Et si la personne refuse de voir une psy ?
Normalement dans une semaine de vente de formation, j’aborde des questions annexes qui ne sont pas dans la formation. Pour ne pas spoiler et maintenir l’envie d’acheter. Je tourne autour du contenu mais sans jamais rien en dévoiler. Mais, je trouve que c’est trop important qu’un maximum de personnes sachent ce qui va suivre.
Je vais donc te dévoiler une partie de la formation : une des astuces que j’ai le plus utilisées depuis que j’ai moi-même suivi une formation aux premiers secours en santé mentale.
Les raisons de ne pas vouloir voir un·e psy
Quand tu approches quelqu’un dont tu t’inquiètes de la santé mentale, ton rôle est d’encourager la personne à obtenir une aide professionnelle. Très souvent, ça revient à la faire accompagner par un·e psy.
C’est ce qui va permettre d’accélérer le rétablissement et essayer d’endiguer les raisons profondes.
Mais tu vas souvent faire face à des réticences.
D’ailleurs, j’ai reçu un email en réponse à ce que je t’ai écrit hier. Il portait exactement sur ce sujet :
Par contre, beaucoup se confient à moi, mais bloquent complètement quand je leur suggère de consulter un psy, et ce même si elles savent à quel point ça m'a aidée
Je ne sais pas si tu abordes ce sujet dans ta formation ou si tu prévois de le faire dans un prochain email mais que faire quand manifestement un de nos proches souffre d'un problème de santé mentale, mais bloque complètement à l'idée de se faire aider par un professionnel ?Je me sens un peu démunie, car je sais que je peux aider un tout petit peu à mon niveau en étant présente et à l'écoute mais évidemment pas me substituer à des professionnels.
Tout d’abord il faut intégrer que c’est une situation très fréquente. En effet,: beaucoup de gens dramatisent le fait de voir une psy. En l’occurrence la série En thérapie m’avait personnellement beaucoup aidé. Ça m’a permis de voir à quoi ça ressemblait. Ça m’a permis de me dire que ça consistait juste à parler à une autre personne, dans un fauteuil.
Ensuite, il faut avoir en tête qu’il est normal de prendre du temps à aller en psychothérapie. Ça fait partie du processus. D’autant plus qu’on a tendance à minimiser ce qui nous arrive. Même quelqu’un qui finira par y aller peut mettre du temps. Entre mon expérience de trouble dépressif caractérisé (dépression) et ma première séance non annulée chez une psy, il s’est écoulé un an et demi.
Enfin, il existe des raisons culturelles. La plupart des cultures non-blanches sont fortement opposées au principe même d’aller voir des psys. Obstacle très fort que j’ai également dû surmonter pour moi-même mais aussi auprès de certains de mes élèves.
Ce point, en particulier est très important car ça permet de mettre les pieds dans le plat. Bon… c’est plus délicat si tu es blanc·he. Mais, à chaque fois que je l’ai fait c’est ce qui a débloqué la situation.
Parfois c’est la personne elle-même qui amène le sujet :
Dans ce cas précis, j’ai enchaîné en suggérant ma propre psy et en certifiant qu’elle faisait pas “des trucs mystiques de blanc” à part me demander de raconter mes rêves. Mais qu’il suffisait d’esquiver la question.
De manière générale, au-delà de l’obstacle culturel, on va avoir cette méfiance envers un truc bizarre, gourou, sectaire. Cette méfiance peut être atténuée en expliquant le principe de la psychothérapie comportementale et cognitive (TCC).
On en a déjà parlé la semaine dernière mais je te remets ici une brève définition :
Les thérapies comportementales et cognitives ou TCC(en anglais, CBT) regroupent un ensemble de traitements des troubles psy qui partagent une approche selon laquelle la technique thérapeutique doit être fondée sur les connaissances issues de la psychologie scientifique.
Elles doivent obéir à des protocoles relativement standardisés. Elles évaluent souvent l'évolution du patient au cours de la thérapie. Elles acceptent la démarche de médecine fondée sur les faits.
C’est une approche qui conviendra particulièrement aux personnes qui ont un trouble psy particulier et qui veulent une approche très cartésienne.
Bien entendu, il y a aussi l’option psychiatre, puisque c’est un médecin. Il échappe donc à la critique sur le manque de scientificité. Mais, en revanche, beaucoup de gens ont également une réticence envers les psychiatres. Il leur est notamment reproché de voir tout sous l’angle des médicaments et de négliger le côté psychothérapie. Voire d’avoir la main trop lourde sur les médicaments.
Mais si la personne en face de toi préfère un psychiatre : bingo. Le but c’est d’avoir de l’aide professionnelle, pas de gagner un débat idéologique.
D’ailleurs, le plus dur c’est de soutenir la personne après un échec. Il y a de fortes chances que la personne n’accroche pas au premier professionnel de la santé mentale, qui que ce soit. Si ça ne réussit pas avec un premier psychiatre il faut en essayer un deuxième et ainsi de suite. L’idée c’est que la personne réussisse à nouer une alliance thérapeutique, qu’elle se sente comprise avant tout. Une bonne manière d’évaluer si c’est le bon professionnel c’est de se demander est-ce qu’on a l’impression que le ou la psy nous comprend.
Maintenant… disons que la personne refuse d’aller voir tout ce qui commence par psy, donc ni psychologue TCC, ni psychiatre…
Que faire ? Abandonner.
Non, il reste alors une option à mobiliser. Une option à laquelle on ne pense pas spontanément alors qu’on connaît parfaitement ce type de professionnel. Simplement on ne l’associe pas à la santé mentale.
Les médecins généralistes sont, sur le papier, une porte d’entrée
On en a déjà parlé : il y a malheureusement beaucoup de médecins généralistes qui manquent d’empathie. D’autant plus que beaucoup de médecins manquent également de formation sur la santé mentale. Mais si tu as un médecin de confiance, par exemple le médecin traitant de la personne ou le tien, tu peux t’y référer.
En effet, les médecins généralistes servent de portes d’entrée aux parcours de soin. Tu le sais, tu peux directement aller consulter un·e spécialiste, mais parfois tu vas avoir besoin du généraliste pour t’orienter. Notamment pour avoir une ordonnance et un remboursement. Et bien c’est similaire pour la santé mentale.
Le médecin généraliste pourra rapidement poser un diagnostic. En effet, certains troubles psychiques ont des symptômes qui peuvent être confondus avec des maladies physiques : la perte d’appétit par exemple. Donc le généraliste va permettre d’évacuer les autres hypothèses et de bien confirmer qu’on est face à un trouble psychique.
En plus de ça, le médecin généraliste a le pouvoir de prescrire des médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques, etc). C’est super important de le savoir. Par exemple dans le cas où une personne n’a plus de stock d’antidépresseurs. Or, l’arrêt est dangereux, on peut donc se retrouver à chercher d’urgence une ordonnance.
Par exemple si le psychiatre de la personne est en vacances ou dans une autre ville. Ou inversement si la personne est en vacances, qu’elle a pris sa boîte d’antidépresseurs mais qu’elle l’a perdue.
Tu peux alors l’aiguiller vers n’importe quel généraliste. Même si, malheureusement, certains affirment qu’ils ne peuvent pas le faire. Il faut alors insister.
Mais pour revenir à une situation où la personne n’a jamais consulté de professionnel·le de la santé mentale… proposer un médecin généraliste peut être une solution intermédiaire plus douce et plus acceptable. Même si tu as la certitude qu’il s’agit d’un trouble psychique et que le diagnostic ne va “servir” à rien, ça sera plus doux.
Penses-y.
Même si, in fine, le médecin réorientera vers des spécialistes; donc des psychologues et des psychiatres.
Parfois c’est ça qui va débloquer la situation avec la personne que tu accompagnes.
Pour aller plus loin…
Comme tu le sais, cette semaine je lance ma nouvelle formation :
Premiers soins en santé mentale : comment aider ses proches, ses collègues, un inconnu ?
Dedans je t’y partage des astuces comme ça, mais surtout un protocole d’intervention pour aider les personnes autour de toi.
Comme d’habitude, elle est à son prix de lancement jusqu’à vendredi 23h59. Et si tu veux y accéder, il te suffit d’utiliser ce lien :