J’avais décidé de ne pas aborder la question sous l’angle alcoolique ou pas alcoolique. Parce que je trouve que c’est plus néfaste que bénéfique : les gens se disent ok moi je suis pas alcoolique donc ça va.
Puis, l’une d’entre vous m’a envoyé
Mais alors comment savoir si on est alcoolique ou pas ?
Et finalement je me dis que c’est quand même pas mal d’avoir quelques notions.
Avant toutes choses : prends conscience du terrain
Je l’ai déjà dit mais c’est important ici : si tu habites en France tu ne peux pas te baser sur les gens autour de toi pour jauger ta consommation d’alcool. Car on est dans le top 12 mondial de la consommation d’alcool (devant la Russie).
Notion #1 : la consommation à risque
C’est le plus objectif à déterminer. Il s’agit d’un seuil en quantité. L’OMS conseille de ne surtout pas dépasser 10 verres standard par semaine.
Attention, un verre standard c’est :
25 cl de bière à 5 degré (pas plus)
10 cl de vin à 12 degré
3 cl de whisky/vodka/rhum à 40 degré
Si tu prends 2 demi d’une bière à 8 degré, en réalité tu as consommé 3 verres et non 2.
Ne parlons même pas de si tu mélanges dans un gobelet en plastique, un quart d’alcool fort avec 3/4 de “soft”. Là ça compte comme deux verres et non un. (Puisque tu as mis environ 6 cl d’alcool fort).
Or…
25% des français déclarent consommer plus que ça.
Dur de savoir exactement car c’est déclaratif.
Pendant mes recherches j’ai entendu des chiffres comme : les ventes d’alcool diminueraient de 40% si les Français respectaient la consommation limite.
Il est donc probable qu’il y ait en réalité un poil plus que la déclaration. Ce qui est sûr c’est qu’un bref calcul me montre que puisque les français consomment en moyenne 12 litres d’alcool pur par an et que 10 verres standard par semaine ça fait 8 litres d’alcool pur par an… bon bah… notre moyenne dépasse le seuil.
Voilà… il ne te reste plus qu’à compter. Ou plutôt à faire compter par une autre personne. Car, je suis toujours étonné de voir à quel point les gens sous-estiment le nombre de verres pris dans une soirée. Genre je vois une personne boire une dizaine de verres de mes yeux et le lendemain elle me dit qu’elle a bu 5 ou 6 verres.
Après… c’est aussi dû au fait que c’est dur de faire la conversion en verres standard.
Pour te donner un repère, dans ma formation à la santé mentale, le chiffre communiqué c’est que 9% des français adultes ont une consommation à risque. Et là on est bien au-dessus du seuil. On parle des personnes qui consomment entre 14 et 50 verres standard par semaine.
Une personne sur dix, donc. Tu as très probablement plusieurs personnes dans le cas dans ton entourage.
Notion #2 : le trouble de dépendance alcoolique
Tu peux avoir une consommation à risque sans éprouver de trouble psychique lié à l’alcool.
Une personne peut très bien boire régulièrement de l’alcool (au-dessus des seuils de sécurité de l’OMS), développer un cancer et en mourir. Sans jamais avoir vécu un trouble psychique lié à l’alcool.
Il faut séparer les deux.
Une personne peut bien évidemment se tuer au volant à cause de sa consommation d’alcool, sans pour autant avoir eu de trouble.
Voilà une des définitions que les pros de la santé mentale utilisent pour diagnostiquer “l’alcoolisme” (et c’est exactement la même pour n’importe quelle drogue, d’ailleurs).
On considère qu’une personne a un trouble psychique lié à l’utilisation d’une substance si elle coche au moins deux des cases suivantes dans la même année :
La substance est souvent prise en plus grande quantité que prévue ou plus longtemps que prévu
La personne passe beaucoup de temps à se procurer la substance, la consommer ou récupérer de ses effets
Elle n’arrive pas à réduire sa consommation
Elle éprouve un désir compulsif de consommer
Sa consommation affecte son travail, ses devoirs, ses responsabilités
Elle consomme en dépit des disputes/bagarres que cela génère avec d’autres personnes
D’autres activités sont négligées à cause de la consommation
Consommation répétée dans des endroits dangereux (la voiture par exemple)
La consommation se poursuit alors que la personne connaît les conséquences néfastes
Tolérance de la substance : elle a besoin d’augmenter les doses pour obtenir le même effet
Si elle ne consomme pas la substance elle a des effets de sevrage
Bien sûr, ce ne sont pas des mathématiques… encore une fois c’est pas binaire. Mais ça peut aider à se repérer.
On a également un test d’autodiagnostic en 12 questions sur le site des alcooliques anonymes :
Avez-vous déjà résolu d’arrêter de boire pendant une semaine ou deux, sans pouvoir tenir plus que quelques jours ?
Aimeriez-vous que les gens se mêlent de leurs affaires concernant votre façon de boire qu’ils cessent de vous dire quoi faire ?
Avez-vous déjà changé de sorte de boisson dans l’espoir d’éviter de vous enivrer ?
Vous est-il arrivé au cours de la dernière année de devoir prendre un verre le matin pour vous lever ?
Enviez-vous les gens qui peuvent boire sans s’occasionner d’embêtements ?
Avez-vous eu des problèmes reliés à l’alcool au cours de la dernière année ?
Votre façon de boire a-t-elle causé des problèmes à la maison ?
Vous arrive-t-il, lors d’une soirée, d’essayer d’obtenir des consommations supplémentaires parce qu’on ne vous en donne pas suffisamment ?
Vous dites-vous que vous pouvez cesser de boire n’importe quand, même si vous continuez à vous enivrer malgré vous ?
Avez-vous manqué des journées de travail ou d’école à cause de l’alcool ?
Avez-vous des trous de mémoire ?
Avez-vous déjà eu l’impression que la vie serait plus belle si vous ne buviez pas ?
Et là, ils estiment qu’à partir de 4 “oui”, le programme est fait pour toi.
Demander de l’aide
Tu peux, bien entendu, en parler avec la personne qui t’accompagne déjà sur ta santé mentale si tu en as une.
Tu peux sinon et aussi appeler un numéro dédié : Alcool info service.
09 80 98 09 30 (numéro non surtaxé)
Leur site contient également des ressources :