C'est quand je ne vous textote pas que je vais bien
Mon lit m'a fait boire un philtre d'amour - épisode 2
J’ai l’habitude de faire des dépressions.
Je dis que c’est le lit qui m’impose son amour. Mais j’aurais pu aussi dire que c’est mon smartphone. Je passe des heures et des heures devant le téléphone à faire…
Je ne sais même pas.
J’ai englouti des heures et des heures de vidéos et je ne pourrais même pas te dire ce que j’ai appris.
Enfin si… en vrai je pourrais te faire une analyse très complète non seulement du rapport de force entre Trump et Harris, mais je peux aussi te dire le rôle que jouent les Obama en coulisses, les guerres internes entre les néo-nazis et Trump, la folle théorie qui veut que Trump fait exprès de passer ses journées à jouer au golf au lieu de faire campagne, pour ensuite refaire une tentative de coup quand il aura perdu…
Je peux te raconter tous les scénarios possibles d’Avengers :
Et si Thanos avait tué tous les avengers ?
Et s’il avait tué l’autre moitié ?
Et si à la place de Thanos c’était Darkseid, le méchant de Superman ?
Et si y’avait Batman en plus ?
Et si y’avait toute la ligue de justice (Batman, Superman, Wonder Woman, etc)
Et si y’avait toute la ligue de justice mais aussi Darkseid en plus ?
Etc
Mais je ne peux pas te dire que j’ai pris du plaisir à me traînasser dans ces vidéos des heures avant de dormir et des heures après m’être réveillé.
Plus je suis déprimé, plus je suis aspiré par le téléphone.
C’est marrant parce que…
C’est uniquement quand je suis loin de mon smartphone qu’on me demande si je vais bien
Ça m’a longtemps agacé.
Quand je vais bien, j’ai des longs moments loin du smartphone. C’est assez logique parce que plus je vais mal plus j’ai envie d’aller sur le smartphone mais que ça marche aussi dans l’autre sens : trop aller sur son smartphone rend malheureux.
Alors pourquoi c’est quand j’arrête d’aller sur mon smartphone pendant une journée qu’on me demande si je vais bien ?
J’ai l’impression qu’on demande :
Hey, j’ai vu que ces derniers temps tu ne buvais plus autant d’alcool qu’avant… ça va ?
Bah non ! Il faut faire l’inverse.
Bon… cette année : pas de chance. En plus de la dépression je me débats avec un problème aux yeux. On me prescrit des lunettes.
Mais j’ai pas l’énergie d’aller faire des lunettes, de parler à des personnes inconnues…
En plus j’ai peur de porter des lunettes comme j’avais peur de me raser la tête.
Bon… bah finalement c’est pareil : c’était pas si horrible.
La machine à laver est tombé en panne. Manquait plus que ça. Des tâches administratives à gérer. Des aller-retour à la laverie.
Je disais : j’ai l’habitude de faire des dépressions.
Mais cette année j’aimerais bien ne pas sombrer.
Enfin… j’ai jamais voulu. Personne n’aime sombrer dans la dépression.
Je veux dire que cette année...
… j’ai un plan pour ne pas plonger.
Une mission par jour.
Je vais me fixer une mission par jour, hors du lit.
Une seule. Pas une de plus.
Je vais concentrer toute l’énergie vitale qui me reste sur ça.
J’arrête de mettre de l’énergie à expliquer aux personnes autour de moi. On se reverra après la dépression. J’arrête de m’habiller correctement. Je remettrai des jeans après la dépression. J’arrête d’arroser les plantes. Je les enterrerai après la dépression.
Toute mon énergie doit se consacrer à échapper à l’emprise du lit jaloux que je ne fusionne pas totalement avec lui.
Une mission par jour.
Sauf quand j’y arrive pas.
Une mission par jour. À peu près.
"C’est uniquement quand je suis loin de mon smartphone qu’on me demande si je vais bien"-> c'est tellement vrai. Je ne sais pas si c'est universel mais je le remarque chez moi, comme chez des proches.
A l'inverse j'ai une amie qui a posté soudainement et beaucoup sur les réseaux, directement je savais qu'elle n'allait pas bien.