J’ai à peine 8 ans. J’ouvre ma Bible et je lis avec enthousiaste et naïveté le tout dernier “chapitre”, celui qui prédit l’avenir :
Puis les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.
Le premier sonna de la trompette : il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre, et le tiers de la terre brûla, le tiers des arbres brûlèrent, toute l’herbe verte brûla.
Le deuxième ange sonna de la trompette : dans la mer fut jetée comme une grande montagne embrasée, et le tiers de la mer fut changé en sang ; dans la mer, le tiers des créatures vivantes mourut, et le tiers des bateaux fut détruit.
Le troisième ange sonna de la trompette : du ciel tomba une grande étoile qui flambait comme une torche ; elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. L’étoile se nomme « Absinthe », et le tiers des eaux devint de l’absinthe : beaucoup de gens moururent à cause des eaux devenues amères.
Le quatrième ange sonna de la trompette : le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune et le tiers des étoiles ; ainsi chacun d’entre eux fut obscurci d’un tiers, le jour perdit le tiers de sa clarté et, de même, la nuit. Alors j’ai vu : et j’entendis un aigle qui volait en plein ciel, disant d’une voix forte : « Malheur ! Malheur ! Malheur pour ceux qui habitent la terre, car la trompette, encore, doit retentir quand les trois anges sonneront ! »
Le cinquième ange sonna de la trompette, et j’ai vu une étoile qui était tombée du ciel sur la terre : c’est à elle que fut donnée la clé du puits de l’abîme. Elle ouvrit le puits de l’abîme, et du puits monta une fumée comme celle d’une grande fournaise ; le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits.
Et de la fumée sortirent vers la terre des sauterelles ; un pouvoir leur fut donné, pareil au pouvoir des scorpions de la terre. Il leur fut dit de ne pas faire de mal à l’herbe de la terre, ni à la verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes, ceux qui n’ont pas sur le front la marque du sceau de Dieu.
Il leur fut donné, non pas de les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois d’un tourment comme celui qu’inflige le scorpion quand il pique un homme. En ces jours-là, les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas ; ils désireront mourir et la mort les fuira.
Ces sortes de sauterelles ressemblent à des chevaux équipés pour la guerre ; elles ont comme des couronnes d’or sur la tête, et un visage comme un visage humain. Elles ont des cheveux comme des cheveux de femmes, leurs dents sont comme celles des lions. Elles ont des poitrails comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes est comme celui de chars à plusieurs chevaux courant au combat. Elles ont des queues comme des scorpions, et des dards venimeux. Dans leur queue se trouve le pouvoir de faire du mal aux hommes pendant cinq mois. Elles ont comme roi l’ange de l’abîme ; il se nomme en hébreu Abaddôn et en grec Apollyôn (c’est-à-dire : Destructeur).
Le premier « Malheur ! » est passé ; voici que deux « Malheur ! » vont encore arriver.
Le sixième ange sonna de la trompette, et j’entendis une voix venant des quatre cornes de l’autel d’or qui est devant Dieu ; elle disait au sixième ange qui avait la trompette : « Libère les quatre anges qui sont enchaînés au bord de l’Euphrate, le grand fleuve. ». Alors furent libérés les quatre anges qui étaient prêts pour cette heure, ce jour, ce mois, cette année, afin de tuer le tiers de l’humanité. Les troupes de cavalerie comptaient deux myriades de myriades : j’ai entendu ce nombre.
(Note : deux myriades de myriades ça fait 200 millions)
Ainsi, dans ma vision, j’ai vu les chevaux et ceux qui les montaient : ils ont des cuirasses couleur de feu, d’hyacinthe et de soufre ; les têtes des chevaux sont comme des têtes de lion ; de leurs bouches sortent du feu, de la fumée et du soufre. Le tiers de l’humanité fut tué par ces trois fléaux, le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leurs bouches.
Car le pouvoir des chevaux se trouve dans leurs bouches, et aussi dans leurs queues. En effet, celles-ci sont semblables à des serpents, et elles ont des têtes qui font du mal. Et le reste des hommes, ceux qui n’avaient pas été tués par ces fléaux, ne se sont pas convertis, ne renonçant pas aux œuvres de leurs mains ; ils n’ont pas cessé de se prosterner devant les démons, les idoles d’or, d’argent, de bronze, de pierre et de bois, qui ne peuvent pas voir, ni entendre, ni marcher. Ils ne se sont pas convertis, ne renonçant ni à leurs meurtres, ni à leurs sortilèges, ni à leur débauche, ni à leurs vols.
(…)
Et à cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre : le dixième de la ville s’écroula, et dans le tremblement de terre sept mille personnes furent tuées. Les survivants furent saisis de crainte et rendirent gloire au Dieu du ciel. Le deuxième « Malheur ! » est passé ; voici que le troisième « Malheur ! » vient sans tarder.
Le septième ange sonna de la trompette. Il y eut dans le ciel des voix fortes qui disaient : « Il est advenu sur le monde, le règne de notre Seigneur et de son Christ. C’est un règne pour les siècles des siècles. ». Et les vingt-quatre Anciens qui siègent sur leurs trônes en présence de Dieu, se jetant face contre terre, se prosternèrent devant Dieu en disant : « À toi, nous rendons grâce, Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, toi qui es, toi qui étais ! Tu as saisi ta grande puissance et pris possession de ton règne. Les nations s’étaient mises en colère ; alors, ta colère est venue et le temps du jugement pour les morts, le temps de récompenser tes serviteurs, les prophètes et les saints, ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, le temps de détruire ceux qui détruisent la terre. »
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire ; et il y eut des éclairs, des fracas, des coups de tonnerre, un tremblement de terre et une forte grêle.
Je ne me suis jamais remis du traumatisme de ce livre. Encore aujourd’hui je te le retranscris un peu angoissé, comme si en parler allait me damner. Je ne sais pas si on peut un jour guérir totalement du christianisme.
Je ne t’ai évidemment pas tout retranscrit mais ça te donne déjà une idée : la souffrance, la désolation, la punition.
Et mon coeur d’enfant ne comprend pas : donc si je ne crois pas, potentiellement je peux être torturé par des scorpions pendant 5 mois ?
Malheureusement je n’ai jamais été sûr de croire.
Je le voulais de toutes mes forces mais moi…
Dieu ne m’a jamais répondu
Ma mère, mon père, tous nos amis… tout le monde m’affirme parler à Dieu et avoir une réponse.
Alors j’essaie avec mes petites mains, je dis toute ma gratitude envers Dieu, je lui demande de me protéger, ma famille et moi, je lui demande aussi de protéger d’autres enfants dans d’autres endroits du monde…
Mais moi : Dieu ne m’a jamais répondu.
Peut-être qu’il me déteste ?
Je me dis que je dois faire partie des humains damnés : ceux qui ne seront pas sauvés à l’Apocalypse. Je suis vide en moi, c’est pour ça que Dieu ne me répond pas. Je ne mérite pas de réponse.
Mon nom n’est pas inscrit dans le livre de la Vie, j’en suis presque sûr.
J’ai vu aussi les morts, les grands et les petits, debout devant le Trône. On ouvrit des livres, puis un autre encore : le livre de la vie. D’après ce qui était écrit dans les livres, les morts furent jugés selon leurs actes.
La mer rendit les morts qu’elle retenait ; la Mort et le séjour des morts rendirent aussi ceux qu’ils retenaient, et ils furent jugés, chacun selon ses actes. Puis la Mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu – l’étang de feu, c’est la seconde mort. Et si quelqu’un ne se trouvait pas inscrit dans le livre de la vie, il était précipité dans l’étang de feu.
Je voulais croire, je voulais espérer que si j’ai assez la foi, Dieu finirait par me répondre et me confirmer que je suis sur la bonne voie.
Mais tout est déjà scellé. Mon nom est ou n’est pas dans le livre de la vie. Et s’il n’y est pas, non seulement j’irai en enfer, mais ensuite l’enfer sera totalement détruit et je serai du néant.
Pendant plusieurs jours après ça je vais me réveiller au milieu de la nuit en croyant avoir entendu les trompettes de l’apocalypse.
Pourquoi faire ça à des enfants ?
Maintenant que je suis adulte, je me demande comment on fait pour accepter d’infliger ça à tant d’enfants, parce que la liberté religieuse. J’ai des gens qui m’ont dit leur désapprobation face à la technique éducative consistant à raconter des histoires pour faire un peu peur aux enfants et les empêcher de se mettre en danger. Par exemple si tu vas dans la forêt le loup va te manger.
Mais on accepte de leur raconter que s’ils ne croient pas alors ils finiront dans le néant ?
Je pense très sincèrement que la lecture de la Bible devrait être interdite aux moins de 18 ans.
Ce n’est pas un livre d’amour, c’est un livre de terreur.