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Voilà la dimension la plus déprimante car elle ne s’effacera pas à court terme. Un jour on vous explique la traite négrière. Vous avez à peine 8 ans. Je ne saurais retranscrire à quel point la découverte est violente. Le nombre de nuits que j’ai passé à cauchemarder d’un jour devenir esclave. À un âge où l’on croit au Père Noël, il ne faut pas négliger le choc traumatique de cette histoire.
À dix ans, j’ai vu Gorée, depuis mes larmes sont éternelles
Je crois qu’aucune phrase ne résume mieux que celle-ci. Gorée étant une île d’où on faisait partir les esclaves. Quand vous enseignez à un enfant que le grand-père de son grand-père était un esclave, vous lui infligez un choc égotique irréversible.
Ce même enfant grandit et se rend compte que la plupart des pays noirs sont des pays pauvres. Puis il découvre le néocolonialisme. Qu’en fait l’Afrique n’est pas un continent pauvre. Qu’au contraire c’est parce que c’est le continent avec le plus de richesses qu’il est pillé. Que les anciennes colonies ne sont pas tout à fait libérées de leur emprise. Que l’Histoire pèse de tout son poids sur notre réalité.
D’ailleurs les mêmes personnes qui vous diront que l’Histoire ne compte pas, utilisent (comme tout le monde) la définition du Code Noir pour définir un noir.
Le Code Noir est ce document qui définit (entre autres choses) ce qu’est un noir pour savoir qui peut être esclave. Sa cousine, la “one drop rule” est américaine. Elle explique pourquoi personne ne pose de questions quand on dit que Barack Obama est le premier président américain noir. Barack Obama…noir ? Il a pourtant une mère blanche et un père noir. Au maximum on devrait l’appeler “métisse”, non ? Non. Vous et moi on sent bien ce que ça veut dire quand on dit qu’il est noir. Et bien ce que l’on “sent” c’est le poids de la “one drop rule”.
Selon cette règle, une seule goutte de sang noir suffisait à vous définir comme noir. Car le sang noir est salissant. Il souille le sang blanc. Bien entendu, plus personne ne se dit ça. Mais il n’empêche qu’on continue inconsciemment à appliquer cette définition d’un noir. On ne peut donc pas balayer d’un revers de main ce poids historique. Il est partout autour de nous. On m’appelle spontanément noir (pardon…”black”) alors qu’une partie de mon arbre généalogique est totalement blanc.
Dimension #5 : le racisme intériorisé
Et demain la dernière partie
Dimension #4 : le racisme historique et géopolitique
Je n'y avais pas pensé à la première lecture de cet article, mais j'ai vécu quelque chose de similaire (et à la fois très différent, bien entendu) quand j'ai appris ce qu'était la Shoah, que j'avais des parents directs qui étaient morts dans les camps, que des gens qui nous détest(ai)ent juste parce qu'on est juifves... C'est un moment terrifiant dans la vie de l'enfant.