À partir du moment où une information déclenche en vous des sentiments vifs et négatifs, tels que la colère, le mépris : il y a problème. Très souvent il s’agit d’information-émotion. Autrement dit une “information” qui ne consiste pas à vous informer simplement mais à déclencher en vous des réactions fugitives.
Nos états mentaux, nos sentiments, ne doivent pas être dictés par les actualités : c’est le meilleur moyen de perdre toute objectivité. Un média, une chaîne, une émission qui mise tout sur l’information-émotion se discrédite et ne mérite pas qu’on s’y intéresse. Face à l’actualité ou à l’information générale, posez-vous la question suivante :
Cette information m’a-t-elle apporté quelque chose qui pourrait me servir concrètement, éclairer mes actions, m’inviter à réfléchir, me donner des idées ou au moins contribuer à instituer un monde commun pour dialoguer plus facilement avec autrui ?
Si la réponse est non, ou alors qu’elle s’oppose à au moins l’un de ces critères alors l’information n’a aucune valeur. (…) L’abus d’images répétitives, homogènes, sans nuance, anxiogènes, rapides, entrecoupées de publicité vole au téléspectateur toute occasion de penser.
Tu ne dois pas vivre d’émotion négative intense en consommant une “information”
C’est vraiment le point qui doit t’alerter que ça soit chez toi ou chez tes proches. Ce weekend j’ai observé ça chez une amie. J’ai essayé de lui dire non mais là c’est l’effet des news, tu devrais arrêter de regarder.
Quand l’actualité déclenche chez toi des émotions négatives fortes ce n’est pas toi le problème. Mais il y a un problème. Quelqu’un est en train d’échanger ton émotion contre de la pub de dentifrice.
J'ai compris leur technique Ils vendent de la peur pour mieux vendre du dentifrice
Peut-être que tu te dis qu’il est sain d’avoir peur face à certaines informations. Je comprends. Mais tu n’auras pas une peur intense. Par exemple, le dernier rapport du GIEC explique que la situation climatique est très délicate et qu’on a atteint un point d’irréversibilité pour certains pays, mais on ne cherche pas à te paniquer. On prend du recul, on te présente le problème en profondeur, on expose les solutions…
Tu ne ressentiras pas une peur intense parce que ce sera du contenu de bonne qualité, distillé à froid.
Mais, au-delà de cet indicateur, on va se poser la question de la qualité d’une “information” avec ce qu’elle permet de faire.
Un test en quatre questions
Voici un test qui nous permet de savoir si une “information” doit être boycottée ou pas.
Par exemple, prenons la presse qui rapporte que Macron veut emmerder les non-vaccinés. Faisons le test des 4 questions.
Est-ce que ça peut me servir concrètement ? Non. Sauf si je milite et que je veux me servir de ça contre lui. C’est d’ailleurs pour ça que je continue à suivre l’actualité même si je garde un recul : ça me permet de servir mes objectifs dans la lutte antiraciste. Là par exemple en ce moment, la seule actualité qui m’a vraiment interpellé c’est le traitement horrible des Noirs en fuite d’Ukraine.
Est-ce que ça éclaire mes actions ? Non.
Est-ce que ça m’invite à réfléchir ? Ça peut, mais vite fait.
Est-ce que ça me donne des idées ou au moins ça m’aide à dialoguer plus facilement avec autrui ? Non.
On a donc 3 non et un bof. Sachant qu’un seul non suffit à éliminer une “information”…
Attention au doomscrolling
Notre cerveau a un biais de négativité. C’est normal. Ne pas prêter attention à une bonne nouvelle a peu de conséquences, par contre rater un danger mortel et c’est la fin de partie.
Mais ce biais est exploité par les marchands d’actualité. Afin de nous faire scroller à l’infini (et donc consommer de la pub). Ce phénomène s’appelle le doomscrolling et voici un extrait de sa page Wikipédia :
Les professionnels de la santé ont indiqué qu'un doomscrolling excessif pouvait avoir un impact négatif sur les problèmes de santé mentale. Bien que l'impact global du doomscrolling sur les gens puisse varier, des études suggèrent un lien entre la consommation de mauvaises nouvelles et des niveaux plus élevés d'anxiété, de dépression, de stress, de crainte et d'isolation, allant même à des symptômes similaires au trouble de stress post-traumatique (TSPT)
Des professeurs de psychologie de l' Université du Sussex menèrent une étude dans laquelle les participants ont visionné des informations télévisées composées « d'informations positives, neutres et négatives ». L'étude a révélé que les participants qui regardaient les émissions avec des nouvelles négatives montraient une augmentation de l'anxiété, de la tristesse et des regrets personnels.Une étude menée par des chercheurs en psychologie en collaboration avec le Huffington Post a révélé que les participants qui regardaient trois minutes d'informations négatives le matin étaient 27% plus susceptibles d'avoir déclaré avoir vécu une mauvaise journée entre 6 et 8 heures plus tard. Comparativement, le groupe qui a regardé des reportages portant sur les solutions positives avaient déclaré à 88 % avoir passé une bonne journée.
(…)
Les experts suggérèrent également que la pratique du Doomscrolling pouvait perturber les habitudes de sommeil, réduire l'attention et provoquer une suralimentation. Les cliniciens ont également découvert que les médias portant sur la culture de la peur (ou fearmongering) pouvaient également affaiblir la capacité d'une personne à supporter un traumatisme.
Prends soin de toi et de ta santé mentale
Si je peux diminuer la consommation de news chez une seule personne qui me lit, ce sera déjà une victoire. Même si j’ai conscience que c’est trop dur et trop ancré pour qu’un email suffise.
J’ai regardé ma copine lire l’email. Elle m’a dit “c’est vraiment pas mal”. Puis son téléphone a envoyer une alerte qui s’appelait “Guerre en Ukraine”, elle a regardé. Puis y’en avait une autre, sur le même sujet, elle a regardé.
Et j’ai fait mais ? Mais ? Comment ça c’est pas mal et tu continues à regarder ces notifs ?
Elle a mis du temps à comprendre de quoi je parlais… car elle ne le faisait même pas vraiment consciemment.
C’est tout le souci du doomscrolling, on se shoote sans même en prendre conscience.
Où ai-je volé ça ?
L’extrait du début vient de la fin de cette vidéo qui analyse les effets des actualités sur notre santé mentale :
Ça mérite presque une mini infographie sur le biais de la peur