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Dans le groupe whatsapp premium, j’expliquais que jusqu’à mes 25-26 ans je trouvais ça normal de taper les enfants, que j’aurais tapé les miens. Elle m’a répondu que c’était normal d’avoir des pensées incontrôlées comme ça.
J’ai alors dit que ce n’était pas incontrôlé. Ce n’était pas sous la colère. C’était bien une démarche consciente. De la même manière que des personnes bizutées deviennent ensuite les pires à bizuter les prochaines. C’est parce qu’on a besoin que tout ait un sens.
En effet, si on peut éduquer un enfant sans le frapper alors pourquoi on me frappait ? Ça n’a aucun sens. Alors j’ai commencé par croire que c’était nécessaire.
Parce que c’est dur d’admettre l’absurdité du mal.
Or, bien souvent malheureusement le mal est absurde.
Le karma n’existe pas
On a déjà eu l’occasion d’en parler (je te remets le lien à la fin). Je ne te parle pas du karma de la religion hindoue qui est un concept complexe. Je te parle de la version occidentalisée et galvaudée.
Certaines personnes font le mal et sont récompensées toute leur vie. Certains officiers nazis ont réussi à mourir de vieillesse, dans le confort de villas en Argentine.
À l’inverse, j’aimerais bien qu’on m’explique ce que les esclaves aux Antilles avaient fait pour mériter ça ?
Les esclaves ont été esclaves parce que les européens s’arrachaient le sucre comme une drogue. C’est tout. Il y a des esclaves parce qu’il y a un engouement pour le sucre et qu’il faut le sortir de la canne à sucre. C’est absurde. Tout ça pour du sucre ?
Tout ça pour du sucre !
Tout ça pour du sucre.
Le mal a toujours une raison
Parfois, on entend “oui mais la personne a fait ça pour telle raison”. Comme si ça changeait quoi que ce soit. Le mal a toujours une raison, et souvent une bonne raison. Ou a minima une origine. Les parents qui frappent leurs enfants ont souvent été eux-même frappé. Les meurtriers ont souvent eu une enfance difficile.
On peut expliquer mais jamais excuser par les raisons. Puisqu’il y en a toujours.
On a du mal à accepter que le mal a une raison, une origine. C’est pour ça, selon moi, que le public adore Voldemort enfant mais déteste Dark Vador enfant.
En effet, Voldemort, enfant est écrit comme une version miniature de l’adulte maléfique qu’il est devenu. Certes, il est orphelin mais on n’a aucune empathie pour lui : il terrorise déjà ses camarades, il leur vole des affaires, etc. Même son regard semble déjà maléfique.
Alors que Dark Vador enfant nous a été présenté comme un enfant angélique, totalement innocent. Très banal. Des gens se sont offusqués en disant que ça cassait le mythe du personnage.
Mais je ne trouve pas. Je trouve ça beaucoup plus intéressant d’avoir un méchant de film qui était normal enfant. Certes, c’est un esclave et il n’a pas de père, mais c’est un enfant joyeux et qu’on a envie d’adopter. Alors que le petit Voldemort on se demande pourquoi personne ne l’abandonne pour qu’il meurt avant de devenir dangereux.
Et bien il faut qu’on apprenne à accepter que dans la vraie vie, les pires personnes ressemblent davantage à Dark Vador qu’à Voldemort. Elles ont leurs raisons. Elles ne sont pas nées en faisant le mal.
Et, accessoirement, dans la vraie vie les gens ne ressemblent pas à Dark Vador tout court. La plupart des gens font majoritairement des actes non maléfiques
Les raisons ne suffisent pas à la victime
C’est bien le problème. Les raisons permettent d’avoir un peu d’empathie mais elles suffisent rarement. La violence conjugale a une origine, des raisons, mais ça fera une belle jambe à la victime.
Pourquoi mon ex me violentait alors qu’il disait me frapper ?
C’est absurde. Ça n’a pas de sens.
Les raisons ne suffisant jamais, on se retrouve avec ce vide d’absurdité qu’il faut gérer.
Parfois on essaie d’inventer des grandes raisons. Par exemple :
Certains enfants sont si turbulents qu’il faut les frapper
Parfois on diabolise la personne en se disant qu’elle est maléfique et c’est tout. Mais ça nous empêche de comprendre vraiment.
Il faut donc réussir à composer avec l’absurdité du mal.
Un des moyens que j’ai trouvé pour y arriver c’est…
Le mal que j’ai fait dans ma vie était absurde
On a tendance à se pardonner le mal que l’on fait. Du coup, on tombe vite dans une position de supériorité morale face aux gens qui nous font du mal. C’est normal, pour notre santé mental, notre esprit dissous les remords. C’est une sorte de système immunitaire mental. Le sujet est passionnant et je l’ai développé dans mon livre donc je ne m’éternise pas. Mais en résumé : notre cerveau va nous faire oublier les choses qu’on a faites et qui nous font ressentir de la culpabilité.
Mais essaie de faire l’effort de te rappeler des choses vraiment mal que tu as faites. Je trouve que cet exercice est salutaire et empêche de tomber dans non mais y’a des gens maléfiques ou faut pas oublier que les gens blablabla.
En fait j’ai fait des choses totalement maléfiques que je ne te raconterai pas ici. Et, le pire, c’est… que c’était absurde. Chaque fois que j’y repense je me demande pourquoi j’ai fait ça. J’avais souvent pas d’intérêt particulier.
Absurdité et banalité du mal.
Pour reprendre l’image d’une abonnée dans le groupe whatsapp : c’est comme les chats qui jettent les tasses des tables.
Si tu as un chat, tu dois forcément voir. Si tu n’en pas, imagine que les chats pour aucune raison de temps en temps vont te regarder dans les yeux et commencer à pousser une tasse ou un verre jusqu’à ce qu’il tombe. Et dans son regard tu vois qu’il sait qu’il doit pas le faire. Mais il le fait.
Souvent le mal que l’on fait c’est ça : on le fait comme un chat qui jette une tasse. C’est absurde mais on le fait.
Et bien c’est pareil pour les autres. Il n’y a pas de raison que ça ne soit pas pareil chez les autres.
Le mal est fait parce qu’il est fait. Parfois sous le coup de la colère, parfois pas du tout.
Il faut gérer l'absurdité du mal
Les raisons pour les chats qui font tomber des choses : pour attirer l’attention, car ça les gène quand ils déambulent, car ils s’ennuient, et surtout vérifier si l’objet n’est pas une bestiole donc il bouge la chose pour voir si c’est inanimé donc mort... ça ne rentre pas dans notre logique d’être humain. Ça nous paraît absurde. C’est un très bon parallèle je trouve d’avoir utiliser les chats !