Comment Amy Webb a hacké Tinder

Comme je te disais hier, je ne dors pas assez cette semaine (et je suis tombé malade par dessus). Je viens donc de passer une heure sur cet email en oubliant qu’on était vendredi ! A ma décharge j’ai été désorienté par cette semaine qui commençait un mardi. Donc, exceptionnellement cet email sera envoyé à tout le monde (alors que normalement le samedi c’est uniquement pour les premium).

On reste dans le thème de cette semaine avec une conférence où une journaliste raconte son expérience des applications de rencontre. Si tu ne veux aucun spoil, tu peux aller directement regarder :

Sinon, on va résumer ensemble.

On a donc une conférence où Amy Webb raconte son expérience et surtout comment elle a fini par rencontrer son mari actuel.

La difficulté de trouver quelqu’un

Elle commence par un classique, presqu’un cliché du sujet.

Je le dis sans jugement puisque j’ai commencé mon stand-up sur les relations amoureuses exactement comme ça, il y a quelques années.

C’est-à-dire en calculant le nombre de personnes compatibles avec soi et qui vivent dans la même ville.

Avec quelques critères on arrive vite à un tout petit nombre de personnes en comparaison du millions de gens dans la ville.

Alors j'ai recommencé à faire des maths. Population de Philadelphie : 1,5 million d'habitants.

J'imagine que la moitié sont des hommes, on se retrouve donc avec 750 000 personnes. Je cherche un homme qui a entre 30 et 36 ans, soit une tranche d'âge qui ne représente que 4 pour cent de la population, je me retrouve donc avec 30 000 candidats. Je recherchais quelqu'un de confession juive, car je le suis, et c'était important pour moi.

Cela ne représente que 2,3 % de la population.

Je serais attirée probablement que par 1 homme sur 10 parmi ce groupe, et pour rien au monde je ne voulais avoir affaire à un golfeur passionné.

En conclusion, il y avait 35 hommes avec qui je pouvais potentiellement avoir un rencard dans toute la ville de Philadelphie

Voilà.

Parfois ça déprime. Mais en vrai il vaut mieux commencer par un périmètre trop petit plutôt qu’un périmètre trop large.

Parce que commencer par un périmètre trop large va nous faire prendre le risque de s’engager dans des relations avec une incompatibilité. Alors qu’au moins un périmètre trop petit on peut l’agrandir au fur et à mesure.

Il y a toujours eu des algorithmes de rencontre

Elle enchaîne avec un propos super important : je rencontre trop de personnes qui ont une position réac. Du type non mais de nos jours avec les apps.

Mais en vrai, comme souvent, on croit notre époque trop spéciale. Il y a toujours eu des personnes en charge de l’entremise. Ok ce n’était pas avec de l’informatique mais c’était le même concept. Le concept de l’agence matrimoniale.

“Tu es trop difficile”

C’est le propos le plus horrible et commun que j’entends autour de moi. Les familles qui infligent un tu es trop difficile.

Alors que les personnes qui disent ça appartiennent à deux catégories. La première : elles ont eu beaucoup de chances en rencontrant leur partenaire à un moment de la vie où on fait beaucoup de nouvelles rencontres, c’est-à-dire pendant les études.

La deuxième : elles sont elles-mêmes malheureuses en couple ou alors non-heureuses. Elles ont bâclé leur propre recherche et incite les autres à bâcler aussi.

Le problème ce n’est pas l’algorithme, le problème c’est NOUS

On se plaint parce que les applications comme Tinder nous conduisent à faire des rencards ratés. Mais… en même temps… est-ce qu’on remplit correctement nos profils ?

C’est le plus grand paradoxe : on a une grande motivation à dépenser du temps sur l’application mais pas à remplir correctement notre profil.

Du coup, comment l’algorithme peut faire correctement son travail ?

Et, malheureusement, si tu te mets à remplir ton profil ça ne suffira pas puisque les autres ne le font pas !

Amy a donc décidé d’inverser la démarche. De considérer l’application comme un stock de profils et de se charger elle-même de l’algorithme, c’est-à-dire du tri. Manuel, bien sûr.

Force est de constater que vous et moi ne sommes à leur hauteur lorsque l'on se retrouve face à des fenêtres blanches sur lesquelles l'on est supposé mettre nos informations personnelles en ligne.

Très peu d'entre nous ont la capacité d'être totalement et farouchement honnêtes avec eux-mêmes. L'autre problème est que ces sites nous posent des questions comme « Vous êtes plutôt chiens ou chats ? » « Vous êtes plutôt films d'horreur ou romance ? » Je ne cherche pas un correspondant. Je cherche un mari, d'accord ? Il y a un certain taux de superficialité dans toutes ces données.

Donc je me suis dit : « D'accord, j'ai un nouveau plan ». Je vais continuer à utiliser ces sites de rencontre, mais dorénavant je les considérerai comme des bases de données, et au lieu d'attendre qu'un algorithme me trouve quelqu'un, je vais essayer d'inverser tout le système. Sachant que des données superficielles sont utilisées pour me mettre en contact avec d'autres personnes, j'ai décidé de poser mes propres questions.

(Quelles étaient les petites choses auxquelles je pouvais penser, et que je cherchais chez un partenaire ? Donc j'ai commencé à écrire, écrire, et encore écrire, et à la fin, j'avais amassé 72 différentes données.

Je voulais quelqu'un qui soit Juif, donc je cherchais quelqu'un qui ait la même origine et les mêmes point de vue sur nôtre culture, mais qui ne me forcerait pas à aller à la synagogue chaque vendredi et samedi.

Je voulais quelqu'un de travailleur, car pour moi le travail est extrêmement important, mais pas trop travailleur quand même. Pour ma part, mes hobbies se limitent au lancement de nouveaux projets professionnels.

Je voulais aussi quelqu'un qui non seulement voulait deux enfants, mais qui aurait aussi la même attitude que moi en tant que parent, c'est à dire quelqu'un qui serait totalement d'accord avec le fait de forcer notre enfant à prendre des cours de piano dès l'âge de trois ans, et peut-être aussi des cours d'informatique si on pouvait s'arranger pour.

Des choses comme ça, mais je voulais aussi quelqu'un qui apprécierait s'aventurer, dans des endroits exotiques, comme Petra en Jordanie. Je voulais aussi quelqu'un qui pèserait toujours une dizaine de kilos de plus que moi, et ce quel que soit mon poids.

Donc j'avais maintenant ces 72 données, ce qui pour être honnête, est beaucoup.

Prioriser ses critères

Et là, sa passion pour les jeux de données va se mettre en route. Elle crée un système assez poussé de notation des profils.

Bon… la plupart d’entre nous ne pouvons pas faire ça.

Mais retenons la grande philosophie :

• Elle a classé les critères en deux catégories : tue-l’amour et bonus

• L’évaluation est progressive : plus elle connaît quelqu’un et plus il gagne ou perd des points

C’est exactement ce que je fais. Mais sans la notation précise.

Comment optimiser sa propre bio

Là encore, je te passe les détails même si c’est intéressant (tu peux regarder dans la vidéo). Je te garde un unique conseil qui résume bien les autres :

En fait, le secret est qu'il s'agit d'être plus accessible et d'aider les gens à mieux vous cerner pour qu'ils puissent s'adresser à vous de la meilleure des manières. Il s'avère, que le timing est également très, très important. Ce n'est parce que vous avez accès au numéro de téléphone portable de quelqu'un, ou à son compte de messagerie instantanée, et qu'il vous arrive d'être éveillé à 2 heures du matin, que vous allez choisir ce moment pour communiquer avec lui.

En un mot : empathie.

Il existe une formule de l’amour mais chaque personne a la sienne

Elle finit sur la meilleure des conclusions. Parfois on croit qu’il est impossible de s’éduquer à la recherche de partenaire et aux relations. C’est parce qu’on croit qu’enseigner quelque chose c’est nécessairement proposer une recette.

Alors que pas du tout.

Toute discipline n’obéit pas à une recette.

Il existe toujours de grandes règles. Mais la règle c’est pas forcément mets une chemise jaune et tu auras du succès avec les relations.

Ça peut être un grand principe qui va prendre des formes différentes pour chaque personne.

Par exemple : tu dois définir tes critères.

C’est vrai pour tout le monde. J’affirme que tout le monde est mieux avec critère que sans critère.

En revanche on ne peut pas donner une liste qui ira pour tout le monde.

Ou, dit dans les termes d’Amy :

Quelques temps après ça, j'ai trouvé ce gars-là, Thevenin, et il a dit qu'il était culturellement juif, il a dit que son travail consistait à chasser les bébés phoques de l'océan arctique, j'ai trouvé que c'était très intelligent. Il a parlé en détail de ces voyages. Il a mentionné beaucoup de références culturelles très intéressantes.

Il ressemblait et s'exprimait exactement comme que je le voulais, et il a immédiatement marqué 850 points. C'était assez pour un rendez-vous. Trois semaines plus tard, nous nous sommes rencontrés en personne, pour ce qui s'est avéré être un long entretien de 14 heures, qui nous a amené à déambuler d'un café à un restaurant puis d'un autre café à un autre restaurant.

Et quand il m'a raccompagnée chez moi ce soir là j'ai réévalué sa cote à -- [ 1050 points! ] - et vous savez ce que j'ai pensé à ce moment-là ?

Que je n'ai pas été assez pointilleuse auparavant.

Un an et demi plus tard, alors que nous voyagions, pas en croisière, à Petra, en Jordanie, il s'est mis ​​à genoux et m'a fait sa demande.

Un an plus tard, nous étions mariés, et environ un an et demi après, notre fille, Petra, est née.

(….) il s'avère qu'il existe bel et bien un algorithme pour l'amour.

C'est juste que ce n'est pas celui utilisé par ces sites de rencontres. En fait, c'est un algorithme propre à vous. Donc si vous êtes à la recherche d'un mari où d'une épouse ou que vous essayez de trouver votre passion ou que vous essayez de monter une entreprise, tout ce que vous avez à faire est de bien appréhender votre cadre de travail et de jouer selon vos propres règles, et n'hésitez pas à être aussi exigeant·e que vous le souhaitez.