Vous êtes 100 de plus que la semaine dernière. Dont 40 sur les deux derniers jours.
On a donc dépassé la barre des 2100.
À part au lancement, on avait jamais connu une telle croissance…
Donc déjà …merci ! Et ensuite…bienvenue à toutes et à tous !
Si tu viens de rejoindre l’Atelier, je te préviens. L’email qui va suivre est spécial. Si tu fais partie des nouveaux, je te conseille d’aller jeter un oeil aux autres emails, pour te faire une idée plus réaliste de ce que je partage habituellement :
Et…si tu n’as pas lu l’épsiode 1, (ou que tu ne comprends pas de quoi je parle) je te recommande de le lire avant de commencer celui-ci :
Ceci étant dit…allons-y !
Comme la dernière fois, les commentaires sont exceptionnellement totalement ouverts : n’hésite pas à donner ton avis !
Il était une fois un enfant qui avait une maman antillaise
Le bâtard épisode 3
J’ai 9 ans. Je viens d’apprendre que l’année prochaine, on habitera enfin en Guadeloupe. Depuis le temps que je l’attends ! Depuis le temps que mon père l’attend ! Depuis le temps que mes soeurs l’attendent !
La seule à ne pas partager cet enthousiasme unanime, c’est ma mère. Elle y est fermement opposée.
Je la hais. Je ne me rappelle même pas l’avoir aimée un jour. Elle ne représente pour moi que la douleur des coups de ceinture qu’elle m’inflige régulièrement.
Des coups, des coups, toujours des coups. Alors que je suis pourtant un enfant très sage. Tout le monde le dit. Je suis premier de ma classe.
Des coups parce que je lui « fais honte ». Cette curieuse expression dont je ne comprends ni le sens, ni la gravité. Je lui fais honte en public donc je mérite d’être roué de coups. Pour une contradiction, une insolence. Alors qu’en privé on m’encourage plutôt à être un enfant avec un avis. Allez donc comprendre… On m’apprend à ne pas mentir dans la maison, mais ce n’est plus valable quand on est en public.
Des coups parce que j’essaye de me soustraire au culte du Dimanche. Des coups parce que je pleure d’en recevoir, pour que je me taise.
À chaque fois qu’elle me frappe, elle hurle comme une possédée. Elle crie toujours les mêmes onomatopées incompréhensibles. Comme les magiciens. Une sorte d’abracadabra de violence.
Elle crie « Hanqué Baouyon voléyon voléti mhoune ». Et je ne sais pas encore que c’est une phrase véritable d’une langue tout aussi véritable. Avec une grammaire, une syntaxe dont je ne soupçonne même pas l’existence. Que je comprendrai à 12 ans et saurai écrire correctement (et dans le bon ordre) à 20.
« An ké baw yon volé timoun, yon volé ! »
Je ne sais pas encore que la Guadeloupe sera son tombeau. Elle l’avait fui pour une raison que j’ignorais encore. Et l’odeur de la mort à l’idée d’y retourner avait enclenché son instinct de survie.
Je ne comprends encore rien de tout ceci, évidemment. À vrai dire, je ne comprends même pas encore ce qu’est qu’être antillais. Je crois encore que les chansons de Kassav sont en onomatopées sans sens (comme Aserejé de Las Ketchup) et que pour parler créole il suffit de rajouter le son « ou » à chaque fin de mot. D’ailleurs, je ne fais même pas encore le lien entre la langue d’onomatopées de Kassav et le créole.
Ma mère est une antillaise sublime. Forte, fougueuse, indomptable, rebelle, indépendante. Quand elle se disputait avec mon père, elle pouvait prendre ses affaires et s’en aller pendant plusieurs jours.
Force de la nature, femme moderne. Élocution impeccable des gens qui débordent de vitalité. Une carrière professionnelle à son apogée. Cette femme qui a fait de l’aide des plus faibles son métier. Elle qui s’occupe de l’insertion professionnelles des personnes handicapées. Elle qui a déjà essayé de m’apprendre la langue des signes et la lecture du Braille.
Pourtant je la hais. Car elle me frappe. L’ironie étant que je l’aimerai d’un amour fou, dans moins de 5 ans. Quand elle aura été détruite, ravagée et enterrée.
Drôle de timing, la Vie. Drôle de timing.
Ma mère. J’ai dans les mains le pouvoir de la sauver. Il suffirait que je dise moi aussi non à ce projet de retour pour qu’il soit avorté. Mais je trépigne de joie à l’idée d’enfin habiter sur cette île que je n’ai vue qu’en vacances. Sans compter que j’ignore, comme chacun de nous, le futur. Et même si je l’avais su ?
Puisque je vous dis que je la hais.
Mais, du coup…où est l’épisode 2 ?
Tu l’as peut-être remarqué : le premier épisode s’appelait épisode 1 (logique jusqu’ici) mais celui-ci s’appelle épisode 3.
Pourquoi ? Est-ce que je me prends pour George Lucas qui distribue Star Wars dans un ordre chelou ? J’allais dire “non”. Mais en fait … “oui”.
Comme lui, je t’ai partagé les épisodes dans l’ordre que me permettaient les conditions techniques.
Car…l’épisode 2… n’est pas encore bien fini. Il y restait encore des fautes d’orthographe la semaine dernière. Alors que les épisodes 1 et 3 ont été publié anonymement dans un concours, il y a déjà 9 ans.
J’ai mis 9 ans à écrire l’épisode 2. Du coup… je ne l’avais pas encore suffisamment fait relire pour le partager sans crainte.
Et…c’est à ça que ça sert d’avoir des membres premium !
Les 61 abonnés premium ont reçu l’épisode 2, en avant-première, samedi dernier.
Regarde :
Si tu veux le voir maintenant…
Tu me vois venir…
Il faut t’abonner à la formule premium.
Puis… de cliquer sur ce bouton :
MAIS…
Pour l’occasion, l’abonnement premium sera à 4,99€ plutôt que 6,99€. Je laisse l’offre ouverte jusqu’à Dimanche 23h59.
Si je ne veux pas être premium, je ne le verrai jamais ?
Si si…pas de panique. Mais par contre il faudra attendre. Je pense le partager d’ici un mois. Le temps de rôder le texte.
C'est compliqué avec l' histoire des 9 ans et la mère île et la vraie mère. Cela dit, c'est intéressant, je ne comprends pas comment on ne peut pas vouloir aimer Kassav' groupe culte dans ma famille maternelle et que ma mère a vu enceinte de moi avec mon père. Je suis né en France métropolitaine de 2 parents nés en France métropolitaine. Ca pourrait s' arrêter là (et du coté de pap on va sur 3 départements, le 43, le 07 et le 42 et c'est tout) mais si on va une génération plus loin chez ma mère, mes 2 grands parents sont nés sur le sol français au moment de leur naissance:
-ma mamy est né à Madagascar
- mon papy est né à Cayenne, et s'est engagé dans l'armée de l'air avec pour principale motivation de s'installer en métropole pour un meilleur avenir.
Une génération plus en arrière:
Mamy:
- son père était un pâtissier chînois - sûrement cantonais- installé à Madagascar
- sa mère était une Réunionnaise d'origine bretonne née à la Réunion et que l'éruption du Piton de la fournaise au début du XXe siècle a rendue orpheline, l'envoyant à Madagascar chercher du travail dans l'économie domestique.
Papy, noir de peau:
- son papa vient de la Guyane anglaise, actuel Guyana. Du fait du niveau ignoble des français en anglais, son nom est mal orthographié et est donc unique.
- sa maman vient de la Martinique et est devenue orpheline après que la Montagne Pelée se soit déchaînée au tout début du XXe siècle et elle est partie en Guyane française pour faire sa vie
Moi dans tout ça, je me sens fier de ces multiples identités mais ne ressent pas comme toi de ressentiment envers l'une d'elle. Après ironiquement, je suis un pro Lyonnais- dont je ne suis nullement originaire just conçu et né et grandi là- malgré des origines stéphanoises (mais on est des Auvergnats avant tout, stéphanois par immigration économique au XIXe) et la maman que je déteste est la capitale de notre beau pays, Paris, que je ne supporte pas plus de 48h (mais je l'adore après 24h).
Je me sens con de ne pas arriver à comprendre ton texte sur le fond ...
J’ai l’impression que c’est la perte de ce que représente ta mère adoptive et ta mère biologique même si je pense qu’il y a plus qu’une chose à comprendre ... un adieu qui est difficile mais nécessaire