Ceux qui acceptent le bizutage deviennent les pires bizuteurs
"Ceux qui te crachent dessus quand ils sont en haut sont ceux qui te cireront les pompes quand toi tu seras en haut…
…De la même manière, quand tu prends des gens de haut c'est que tu as tendance à laisser certaines personnes te prendre de haut"
Cette fois l'inspiration vient de Roman Frayssinet dans le podcast Nouvelle Ecole.
Plus j'avance, plus j'observe ce phénomène. Les personnes qui ont peur de chanter avec moi dans le métro (oui, oui je fais ça) sont aussi les personnes qui regarderaient mal un inconnu qui chante dans le métro.
Plus perturbant encore, dans mon école, mes camarades qui sont devenus les pires bizuteurs en seconde année étaient parmi ceux qui avaient le plus mal vécu le bizutage de première année.
Mais... tous les gens opposés au bizutage en première année ne sont pas devenus bizuteurs en seconde. Les gens qui avaient été jusqu'à boycotter les épreuves sont ceux qui en seconde année ont refusé de bizuter à leur tour. Ceux et celles qui sont devenus des bizuteurs sont les mêmes qui avaient baissé la tête devant le bizutage.
C'est donc important de ne pas maltraiter les autres, mais c'est encore plus important de ne pas laisser les autres vous maltraiter. Le mauvais traitement qu'on inflige à autrui trouve souvent sa racine dans le mauvais traitement qu'on s'inflige à soi-même.
Méfie-toi des personnes qui affirment avec fierté qu’elles sont super dures avec elles-mêmes. Très souvent c’est ce qui leur permet de justifier qu’elles sont dures avec les autres.
D’ailleurs je me rappelle, en école de commerce, quand on parlait de management on disait que les enfoirés sont ceux qui sont plus exigeants avec les autres qu’ils ne le sont avec eux-mêmes. Alors que quelqu’un qui est plus exigeant avec lui-même, qu’avec les autres, c’est ok.
Mais en vrai c’est super chelou comme manière de penser.
Admettons que tout le monde puisse subir le même niveau de pression (c’est déjà faux mais passons). Disons que 50 c’est un niveau normal de pression, 90 c’est une exigence comme dans le Diable s’habille en Prada et 100 c’est l’exigence qu’on attend d’un athlète de niveau mondial.
Est-ce que c’est ok d’attendre dans la vie normale une exigence de 100 sous prétexte qu’on se l’appliquerait aussi à soi-même ?
Tu imagines ce que ça donnerait quelqu’un qui est autant exigeant dans ses moments de divertissement que dans ses moments professionnels ?
Si tu t’appliques à toi-même des exigences d’athlète mondial pour organiser une sortie à la plage, c’est ton problème, pas le mien.
Ce n’est pas une compétition, ni une balance : ça ne s’équilibre pas. Si tu m’infliges une exigence trop élevée par rapport au contexte, ça va rien me changer que tu te l’appliques aussi à toi-même.