Détournement de mail
Aux lecteur·ices de l’Atelier : ceci est un détournement de mail. Je répète : ceci est un détournement de mail.
Ce matin, c’est la Cuisson du cul qui prend le pouvoir.
Mais la Cuisson du cul, c’est quoi ?
C’est une histoire, une vraie, une de celles où il a fallu s’unir contre un antagoniste (parce que c’est ainsi qu’il a été perçu) mais où la victoire a été…
…douce-amère.
Quand on dit non, c’est non !
Tout commence sur le groupe WhatsApp des abonné.es premium de l’Atelier Galita. Nous y sommes nombreux·es et les discussions sont variées. Parfois, deux ou trois personnes échangent, parfois bien plus, en fonction des sujets.
Ce jour-là, cependant, la bienveillance pourtant habituelle sur le groupe nous fait défaut. Pourtant, la discussion commençait bien, avec des questions et des interrogations d’une part, et des réponses de l’autre. La base d’un réel échange.
Jusqu’au moment où… nous ne nous sentons plus écoutées.
Quel était donc le sujet de cette conversation à plusieurs ? Un sujet éminemment épineux : celui de la séduction, de la “drague” de rue… et, en fin de compte, du consentement.
Tout est parti de la vidéo sur le thé, qui sert à expliquer la notion du consentement.
C’est alors que tout dérape : un participant de la conversation, que nous appellerons généreusement Lucius, commence à dire que parfois le “non” ne veut pas dire “non”, qu’il faut savoir lire entre les lignes. Incompréhension de la part de certain·es participant·es, qui répondent que non, un “non” est toujours un “non”.
Le débat s’envenime, une solidarité masculine se crée face à une solidarité féminine, les premiers avançant des exemples personnels (“j’ai dragué telle femme qui a commencé par me dire “non”, mais finalement on est sorti ensemble”) face aux second·es qui rappellent que le consentement n’est pas encore suffisamment acquis pour qu’on puisse assurer un tel débat sereinement.
Personne ne nie que parfois on ne répond pas ce que l’on pense. Pour autant, aujourd’hui, il faut accepter qu’un non est un non. Ou plutôt, que tout ce qui n’est pas un oui éclairé, enthousiaste et libre est, par élimination, un non.
Hélas, Lucius - et son soutien masculin - refusent d’entendre les arguments avancés et y opposent des répliques basées sur la rhétorique afin de pouvoir les réfuter plus aisément : telle participante use - selon eux- d’un “homme de paille”, l’autre d’un “ad hominem”...
L’agacement, la frustration, la colère, la douleur aussi, montent, jusqu’au point où…
C* quitte le groupe… et nous avec ?
C* - une participante - a fait ce que chacun·e a le droit de faire : se soustraire à une situation douloureuse. Seulement, nous sommes dans l’incompréhension : pourquoi serait-ce à C* de partir, alors que nous nous sentions tous·tes agressé·es par les propos de plus en plus odieux ?
Nous poursuivons pourtant le débat… Face à un Lucius qui déclare que si son interlocuteur·ice déclare forfait, il considère qu’il a gagné.
Car il s’agit de ça ! Une bataille, un combat rhétorique où celui qui trollera le plus les femmes et minorité de genre sera le vainqueur. Quitte à rire des féminicides, des viols, des femmes battues, …
À la demande de certain·es participant·es, ayant notamment échangé en privé, Nicolas crée un groupe pour celleux qui se sont senti·es dérangé·es par l’évolution de la conversation.
29 octobre 2021 - Création de la “Cuisson du cul” : tout est dans le nom
Ainsi naît le groupe en non-mixité intitulé “Cuisson du cul”.
Nous y avons débriefé de l’altercation, nous nous sommes soutenu.es, avons applaudi les interventions des un·es et des autres lors du débat, la patience de certain·es, l’auto-préservation d’autres, l’acharnement de dernièr·es.
Par la suite, Nicolas a également exclu Lucius du groupe WhatsApp premium, après lui avoir expliqué les raisons pour lesquelles il procédait à cette exclusion.
Colère, sororité et adelphité : notre cocon à nous
Sur ce groupe, nous commençons très vite à échanger sur des thématiques liées notamment au féminisme et aux luttes contre les oppressions. À plusieurs reprises, nous nous sommes donnés des conseils, nous nous sommes soutenu·es, entraidé·es… dans un cadre bienveillant.
La plupart des participant·es (si ce n’est tous·tes) continuent à participer au groupe “classique” des abonné.es premium de l’Atelier et sur Cuisson du cul. Il nous est ainsi arrivé de commenter des conversations sur le groupe de l’Atelier qui nous mettaient mal à l’aise, en non-mixité.
Et c’est ainsi que cette adelphie a pu réagir lors d’un nouveau débat… compliqué.
28 janvier 2022 : Le raid Cuisson du cul
Suite à l’un des mails de Nicolas, la conversation s’est orientée sur la transphobie et les TERF (trans-exclusionary radical feminist). À nouveau, l’un des participants a réfuté, refusé d’entendre les arguments avancés, allant jusqu’à nier (ou hiérarchiser) les discriminations transphobes.
Nous nous sommes à peine concerté·es et sommes intervenu·es, en masse, avec une efficacité bouleversante.
De l’efficacité de la non-mixité.
On fait pas l’amour, on fait la guerre
Pourquoi on fêtera pas le 8 mars ?
En vrai, on était pas très chaud·es pour t’écrire un mail le 8 mars.
Déjà parce que ça fait 10 ans que les militant·es répètent à qui veut bien l’entendre que faudrait pas dire que c’est la journée de LA femme. Ou encore pire “la FÊTE de LA femme”. Il s’agit de la journée internationale DES femmes selon l’ONU et désormais de la journée internationale des droits des femmes pour la France.
Et c’est pas joyeux.
Ça ne devrait pas donner l’envie aux publicitaires de nous vendre un aspirateur à moitié prix ni à nos mecs de nous offrir des fleurs.
Ça devrait te donner envie de chialer. Et de rester à pleurer au fond de ton lit.
Et puis, on était pas très chaud·es non plus pour t’écrire ce mail parce qu’on commence bien à comprendre que vous voulez écouter les femmes seulement quand ça vous arrange.
Une journée dans l’année pour nous entendre vous expliquer que 113 féminicides (a minima) en France en 2021, c’est peut-être un peu beaucoup, ça vous semble suffisant.
Mais le 9 mars, pour nous, ça sera encore une journée de lutte pour les droits des femmes, pour les droits des adelphes, pour nos droits.
Le 10 mars aussi. Le 11 encore. Le 12 toujours… et tous les jours jusqu’à l’année prochaine.
Alors quand Jean-Mi à la machine à café vient nous souhaiter “une joyeuse fête de la femme”, on a un peu l’impression qu’il nous crache nos luttes à la figure et qu’il n’a rien compris.
Recommandations de la Cuisson du Cul
Parce que notre groupe est avant tout un partage pour apprendre à se déconstruire et à avancer, voici 6 recos de la maison Cuisson du Cul.
Exceptionnellement, les commentaires sont ouverts à tout le monde et pas uniquement les premium. Tu peux donc cliquer sur le bouton à la fin pour venir partager en commentaire tes trouvailles les plus empouvoirantes !
Reco #1 | Une newsletter : Culottée de Nina Ramen
Reco #2 | Un compte Instagram : Orgasme et Moi
Reco #3 | Une mini-série Youtube : Martin, sexe faible
Reco #4 | Un livre : Giulia Foïs , “Je suis une sur deux” (TW viol)
Reco #5 | Un compte twitter : Pépite Sexiste
Reco #6 | Un compte instagram : rosen.lev
Les cuiseuseur.euses de culs