Est-ce que tu sais ce que tu aimes ?
Ce n’est que récemment que j’ai compris que j’avais des amies qui ne savaient pas ce qu’elles aiment. Je genre au féminin parce que c’est le cas mais je veux te parler de quelque chose qui n’est pas genré. Voire qui touche davantage les hommes.
D’ailleurs quand ça touche un homme on dit aussi non mais c’est un truc d’homme qui n’est pas capable de parler de son intériorité.
Bien sûr qu’une des caractéristiques de la condition féminine c’est que tu es socialisée à moins revendiquer ce que tu aimes, voire à ne même pas le savoir.
Mais là je te parle du niveau au-dessus.
Prenons une personne fictive qu’on appellera Mélanie.
Et bah Mélanie, même quand elle est dans des configurations où elle est “libre”, elle va avoir du mal à savoir ce qu’elle aime.
Si bien que, le weekend, elle ne sait pas quoi faire parce qu’elle ne sait pas quoi faire de son temps libre.
D’ailleurs le paradoxe c’est que, si elle aime son travail, elle travaille le weekend au point de s’épuiser. Pourquoi ? Parce que comme elle ne sait pas ce qu’elle aime comme loisir… autant travailler.
Ce n’est même pas que Mélanie est une personne de droite qui valorise le fait de faire des heures supplémentaires. Mélanie fait juste un des seuls trucs qu’elle est sûre d’aimer.
Le côté cool c’est que, du coup, Mélanie est également une personne extrêmement ouvertes aux nouvelles activités : quand elle a l’espace mental pour, elle essaie plein d’activités pour trouver ce qu’elle aime.
Te rendre compte bien après que tu n’aimais pas
Mais ce qui est le plus frappant avec Mélanie, c’est qu’elle ne sait pas ce qu’elle n’aime pas.
Normalement on dit : bon, c’est dur de savoir ce qu’on veut faire mais par contre c’est facile de savoir ce qu’on ne veut PAS faire.
Et bah là pas du tout.
Le point “positif” c’est que Mélanie, au travail, rechigne très peu : elle fait des choses qu’elle n’aime pas, sans se rendre compte qu’elle n’aime vraiment pas.
Tu te rappelles en cours de biologie les enfants qu’on nous montrait avec plein de brûlures parce qu’iels ne ressentaient pas la douleur ? Imagine pareil mais avec l’absence de sens de la douleur mentale.
C’est le même danger.
Comme Mélanie ne ressent pas fortement la douleur mentale, elle a un terreau favorable aux brûlures mentales, c’est-à-dire au burn-out.
Pire encore, comme Mélanie peut mettre des semaines (voire des mois) à comprendre qu’elle n’aime pas un truc, elle peut s’engager dans des voies professionnelles ou des projets personnels qui ne sont pas pour elle.
Imagines ? Si pour savoir si elle aime une ville, elle a besoin d’y vivre pendant 6 mois avant de se rendre compte que ah oui non j’aime vraiment pas.
Ou alors elle commence un job où elle est douée, qui paie bien…. et ce n’est que 8 mois après qu’elle comprend qu’elle déteste le job depuis le premier jour.
Je ne savais même pas que c’était possible.
D’ailleurs, et ça pour le coup c’est genré… je l’ai vu chez des hommes touchés par la même chose que Mélanie : comme ils ne savent pas ce qu’ils n’aiment pas ils développent une allergie à l’engagement et aux décisions même mineures.
Des personnes qui EXPLOSENT soudainement
Mais ce qui me surprend le plus avec Mélanie c’est sa faculté à exploser émotionnellement. C’est-à-dire qu’elle dit rarement qu’elle est un peu stressée.
Elle dit qu’elle n’est pas stressée ou alors qu’elle est extrêmement stressée.
Elle ne dit jamais qu’elle est un peu en colère, elle est soit pas en colère soit d’un coup extrêmement en colère.
Un peu comme si elle n’avait pas de graduation et que toutes ses émotions étaient binaires : y’a ou y’a pas.
Là où ça peut être dangereux c’est qu’elle peut faire des dépressions sans se rendre compte… ce sont les autres qui vont lui dire attends mais vu ce que tu viens de traverser, tu devrais être méga affectée là.
Mélanie galère en psychothérapie
Malheureusement, même si on estime que 10% des humains sont comme Mélanie, la plupart des psys ignorent que c’est possible. Ce qui donne des interactions compliquées où les psys qui commencent leur séances par comment allez-vous ? vont poser une colle à Mélanie sans s’en rendre compte. Puis vont lui demander l’impossible en lui demandant les objectifs de thérapie de Mélanie.
Est-ce que tu arrives à boire suffisamment d’eau ?
Et si je te disais que Mélanie a du mal à boire suffisamment d’eau ? Il faut qu’elle fasse l’effort conscient.
Mais quel rapport entre tout ce qu’on vient de dire et ça ?
Je t’en parle demain.
Demain on met un mot sur les galères de Mélanie. Et… si tout se passe bien, je te propose une nouvelle formation.

Ahlala, je sens que je vais la prendre cette formation xD
Ça me fait rire, parce que ma nouvelle psy (AuDHD) ne me demande jamais "comment ça va ?" mais "est-ce qu'il y avait des choses dont vous vouliez me parler ?". Ça marche beaucoup beaucoup mieux pour mon cerveau !
Et elle me fait de la psycho éducation sur les émotions, ce que je pensais être superflu... mais s'est en réalité révélé super utile, rien qu'en 2 sessions.