Voici un extrait de conversation avec une pote :
- Je prends que des vieux gars et dès que ça devient trop “sérieux” à mon sens, je pars
- Bah, prends pas des vieux gars : prends des bons gars qui veulent du sexe
- Genre j’ai eu des mecs qui se sont attachés alors que, pourtant, je faisais que de leur parler de mon ex. Ceux qui se sont pas attachés, c’était des gars que je voyais vraiment que pour ça. Mais j’aime pas. Aucun intérêt : on a rien à se dire.
- Mais c’est ça le souci : t’es piégée dans le schéma binaire sérieux/pas d’attachement. C’est pas parce que tu parles de ton ex à quelqu’un qu’il ne va pas s’attacher. T’es tellement piégée que tu ne vois pas la troisième voie, c’est ouf. Tu peux voir des gens intéressants avec qui tu couches régulièrement sans être en couple avec.
- Je débute, me juge pas !
- J’te juge grave, wesh. Tu me connais.
L’existence de la troisième voie
À force d’imaginer un schéma binaire entre d’un côté le couple amoureux et de l’autre le plan cul… on n’a pas les mots pour penser autre chose.
Attention : tu as le droit d’avoir un couple, tu as le droit d’avoir un plan cul. Tant que ça correspond à ton désir. Ce que je souligne ici c’est le fait de vouloir autre chose, mais de ne pas avoir les concepts.
Car, les mots nous permettent de penser ce qu’ils désignent, autant que l’inverse. C’est un débat que la science n’a, à ma connaissance, pas encore résolu. Est-ce qu’on pense quelque chose et ensuite on l’articule en mot ou bien est-ce qu’on a un ensemble de mots et ensuite on l’articule en pensée ?
Probablement un peu des deux.
Voilà pourquoi, le jour où on découvre l’expression racisme ordinaire. On peut se mettre à penser toute une catégorie d’expérience. Des expériences qu’on ne pouvait pas qualifier de racisme parce que dans notre tête le racisme c’est quand les gens sont hostiles. Alors comment appeler les blagues racistes ? Ou les commentaires comme les Noirs ont le rythme dans la peau.
Là c’est pareil… l’absence de mot pour décrire une expérience qui n’est ni un couple, ni un plan cul nous fait beaucoup de mal.
Les amitiés sexuelles ne sont pas moins honorables que les couples
Si on arrête de sacraliser le couple on comprend que c’est une configuration parmi plein d’autres.
Comment appeler les autres configurations ? Comme tu veux. J’aime dire amitiés sexuelles. Pour traduire l’expression sexfriends.
Mais peu importe tant que tu trouves le mot qui te convient.
Afin de conceptualiser qu’il ne s’agit pas de couples ratés mais bien d’autres types de relations.
Y’a des amitiés sexuelles plus épanouissantes que certains couples (l’inverse aussi évidemment).
Simplement parce que tu peux voir que tu n’auras jamais envie d’être en couple avec une personne mais que tu as envie de continuer à partager du sexe et de l’amitié avec elle.
Pour aller plus loin…
Tu peux aller écouter le podcast Le coeur sur la table qui aborde ces principes et qui m’a inspiré une série de posts sur le sujet.
Apprendre une langue étrangère et la culture qui va avec est une excellente façon de dépasser le problème de "on ne peut penser que ce dont on a les mots".
Exemple je viens de demander à mon amie japonaise comment dire "Ma femme est très intelligente". Et elle m'a répondu simplement "Je peux te traduire cela mot à mot, mais un japonais ne fais jamais ça de vanter en public un membre de sa famille".
Ou à l'inverse dans la culture US ils sont complètement coincés dans le moule "being successfull = earning lots of money".
Là pour le coup les japonais ont le concept beaucoup plus riche et flexible d'Ikigai