Au-delà de la psychose : les punaises de lit
En ce moment une psychose s’est emparée des médias autour des punaises de lit. J’entends tout et n’importe quoi et ça me fait bouillir parce que :
Je connais bien le problème puisque je suis dans un scénario cauchemar depuis maintenant deux ans.
Je sais aussi que ma situation est très rare et que donc il est inutile de paniquer
Un des deux dégâts des punaises est méconnu et personne n’en parle : la stigmatisation permanente. Or, la psychose rajoute à cette stigmatisation.
J’avais prévu de t’écrire sur plein de sujets cette semaine, mais là je me dis que trop c’est trop. Il faut éduquer sur le sujet : sans panique et sans superstition.
Connaître l’ennemi
Les punaises de lit sont un insecte qui se nourrit de sang. Comme les moustiques. Ni plus, ni moins. La différence c’est qu’une seule punaise peut piquer beaucoup plus de fois qu’un moustique. D’où l’énorme désagrément : on ne peut pas dormir d’une traite dans un lit infesté de punaises. Alors qu’on peut quand même dormir avec des moustiques.
Mais surtout…
C’est gros !
Je le redis : c’est gros !
Alors… c’est petit. Mais c’est gros. Je me rappelle quand dans le passé j’avais peur d’avoir des punaises de lit et que je cherchais des trucs microscopiques.
Non.
C’est vraiment la taille d’un pépin de pomme. Donc par exemple, moi je vois sans souci une punaise de lit adulte à une distance de 2 ou 3 mètres, si elle est sur un tissu blanc. Car elles sont marron.
Les “ados”, je les vois sans souci à 1 mètre.
Et les oeufs font la taille d’un demi grain de riz (et en ont la couleur). Mais pareil : sur une surface sombre ils se voient.
Donc inutile de paniquer sur des trucs vraiment tout petit.
Alors… attention… c’est pas parce que c’est gros que tu vas forcément en voir si tu en as. Parce qu’elles se cachent en permanence, justement parce qu’elles ont un énorme point faible…
Elles sont TRÈS lentes
Ça va à la vitesse d’une fourmi, pas d’un cafard. C’est très lent. Si jamais tu vois une punaise, elle n’aura pas le temps de s’échapper avant que tu la tues.
Selon GPT, il faut 8 minutes à une punaise de lit pour parcourir 2 mètres. C’est cohérent avec ce que j’ai observé quand j’en voyais sur mon lit (je t’épargne la vidéo).
Alors qu’il faut une demi-seconde à une souris lancée à pleine vitesse pour faire 2 mètres. Et 1,5 seconde à un cafard.
Les punaises cumulent un deuxième point faible
Elles ne VOLENT PAS
Non seulement elles marchent lentement mais elles ne volent pas. Ça en fait des cibles très très facile à tuer une fois que tu as un contact visuel.
Le problème c’est qu’elles attendent que tu dormes pour te piquer et, comme les moustiques, elles t’injectent un anesthésiant donc tu ne sens pas la piqûre en direct. Sinon tu te réveillerais et tu les tuerais.
Elles détestent la lumière
Les punaises sont photophobes : non seulement elles se déplacent la nuit pour ne pas que tu les repères mais la lumière est une souffrance pour elles. La lumière augmente leur stress, ralentit leur métabolisme et les dissuadent.
Alors… la lumière ne suffira pas à les arrêter si elles repèrent que tu dors (grâce au CO2 que tu dégages), mais ça va les ralentir.
Elles ne supportent pas les températures extrêmes
Leur dernier énorme point faible c’est leur incapacité à résister au chaud et au froid. Elles ne survivent pas à une machine à laver réglée à 60 degré. Elles ne survivent pas plus de quelques jours dans un congélateur.
Bah alors où est la menace ?
Tu t’en doutes, si on parle autant de punaises de lit c’est qu’elles ont des points forts énormes pour compenser. À commencer par :
Une vitesse de reproduction inouïe
Une seule femelle peut pondre jusqu’à 500 oeufs dans une vie. C’est-à-dire 5 par jour.
C’est pourquoi il faut réagir extrêmement vite quand on a une infestation. La vitesse d’intervention va vraiment faire toute la différence entre un traitement léger ou un traitement lourd.
Elles peuvent rester plusieurs mois sans manger
Leur nourriture c’est ton sang. Mais il ne suffit pas de partir quelques jours pour les affamer et faire fuir.
Mais leur vrai point fort c’est le dernier :
Elles sont très résistantes à la chimie
C’est la différence avec les moustiques : elles sont vraiment résistantes. J’ai déjà aspergé une punaise d’insecticide anti-punaise sans qu’elle ne bronche.
Elles ont développé une résistance à nos insecticides. Par conséquent, c’est quasiment inutile d’utiliser un insecticide du commerce. Il faut un insecticide d’une toxicité telle que le prestataire va venir en combinaison la passer chez toi et que tu devras quitter ton logement quelques heures.
Bonne nouvelle cependant : il existe une substance qui les tuent physiquement et non chimiquement. Cette substance s’appelle la Terre de Diatomée. Ça leur fait comme plein de coups de poignards. Mais le problème c’est que, du coup, elles peuvent mettre des jours à mourir.
L’autre problème c’est qu’il faut qu’elles passent exactement dessus pour mourir. Donc si tu laisses la moindre faille dans la barrière, elles contournent.
La transmission
Un des points qui m’énerve le plus avec la psychose c’est l’exagération du taux de transmission.
J’ai été dormir chaque semaine chez ma partenaire alors que j’en avais chez moi. Et… il n’y a jamais eu de transmission.
Bien entendu, on a pas fait n’importe quoi, mais on a pas non plus pris des mesures drastiques. Simplement moi je luttais de mon côté contre les punaises donc l’infestation a toujours été contenue et ensuite on faisait juste un peu attention avant de mettre un vêtement dans un sac, on le regardait vite fait.
En fait c’est un peu comme le covid. D’ailleurs GPT me dit :
Dans le scenario le plus favorable (infestation légère et mesures barrières Covid bien appliquées), les risques semblent comparables, de l'ordre de 10-20%.
Dans le cas contraire, l'infestation par les punaises de lit semble présenter un risque sensiblement plus faible que celui de contracter le Covid-19 au sein de son foyer.
Alors que quand on écoute les gens on dirait que c’est du 90%, limite. Bien sûr que 10% de probabilité c’est beaucoup. Mais c’est petit à la fois.
En même temps, c’est logique… si les punaises de lit se transmettaient si facilement alors on en aurait déjà partout.
Tu me diras qu’avec 10% j’aurais dû en ramener chez ma copine. Mais y’a un autre paramètre : ça dépend de la taille de l’infestation. Or, moi ma situation c’est que je n’arrive pas à toutes les tuer. J’en ai à chaque fois des résiduelles et ça reprend.
Je dis “je” mais en réalité c’est la propriétaire de l’appartement voisin qui refuse de traiter son appartement donc quand je traite les punaises vont se réfugier à côté puis reviennent.
Du coup, à part au tout début, mon infestation est restée petite.
Le problème est ancien
D’ailleurs, comme “l’épidémie” s’accélère, on a la psychose. Mais, comme mon cas l’indique, l'infestation a commencé il y a un moment. J’ai même vu un chiffre qui disait que 10% des français avaient été infestés entre 2017 et 2022 (j’en fait partie).
Mais ce n’est pas nouveau.
Ce sont les voyages qui augmentent le rythme du brassage. Car on les ramène des endroits où on dort.
On sait s’en débarrasser
Tu l’as compris, elles ont de vrais points forts mais également de vrais points faibles. Donc s’en débarrasser est normalement “facile” si tu appelles des professionnels.
Les histoires d’horreur sont généralement dans deux cas de figure :
Les victimes sont trop pauvres pour payer un traitement (tout le monde ne peut pas sortir 800€ comme ça).
La victime habite à côté d’une personne qui ne traite pas (c’est mon cas).
Mais… relax… si ça t’arrive et que tu appelles des professionnels tu finiras par t’en débarrasser.
Je dis pas que ça sera évident, mais ça ne sera pas impossible.