça me permet de rappeler que ça existe encore.
Le jeu des actualités fait qu’on a tendance à oublier. Moi-même, il y a 15 jours je suis rentré dans le métro sans masque, sans même me rendre compte. Ce n’est qu’au bout de deux stations que je me suis rappelé…
À part la fatigue, rien de grave : si je ne savais pas qu’il existait une pandémie je ne me serais même pas douté que j’avais un truc spécial. Si ce n’est la sensation étrange d’avoir soif mais plus faim.
Commence donc une période qui aurait pu être géniale : 7 jours d’isolement.
En vrai, j’ai été soulagé quand le verdict du test est tombé. C’est étrange mais c’est la première sensation que j’ai éprouvé : ok c’est pour ça que depuis lundi je n’arrive pas à travailler.
Le fait aussi d’avoir les symptômes depuis samedi fait que je ne suis pas inquiet. Ce serait autre chose si j’avais des crises respiratoires profondes.
Enfin, je dis ça, mais hier soir je me suis endormi en envisageant ce qu’il se passerait si je ne me réveillais pas. Je me suis dit “je sais pas si c’est un bon email de fin une interview sur l’extrême-droite”. Puis je me suis demandé combien de temps il faudrait pour que quelqu’un s’en rende compte. Puis je me suis dit que c’était quand même con que le premier truc qui me vienne à l’esprit ça soit les emails.
Je te disais donc : la sensation de soulagement en découvrant le verdict du test. Parce que ça me sort de l’incertitude, ça me sort de l’anticipation permanente de peut-être l’avoir.
Mais aussi le soulagement d’avoir le droit officiellement d’arrêter de travailler. Demain je devais donner cours à mes élèves. Sur des sujets qui me tiennent à coeur en plus : se désintoxiquer du racisme et optimiser sa productivité.
Alors jusqu’au bout je me disais que je pouvais le faire.
Ce matin :
Puis ce soir :
Là encore c’est l’incertitude : et si demain j’allais mieux ? Ce serait bête d’annuler le cours. Mais en même temps j’aurai pas le temps de le préparer…
Puis… verdict : positif. Ok, je lâche tout.
On “m’autorise” à rester chez moi à rien faire pendant 7 jours.
Le rêve.
Enfin… sauf que…
J’ai des punaises de lit.
C’est une toute autre histoire.
Du coup, je suis à l’isolement dans un appartement mais aller dans le lit est une angoisse.
Pas pratique pour se reposer.
C’est pour ça qu’en vrai… j’avais dit que j’allais me coucher et que j’écrirais un tout petit email. Mais je suis quand même pas mal sur ma chaise à t’écrire. Ça reste quand même une des activités que je préfère au monde.
Mais bon… ça doit commencer à devenir décousu. Je m’arrête là avant de partir dans tous les sens.
La morale de cet email ? Je sais pas, débrouille toi !
Soutien.