Contenu fast-food vs contenu healthy
L’habitude d’avoir du contenu gratuit sur Internet est catastrophique. On a déjà vu ensemble les dégâts sur la santé mentale et la démocratie.
Mais ça fait aussi des dégâts sur le contenu lui-même : ça donne une prime à la junk food.
Le contenu junk food
Je ne vais pas te parler de TikTok qui ruine le cerveau des jeunes…
Il est probable que TikTok soit un des pires algorithmes en la matière. MAIS on oublie trop vite à quel point la télévision reste le virus numéro un. Et genre de loin.
Pourtant je vois beaucoup de gens se plaindre que TikTok pourrit le cerveau des jeunes mais pas beaucoup se plaindre que la télévision détruit le cerveau des vieux.
TikTok n’a pas inventé le contenu junk food.
C’est vieux comme la publicité.
Si le contenu est financé par la publicité alors il tendra forcément vers du contenu junk food.
Du contenu rapide à faire, rapide à consommer (et aussi à oublier). Du contenu qui peut devenir viral. Or, pour devenir viral il faut déclencher une émotion, le plus souvent une émotion forte et éphémère.
Parfois c’est du contenu marrant. C’est inoffensif. Mais souvent c’est du contenu qui fait peur.
Car, de toutes les émotions, la peur est celle qui se transmet le mieux.
L’exemple des attentats
La couverture des attentats est un excellent exemple. On sait depuis longtemps qu’une des armes les plus efficaces contre le terrorisme est de le couvrir comme un fait divers.
Or, que font les médias de masse ? Ils martèlent le sujet en boucle.
En cela, ils sont les alliés involontaires du terrorisme.
On avait reproché cette réaction au patron de BFM de l’époque des attentats de Charlie Hebdo :
Mais ça a le mérite d’être honnête…
Pour BFM un attentat est un jackpot.
Ça permet de faire plein de contenu junk food.
Mais Nicolas, c’est important un attentat !
Ça se discute. Vraiment. Mais admettons. Disons qu’un attentat c’est vraiment important à la hauteur de la couverture médiatique. Quel contenu qualitatif peut être produit en si peu de temps ? Aucun. Donc on a le droit à quoi ? Les mêmes images en boucle, des commentaires dans le vide…
Si je veux vraiment m’informer sur l’attentat je peux attendre qu’un contenu long sorte : un livre, un article détaillé dans un mensuel, un reportage, etc.
L’impasse des créateurs de contenu
Je jette la pierre aux médias financés par la publicité mais on peut aussi avoir de l’empathie pour eux. Dans le sens où l’habitude du contenu gratuit nous a mis dans une impasse.
Encore récemment je parlais à une créatrice de contenu bien plus connue que moi mais qui ne générait pas d’argent avec son contenu. Parce qu’elle cherchait des annonceurs publicitaires pour son podcast.
J’ai essayé de lui démontrer en quelques minutes qu’il valait mieux qu’elle crée du contenu payant. Je crois que j’ai réussi.
Mais ce qui était fou c’est qu’elle n’avait JAMAIS entendu parler d’un tel modèle. Pour elle c’était forcément la publicité qui finançait le contenu.
Cercle vicieux.
La vision de Substack
Substack c’est la plateforme depuis laquelle je t’écris. J’aime beaucoup le produit mais également l’entreprise. En effet, ils partagent cette vision avec moi. Je ne le savais d’ailleurs pas quand je me suis inscrit, mais je le sentais. Par exemple le fait qu’ils nous encouragent à avoir des abonné·es premium.
Pas de publicité
Il n’y a pas de quoi mettre des bannières publicitaires dans Substack. Ça n’empêche pas de faire des partenariats, mais l’interface ne nous y invite pas.
À la place elle nous incite à faire :
Du contenu payant
La recommandation c’est 1 contenu gratuit pour 4 payants.
Si je suivais cette recommandation je ferai deux emails gratuit par semaine puis tous les autres pour les premium.
Je fais l’inverse.
Pourquoi ?
Parce que j’ai décidé que ma source de monétisation principale ne serait pas le contenu email mais bien le contenu de formation.
Mais, dans les deux cas, ça oblige le créateur à faire de la nourriture healthy. En effet, le but c’est pas de créer un truc viral avec des gens qui ne reviennent jamais. Le but c’est d’avoir une communauté fidèle.
Le modèle de la « Long Tail »
Substack déclare viser le modèle Long Tail. C’est un modèle qui a notamment été popularisé par Amazon : au lieu de vendre uniquement les 1000 livres que tout le monde achète (comme le fait la Fnac), on va vendre tous les livres possibles.
L’idée c’est qu’on peut faire autant d’argent en vendant un livre à 1 million d’exemplaires qu’en vendant 1 millions de livres de niche à un seul exemplaire.
Bien sûr, c’est vrai que si et seulement si je n’ai pas de stock à gérer.
Substack promeut la même idée : leur but est d’avoir plein de petits îlots de création.
Ils ne gagnent pas plus d’argent quand on devient plus viral. Puisqu’ils ne se rémunèrent pas par la pub, ils se rémunèrent en prenant une commission sur les abonnements premium.
Pas d’algorithme
Le fait que le contenu Substack soit avant tout un contenu email fait qu’on a plus la dimension de l’algorithme. La mauvaise nouvelle c’est qu’aucun de mes emails ne devient vraiment viral. Alors que sur la plateforme Médium j’arrive à faire des hits de temps en temps.
Mais la bonne nouvelle c’est qu’aucun de mes emails ne fait d’énorme flop non plus. C’est un taux stable. Et du coup ça m’encourage à être régulier plutôt que de produire en dents de scie.
Ceci étant dit
Si tu aimes mon contenu…
… tu peux soutenir mon travail en prenant un abonnement premium.
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