Boycotter les news : 7 raisons

Les news font des dégâts immenses. Les news sont à l’information ce que le fast-food est à la nourriture. Comme pour le fast-food, les raisons d’arrêter (ou au moins de maîtriser sa consommation) sont innombrables. Mais on va en voir 7.

#1 | Les news sont inutiles

Contrairement au nom des endroits qui les distillent (chaîne d’information en continu), les news ne sont PAS des informations. C’est même l’inverse : c’est du bruit.

Essaie de te rappeler de la dernière fois que tu as pris une décision de vie grâce aux actualités ? Est-ce que ça t’a déjà aidé à trouver un job ? Non, au contraire, ça fait croire à toute une génération qu’il faut accepter de s’incliner face au patronat parce qu’il y a du chômage.

Est-ce que ça t’a déjà aidé à savoir où investir ton argent ? Non, au contraire, ça te fait croire qu’il faut te mettre aux NFT.

Est-ce que ça t’a déjà aidé à savoir où vivre ? Non, au contraire ça te fait croire que certaines villes sont des champs de guerre.

Est-ce que ça t’a même déjà aidé à savoir quelle musique écouter ? Non, on te montre la musique uniquement quand l’artiste est télégénique.

Est-ce que ça aide à voter ? Pas du tout, c’est plutôt un endroit où t’empêche d’avoir de la clarté en t’ensevelissant sous des choses futiles.

Du coup, ça te sert à quoi ? Pose-toi vraiment la question. Tu n’es pas ministre, tu n’as pas besoin d’être au top de l’actualité pour réagir. Donc pourquoi consommer des news ?

Si tu es honnête avec toi-même tu concluras probablement que le principal intérêt des actualités c’est d’avoir des sujets de discussion à la machine à café. Certes c’est pratique mais le prix à payer est énorme.

#2 | Les news sont superficielles

On ne peut pas produire du contenu de qualité chaque minute. Alors les producteurs d’actualité s’en tiennent au superficiel. Ce serait trop cher de produire chaque jour des enquêtes de fond.

Alors on te bombarde de trucs qui ont l’air important mais qui ne le sont pas vraiment. Par exemple, telle personnalité politique a fait telle gaffe.

On fait du commentaire de commentaire de commentaire. C’est marrant quand c’est du foot, mais ça devrait s’arrêter au sport justement.

Pire encore, on te fait croire que toutes ces choses superficielles sont d’une importance monstrueuse. Tu as déjà vu la neige à Paris, couverte par les actualités ? C’est un délire à chaque fois : on dirait que la fin du monde est arrivée.

On te fait croire que tout est un événement qui arrive une fois dans une vie.

Mais le pire du pire c’est que quand un tel événement ce produit, les actualités te font quand même rater le coche.

Repense à la couverture de la pandémie du coronavirus. Qu’est-ce que tu as vraiment appris en regardant les actualités. Personnellement, j’ai beaucoup plus appris en lisant des articles de fond et en lisant directement des vulgarisations de scientifiques.

En plus, les actualités utilisent la stratégie de la facilité à consommer. Personne ne veut lire un article de 30 minutes sur le coronavirus. Et, pourtant, j’ai plus appris en lisant un article qui s’appelle Coronavirus: Why You Must Act Now. Il est affiché à 27 minutes de lecture. En le lisant j’ai compris que le confinement était inévitable.

Cet article a été publié le 10 mars 2020. Alors que, 3 jours avant sur le site web de BFM, on avait un article intitulé : Emmanuel et Brigitte Macron au théâtre pour inciter les français à sortir malgré le coronavirus.

Cet article dure moins d’une minute à lire. Mais je peux en lire 50 comme ça et je serais moins informé que si j’avais juste lu l’article de fond de 30 minutes.

Pourquoi consommer les actualités quand on voit que même sur les événements qui arrivent une fois dans la vie, elles nous sont d’aucune aide.

Faut-il rappeler que ce sont les chaînes d’information qui se sont fait l’écho de Didier Raoult ?

#3 | Les news sont toxiques

Si les actualités étaient juste inutiles et superficielles à la limite ce serait une perte de temps et voilà. Mais on sait que les actualités sont toxiques pour la santé mentale. On pourrait faire tout un article dessus.

Et d’ailleurs, j’en ai fait un si tu ne l’as jamais lu. Je te le remettrai à la fin.

Sans rentrer dans les détails voici quelques éléments en vrac.

Premièrement, on observe des conséquences sur la santé mentale des personnes qui consomment les actualités. Ça peut aller jusqu’à des symptômes de stress post traumatique (PTSD). Certaines personnes ont développé du stress post-traumatique uniquement en regardant les “infos” pendant les attentats du World Trade Center.

Et, sans aller jusque là, j’ai moi-même observé des dégâts sur ma santé mentale après les attentats du Bataclan. Heureusement, j’avais déjà des notions de la dangerosité des actualités. Mais, le problème c’est que le phénomène est subtil donc même quand on le sait on n’y croit pas. Je n’y croyais pas moi-même. Mais le lundi soir, j’ai décidé d’arrêter d’aller sur cnews et BFM… le mardi matin j’allais beaucoup mieux.

“Les actualités déclenchent constamment le système limbique. Les histoires qui font peur activent la libération de cascade de glucocorticoïde (cortisol). Cela dérègle votre système immunitaire et inhibe la diffusion des hormones de croissance.

En d’autres termes, votre corps se trouve dans un état de stress chronique. De haut taux de glucocorticoïde causent des problèmes de digestion, des problèmes de croissance (cellules, cheveux, système osseux), de la nervosité et une plus grande vulnérabilité face aux infections virales.

Les consommateurs d’actualités prennent le risque d’altérer leur santé physique. Les autres effets secondaires potentiels des actualités incluent la peur, l’agressivité, une vision tunnel et une insensibilisation.”

Relis ce passage. Vraiment.

Mais genre vraiment.

Le stress n’est pas juste une émotion désagréable : c’est l’effet d’une hausse de cortisol et ça a un effet concret physique sur toi.

Même si on revient à la mission d’information on est loin du compte. Tu seras toujours mieux informé·e par un livre, une conférence de fond, un podcast. Pire que ça : on observe aux USA que les personnes qui consomment Fox News ou CNN sont moins bien informées que les personnes qui ne suivent rien.

Je n’ai pas trouvé d’équivalente en France mais je suis convaincu qu’une personne qui “s’informe” uniquement avec Cnews en ressort avec moins de lucidité.

Ne parlons même pas de la responsabilité terrible des chaînes d’information en continu dans la publicité du terrorisme.

#4 | Tu as besoin de recul, pas de te plonger dans le guidon

Il y a un phénomène bien connu des personnes qui investissent : l’effet zoom.

Si on regarde le cours du Nasdaq aujourd’hui, c’est hyper chaotique :

Mais si on le regarde sur 5 ans, c’est bien plus stable :

Sur 5 ans, on voit que globalement c’est une hausse continue. C’est quand on zoom qu’on voit toutes les montages russes et qu’on peut se mettre à paniquer.

Voilà comment il est possible d’être moins informé·e quand on regarde plus fréquemment une donnée.

C’est comme si tu devais prendre une décision à partir du vainqueur d’une course de cheval : voir tous les rebondissements de la course va juste te stresser. Autant attendre directement le résultat.

Sans compter que, généralement, ce que tu vas trouver dans les actualités se sont des opinions plutôt que des données. Voilà comment on se retrouve à demander à des philosophes comme Onfray leur avis sur l’attitude à avoir face au confinement. Au lieu de le demander à des épidémiologistes.

#5 | Les news sont conçues pour être toxiques

Ce n’est pas un complot, mais ce n’est pas un accident non plus. Le modèle économique des news combiné à la boîte d’amplification des réseaux sociaux fait des dégâts monstres.

D’ailleurs, on accuse souvent les réseaux sociaux de dégrader notre santé mentale. Mais souvent on confond réseaux sociaux et actualités. Parce qu’on consomme beaucoup nos actualités via les réseaux sociaux.

La plupart des médias d’actualité sont subventionnés par la publicité. Parce que personne ne veut payer pour ça.

Le problème c’est que les publicitaires ont tout intérêt à te susciter des émotions comme la peur ou la colère.

L’angoisse entrave l’esprit critique et crée un besoin de consommer : quand on se sent menacé on veut consommer. Plus nous sommes stressés, plus nous nous tournons vers le sucre et les féculents, le sucré et le gras.

Le problème c’est que les médias ont tout intérêt à te montrer des choses virales. Parce que la publicité ça paie très très mal.

Mais vraiment très très mal. Pour te donner un ordre de grandeur, avec 3 500 abonnés l’Atelier génère autant de revenus que la chaîne d’un YouTubeur que j’adore et qui a 375 000 abonnés. Pourquoi cette différence astronomique ? Parce que je vends mes propres produits (mes formations).

En effet, qui dit publicité dit que tu parles du produit d’une autre personne. Or, cette autre personne peut te donner quelques centimes sur son euro de revenu, pas plus. Pour faire un RSA (net) sur YouTube il faut faire environ 1 million de vues par mois. Pour faire un SMIC (net), il faut faire environ 2,4 millions de vues par mois.

Les actualités doivent donc générer beaucoup de vues pour gagner de l’argent. Beaucoup beaucoup de vues. Donc il faut choisir des contenus viraux. Un patron de média ne cherche donc pas à faire les contenus les plus informatifs, il cherche à faire les contenus qui font le plus de vues.

Et… c’est comme en nourriture, ce qui fonctionne le plus facilement c’est la fast-food.

#6 | Si c’est gratuit c’est parce que tu es le produit

On devrait te payer pour consommer des actualités. D’ailleurs, il n’est pas exclu qu’un jour où nous paye pour regarder des publicités.

En écrivant cette phrase je me rappelle que ça a déjà existé : uTip rémunérait 5 centimes par pub visionnée. Mais, comme je te disais, la publicité ça paie mal. Ils ont donc arrêté de le faire il y a deux ans :

Certains se souviendront probablement d’une époque où un visionnage de publicité sur la plateforme permettait de gagner 5 centimes. À cette époque, il s’agissait d’un niveau que nous estimions respectueux du temps d’attention des internautes

(…)

Force est de constater que la publicité frustre autant les créateurs que les utilisateurs. 1 centime la publicité vue est un revenu que tous trouvent très bas. Alors que c’est un niveau de prix qui nécessite déjà un combat de la part de uTip pour l’obtenir – et qui est inatteignable actuellement.

Les internautes ne regardent donc de la publicité que quelques fois avant de se lasser, et les créateurs estiment le revenu trop faible par rapport à l’effort nécessaire pour convaincre les internautes de venir sur la plateforme.

Les réalités du marché de la publicité nous ont obligés à évoluer vers un mode de soutien où il ne suffit plus de regarder 20 pubs pour donner 1 €, mais où il faut en regarder 100, soit passer 50 minutes sur un ordinateur à regarder de la publicité …

On devrait te payer parce que c’est ton temps d’attention qui est vendu aux annonceurs. Le produit d’un média d’actualité ce n’est pas l’actualité, c’est ton temps de cerveau disponible. L’actualité n’est que l’appât pour l’obtenir. Le client ce n’est pas toi, le client c’est la personne qui met sa publicité.

#7 | C’est un contenu trop court pour être pertinent

Oui, il existe des vidéos de 3 minutes qui changent des vies. Mais c’est rare. La plupart du temps, court ça veut dire mauvais.

Surtout quand c’est à chaud. Faire du contenu court de qualité ça demande un énorme recul.

Voilà pourquoi tu as tout intérêt à couper tes notifications, tes alertes news… pour aller consommer du contenu de fond. Des articles à froid.

Tu auras toujours le temps de revenir sur l’événement s’il est important. Et, le temps permettra de distinguer le bruit de l’information.

Tu crois que tu n’as pas le temps car les médias te font toujours croire que c’est urgent et que c’est la fin du monde qui arrive.

Mais…

Ce.

N’est.

Pas.

La.

Fin.

Du.

Monde.

Et en vrai, même si ça l’était… ça te servirait à quoi de le savoir 5 minutes avant ?

Pour aller plus loin

J’ai écrit un article entier sur le sujet : https://medium.com/dépenser-repenser/pourquoi-suivre-les-actualit-c3-a9s-est-dangereux-pour-ta-sant-c3-a9-mentale-88dde5c1486b