Analyse de la chanson
Hier je te parlais des coulisses de la série de texte. Aujourd’hui on va fouiller le sens de la chanson. En tout cas, le sens que je comprends. Car, la littérature a un truc de magique c’est que le sens entier échappe à la personne qui écrit.
Est-ce que Harry Potter est une allégorie du coming out ? Le fait de devoir se cacher pour une différence perçue comme anormale par les “moldus”… y’a eu beaucoup de théories là-dessus (qui ont évidemment perdues en force depuis les prises de position de l’autrice). A-t-elle fait exprès ? Peu importe : le texte veut aussi dire ce que le public reçoit.
Est-ce que Matrix est une allégorie de la transidentité ? Un humain découvre que tout ce qu’il pensait sur le monde est faux, qu’il est en réalité enfermé dans cette réalité et que s’il accepte une manoeuvre dangereuse il peut en sortir. Pareil, il y a eu beaucoup de théories… puis une des deux autrices a confirmé. Déjà par sa propre vie, et ensuite dans une interview.
La dette insurmontable
Qui va payer pour les enfants qu’on a frappé Pour les éduquer 20 ans plus tard tout le monde bégaie et demande d’excuser Qui va payer pour les enfants qu’on a frappé Pour les éduquer 20 ans plus tard tout le monde bégaie
C’est la question que je me pose inlassablement. Je l’ai posée à mon père, à ma psy. Personne n’est capable de répondre. Parce qu’il n’y a pas de réponse. Qui va éponger la dette ? Il y a prescription, les individus sont désormais d’autres personnes.
Les personnes qui me frappaient n’existent plus vraiment. Et puis comme on ferait pour rembourser ? En les frappant à mon tour ? J’en ai totalement envie. Sauf que je suis un adulte et eux aussi : je ne bénéficierai donc pas de l’immunité.
D’ailleurs je dis que j’ai envie mais je ne me vois pas frapper un autre humain (non consentant), je ne l’ai jamais fait.
Et, pour la répétition, j’ai trouvé ça marrant de finir par “bégaie”. Ça tue la rime et la symétrie mais ça retranscrit l’idée du bégaiement.
En couple avec moi-même
J’vais te fouetter, te fouetter
Comme ma mère quand j’avais douze
J’vais tout péter, tout péter
Car je suis ma propre épouse
Double sens : on me frappait quand j’avais douze sur vingt en sixième. Et on me frappait également quand j’avais douze ans.
Puis un autre double sens : c’est dur d’être en couple avec moi parce que je m’aime plus que j’aime l’autre personne. Je suis toujours en ménage à trois. Mais on peut aussi lire que je vais “péter” au sens classique dans le rap, c’est-à-dire “réussir”.
C’est plus facile de réussir quand on s’aime. Car, pour le coup, mon estime de moi n’a pas été atteinte par les coups. Ou alors peut-être que j’avais une réserve gigantesque.
Tu vas cramer tu vas cramer
Si je t’aime nous serons jalouses
C’est Jésus qui nous a appris
À nous rouler dans la bouse
Même idée. “Tu” c’est ma partenaire amoureuse. Toujours cette idée que je suis en ménage à trois. Que mes partenaires sont toujours jalouses de la relation avec moi-même, et que moi-même est jaloux d’avoir une “intrus” dans le duo que je forme depuis ma naissance.
La suite, je sais même pas pourquoi j’ai écrit ça. J’étais en état de création. Mais en relisant je comprends que le christianisme nous a appris la haine de soi et que c’est ce qui fait qu’on a du mal avec les gens qui s’aiment eux-mêmes.
Devenir soi, devenir Noir
J’ai vomi, j’ai ravalé pour devenir un putain d’nègre
J’ai couru pour échapper redevenir blanc comme la neige
L’étoile jaune c’est tout mon corps j’ai dû me jeter du manège
C’est d’la folie, c’est d’la folie j’ai mangé à devenir maigre
Ici on s’écarte du sujet pour parler d’identité. Le processus qui a fait que j’ai compris que j’étais Noir. Je dis qu’on s’écarte du sujet mais y’a un lien puisque quand on me frappait je m’identifiais aux esclaves.
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