Voici un retour d’expérience rapide de ce que j’ai observé chez moi suite à la psychothérapie. Ça n’a évidemment pas de valeur scientifique en soi. Voilà donc ce que j’ai observé en vrac
La fin de mes épisodes dépressifs
Avant la psychothérapie, je faisais des épisodes dépressifs réguliers. Parfois même des troubles dépressifs caractérisés. Toujours aux mêmes périodes : Noël, Avril, et mon anniversaire (juillet).
Si bien que je prenais ça comme une donnée fixe de ma vie.
J’ai été voir ma psy fin novembre, et 3 séances ont suffi à m’empêcher de faire ma traditionnelle dépression de Noël.
Comme quoi, les effets ne sont pas forcément à long terme. On peut aussi observer un effet très rapidement.
En tout cas on a enrayé la déprime d’Avril quand elle a commencé. Idem en juillet.
Le travail sur mon couple
Ce travail d’introspection m’a permis de comprendre des choses que je n’aurais pas pu comprendre avec uniquement le retour de ma partenaire. Ne serait-ce que parce qu’elle a un conflit d’intérêt. Mais pas que.
De par sa position, la psy voit des choses sur votre fonctionnement. D’autant plus qu’elle a l’habitude de voir des couples en pratique et qu’elle connaît également la théorie qui va derrière.
D’ailleurs le travail sur moi-même a coïncidé avec un travail sur mon couple. Avec des effets divers et variés comme le fait d’arriver à mieux gérer les disputes et ne pas reproduire à l’infini les mêmes schémas délétères. D’arriver au moins à les atténuer, les nommer.
La clairvoyance sur mon enfance
Si tu étais là pour la série Le cri des enfants tu sais de quoi je parle.
Rétrospectivement ça me paraît dingue d’avoir eu besoin d’une thérapie pour ça. Mais en même temps c’est le concept. Elle déroule une pelote de laine jusqu’à arriver à ce qui nous était caché par nous-même.
Renouer des amitiés
La thérapie a stimulé des rêves, des échos en moi. Des schémas, notamment sur la colère. Et j’ai pu réévaluer si j’étais content de l’endroit où la colère m’avait amené. J’aime ma colère, elle m’a souvent rendu service. Mais pas toujours. Et j’ai pu contempler les cas où ce n’était pas le cas. Pour ensuite essayer de les réparer.
Ça peut aussi avoir l’effet inverse : pousser à arrêter des relations qui ne nous conviennent plus.
Diminuer le sexisme en moi
Prendre conscience plus profondément de ses mécanismes internes, surtout ceux qui sont dans notre angle mort, permet aussi ça.
C’est d’ailleurs pour cette raison que je voulais une psy et non pas un psy : je voulais un regard non complaisant sur mon sexisme.
Décider de travailler davantage sur moi
Je travaillais déjà beaucoup sur moi. Mais là, le fait de payer quelqu’un change déjà la donne. Je ne sais pas comment l’exprimer mais le simple fait d’avoir pris la décision d’aller voir une psy a amélioré les choses. Simplement par cet effet.
D’ailleurs, la neutralité combinée au prix de la séance accélère tout. Par exemple, j’ai commencé ma première séance en lui disant que je n’étais pas prêt à lui raconter l’événement qui m’y amenait. Je pensais en parler au bout de plusieurs mois.
Que nenni.
Au bout de la seconde, on tournait en rond, je voyais l’heure tourner et mes euros s’envoler… alors j’ai pris tout mon courage et je lui ai raconté.
Idem, le fait de savoir qu’à la fin de la semaine j’allais devoir faire cette introspection faisait que j’y réfléchissais parfois à deux fois avant de me laisser aller à une colère que je regretterais par exemple. Car je savais qu’ensuite je ne serais pas fier de le raconter.
Une personne a réagi en disant « bah t’as qu’à pas lui dire »…
… sauf que justement, le principe de la psychothérapie (en tout cas la discipline de ma psy) c’est de dire. Donc ça reviendrait à saboter son travail.
Documenter mes pensées et revenir dessus
Ce n’est pas obligatoire mais entre chaque séance j’ouvre une note sur mon téléphone. Dedans je jette mes pensées.
Ça ressemble à un truc comme ça (j’ai flouté et/ou coupé les passages trop intimes) :
Pourquoi ai-je eu tant de mal à croire que j’étais pas moche ?
Je crois que je suis fou amoureux de moi.
Je suis ma propre mère. J’ai eu un ennemi puis une malade. J’avais pas le choix.
Je suis Peter Pan.
**** et **** sont des mamans
*** et *** sont des sœurs
Le ***** est une aide pour les faibles
Ma capacité à aimer… est-ce vraiment un problème pour moi ou pour les autres ?
Je crois que j’aime bien aimer
Elle chantait si faux. Mais c’était si beau
Ma sœur c’était vraiment un autre moi avant. Surtout qu’elle a **** avec ****
Que faire de ma haine contre **** et *** ?
Rêve : Je retrouve **** qui a survécu à une pendaison. Je la porte comme Harry et je la ramène.
“Ne t’en fais pas. Tout va mieux maintenant que je n’ai plus peur de ce que je ressens quand je te regarde”
Comme tu le vois, ce n’est pas ordonné, je mets des trucs en vracs, parfois des passages entiers de livre qui me font écho, ou des paroles de chanson. Mais ça suffit à me rappeler de mes états mentaux. Parfois je les relis et je suis surpris d’observer des tendances, de voir comment j’aurais pu mieux anticiper le futur si j’avais mieux lu mes propres pensées.
Recopier l’écoute de la psy
Je savais déjà le faire, je le faisais déjà avec mes élèves dans les points individuels. Mais voir une vraie psy le faire aide à le refaire. Bien entendu il ne s’agit pas de se substituer à une psy, surtout pas. Il s’agit d’utiliser cette posture d’écoute non intrusive. Une écoute sans projection, une écoute pleine mais à la fois distante (pour ne pas stresser la personne).
C’est utile par exemple quand quelqu’un raconte une intense douleur mentale.
Un langage de la psychée
Le mot psychée est d’ailleurs un mot de ce langage. Je trouve qu’avoir des mots sur les concepts permet de mieux les appréhender. J’ai découvert plein de mots : travail, mécanisme de défense, projection, transfert…
Ça permet de mieux se cartographier soi-même. Les autres aussi. Mais il faut faire extrêmement attention à ne pas étiqueter quelqu’un d’autre avec un mot qu’on pense. Ça peut être très dangereux.
M’autoriser à être aidé
J’y travaille encore. Ce n’est pas facile. C’est anticulturel. J’ai été abreuvé de rap qui dit :
Garde ma paranoïa près de moi.
Booba, tu sais pour qui j'plaide
Pas pour ceux qui saignent et qui s'plaignent.
Pour les visages plein d'plaies qui gardent le silence
Ou :
Je préfère foncer dans le mur que leur demander de m’indiquer la route
Mais je souhaite m’extirper de cette culture. J’aime beaucoup de choses dans la culture antillaise que j’ai reçue. Mais ça je n’en veux pas. Donc je travaille à m’en débarrasser. D’autant plus que je vois en quoi elle est une conséquence de la colonisation.
Dédramatiser la santé mentale et la psychothérapie
Enfin, j’ai pu voir par moi-même que la psychothérapie consistait “juste” en une discussion. C’est fabuleux quand on y pense.
On discute avec un autre être humain… dans des canapés ou des fauteuils… et notre bien-être s’améliore…
C’est à la fois fou et banal.
Merci pour ce partage. J'ai franchi le cap récemment et je confirme, c'est comme aller voir un coach sportif mais pour l'esprit. J'ai plus avancé en 3 séances qu'en plusieurs années sur des problèmes que j'avais pourtant identifiés sans arriver toutefois à les nommer précisément (ça fait une énorme différence quand on arrive à concevoir la chose il est plus facile d'agir dessus). Maintenant avec le recul ça me paraît évident mais pourtant j'ai eu longtemps le blocage. Quand on y pense aller voir un (bon) psy quand l'esprit va mal çela devrait être aussi évident que d'aller au garage quand sa voiture dysfonctionne. Pourtant dans le premier cas on arrive pas à l'accepter. Question d'ego peut être 🤔