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Avoir un·e proche suicidaire

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Avoir un·e proche suicidaire

Apr 7, 2023
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Avoir un·e proche suicidaire

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Hier je t’ai parlé du fait qu’on devrait prêter davantage l’oreille quand les gens disent qu’ils ont des envies suicidaires.

L’un d’entre vous m’a alors raconté la culpabilité qu’il vivait parce que son frère s’était suicidé il y a plus de dix ans.

Je ne remets pas l’email en entier car je ne veux pas que la précision du récit le sorte de l’anonymat. Mais voici la fin :

J'ai eu cette forme de rejet, voire de mépris lorsqu'il [mon frère] parlait de son suicide (car oui, il en a parlé à maintes reprises).

Même si ce n'est pas le sujet du jour, je pense que si tu pouvais parler de cette culpabilité et de la manière de la combattre ou de l'accepter pourrait peut-être aider des personnes dans ma situation.

Et je peux pas ne pas vous parler de ce sujet. En effet.

Je n’avais pas pensé à l’autre côté de la barrière. Alors que pourtant j’ai moi-même été de ce côté. Souvent.

Quand j’avais 16-17 ans j’ai très mal réagi à la tentative de suicide de ma mère. C’était ma première fois.

Mais en même temps…

Nous ne sommes pas des pros

Si tu as fait les erreurs que j’ai listées hier, ne te flagelles pas. Tu as fait du mieux que tu pouvais.

Je ne me flagelle pas pour ma réaction à 16 ans. J’étais un enfant à qui on avait de surcroît imposé la religion chrétienne qui dit que le suicide est un aller-simple pour l’enfer.

La compassion…

L’idée du propos d’hier c’est de s’améliorer à partir de maintenant. Et non pas de culpabiliser les personnes qui ont fait les erreurs.

Après tout, tu n’es pas une personne professionnelle de la santé mentale.

Enfin… si, je sais que vous êtes au moins deux psys à me suivre. Mais… pour la plupart. Et…même les personnes professionnelles font des erreurs.

Ce n’est pas de ta faute

Sauf si tu as incité explicitement une personne à se suicider en la harcelant, ça ne peut PAS être de ta faute. Même si tu as manqué d’écoute, même si tu n’as pas pris au sérieux la probabilité.

Ne pas prendre au sérieux le propos c’est aussi un mécanisme de défense pour ne pas mourir de stress.

Ce n’est pas non plus la faute de la personne qui est passée à l’acte.

Il faut vraiment qu’on se rappelle que le trouble dépressif caractérisé est un trouble psychique. Une “maladie”.

Je le disais hier : les idées suicidaires sont incontrôlables pour la personne qui les subit.

C’est la faute à pas de chance.

Tu as AUSSI besoin d’aide

J’ai moi-même été souvent de l’autre côté de la barrière. J’en ai écrit une chanson. Voici un extrait :

Toujours prêt ça t'effraie
C'est devenu un réflexe
Tu répètes que ça va
Mais tu attends la perte

Je vis à bout de nerf
Ça peut arriver n'importe quand
Et je fais tout en attendant
Pour faire comme si j'vis normalement

(...)

C'est sa vie au bout du fil
La plus précieuse à tes yeux
Se régalent les cinéphiles
C'est vraiment tordu comme jeu

Si tu perds c'est Tchernobyl
Ta vie n'aura plus de joyeux
Tu bégaies tu te défiles
Tu en réponds devant eux 

[Choeur]

Et ça sonne, 
et ça sonne, 
et ça sonne, 
et ça sonne,
et ça sonne, 
et ça sonne, 
et ça sonne,

Je me noie,
je me noie,
je me noie,
je me noie,
je me noie,
je me noie,
je me noie

J’avais essayé de retranscrire cette notion d’angoisse et de charge sur le dos. La responsabilité de ce qui se passe si on se trompe dans ce qu’on dit à la personne qui exprime l’envie de se suicider.

Mais aussi l’intensité de la pression.

On a tendance à minimiser en se disant : non c’est l’autre qui a besoin d’aide.

Mais tu as besoin d’aide toi aussi.

Tu dois prendre également soin de toi. Que ça soit avant, pendant ou après : tu as besoin d’aide.

Cette aide peut venir de tes proches ou d’une personne professionnelle, mais toi aussi tu risques de t’isoler.

Je me suis moi-même souvent isolé dans ces situations. Alors que j’aurais pu être aidé par d’autres personnes (sans avoir à trahir la confidentialité des échanges avec la personne qui a des idées suicidaires).

Quelques recommandations

Hier je t’ai parlé de la formation des premiers secours en santé mentale. Voici quelques recommandations pour faire face à la crise suicidaire. Attention, il est évident que ça ne remplace pas une aide professionnelle. De la même manière que les premiers secours en santé physique ne dispense pas d’appeler un médecin.

Pour commencer trois précautions avant de demander à une personne si elle a des idées suicidaires.

  1. Tu te sens capable d’entendre un oui

  2. Tu es dans de bonnes conditions de disponibilité et d’écoute

  3. Tu sais quoi faire si on te répond oui

Dans le cas contraire, n’hésite pas à trouver une autre personne qui pourrait le faire.

Ensuite, voici un autre extrait de la formation :

N'importe qui peut avoir des idées suicidaires.

Si vous pensez que cela peut être le cas d'une personne, vous devez lui demander directement.

À moins que quelqu'un d'autre vous le dise, le seul moyen de savoir est de lui poser la question.

Par exemple: « As-tu des idées suicidaires? » ou « Envisages-tu de te donner la mort ?»,

Prenez ou sérieux toute idée suicidaire et agissez

Ne prenez pas les pensées de la personne pour une manière d'attirer l'attention ou un simple appel à l'aide.

Bien qu'il soit plus important de poser la question directement que de se préoccuper de choisir les bons mots, veillez à ne pas formuler votre question de manière orientée ou critique comme: « Tu n'envisages pas de faire quelque chose de stupide? »

Mais surtout… on en a parlé hier… demander à la personne ne va PAS augmenter les chances de passage à l’acte. Bien au contraire :

Demander à une personne si elle pense au suicide n'induira pas chez elle d'idées suicidaires ou ne provoquera pas de passage à l'acte. De même si une personne est suicidaire, lui poser la question n'augmentera pas le risque qu'elle passe à l'acte.

Au contraire, cela lui donnera la possibilité de parler de ses souffrances et lui montrera que quelqu'un s'inquiète pour elle

Ceci étant dit… que faire quand une personne nous partage des idées suicidaires ? Toujours selon la formation :

Il faut déjà avoir en tête que le plus important c’est de montrer qu’on se préoccupe plutôt que de chercher les bons mots.

Il s’agit de donner toute son attention avec une empathie maximale. Il ne faut surtout pas fuir le mot suicide. Afin de lever toute ambigüité. La question doit être posée directement.

Si tu le peux tu dois :

  • Rester calme

  • Ne jamais juger (et ça comprend le fait de ne pas la culpabiliser sur son idée suicidaire)

  • Résumer et reformuler

  • Garder l’empathie au maximum

Et tu dois faire attention à :

  • Ne pas rentrer en débat au sujet des idées suicidaire

  • Ne pas faire de leçon de morale

  • Ne pas employer la menace pour l’empêcher de se suicider

  • Ne pas minimiser ses problèmes

  • Ne pas l’infantiliser en prenant des décisions à sa place

Une échelle sommaire d’évaluation du risque

Il existe des échelles professionnelles d’évaluation du risque suicidaire. Ce n’est pas le propos ici car tu ne dois surtout pas te substituer aux professionnels.

En revanche, une échelle informelle (reposant sur les concepts fondamentaux) peut être d’une grande utilité. Moi ça m’a énormément servi. De présenter l’échelle à une personne et lui demander où elle se situe elle-même sur l’échelle :

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