Si tu me suis depuis un moment, tu sais à quel point je déteste le modèle économique dominant dans la création de contenu. C’est-à-dire qu’on fait tout gratuit et qu’on finance par la publicité.
Ce modèle économique est responsable par exemple de la montée de Zemmour. Un média qui se finance sur la publicité ne peut pas refuser de lui donner de la visibilité. Je dis bien ne peut pas. Ça serait se suicider économiquement.
Si tu veux approfondir le sujet, je l’ai fait ici : https://medium.com/dépenser-repenser/pourquoi-suivre-les-actualit-c3-a9s-est-dangereux-pour-ta-sant-c3-a9-mentale-88dde5c1486b
En résumé : quand on vend de la publicité, on a intérêt à générer des émotions comme la peur et la colère car ce sont elles qui démultiplient la viralité d’un contenu. Alors que quand on vend un produit (par exemple Mediapart vend un abonnement pour accéder à ses articles), on a plutôt intérêt à générer du contenu que les gens veulent payer. Or, on le sait depuis longtemps : les gens ne paient pas pour le contenu viral, ils paient pour le contenu de fond.
Tout ça pour dire que l’Atelier n’est pas financé par la publicité.
J’ai également expliqué pourquoi le gratuit financé par le bénévolat est une mauvaise idée (bien que beaucoup moins toxique que la publicité) : parce que ça use les personnes qui s’investissent. Ça n’est possible que si vous avez une association assez grande pour renouveler les bénévoles que vous cramez.
Tout ça pour dire que l’Atelier EST financé.
Et aujourd’hui, je te détaille tout ça, de la manière la plus transparente possible.
Je dis “possible” car certaines données me manquent : je n’ai pas encore fait mon bilan comptable officiel.
40 168€ de chiffre d’affaires en 2021
J’avais à coeur de faire au moins aussi bien que l’an dernier. Or, en 2020, j’avais fait 32 500€. Si on prend en compte le fait que je n’ai rien vendu en janvier et février 2020, ça fait 38 000€ au prorata (c’est virtuel, c’est juste pour la comparaison).
Je voulais donc faire au moins 38 000€. D’ailleurs je me disais que je pourrais raisonnablement faire 60 000€.
Manifestement pas. Je n’avais pas anticipé à quel point ce serait beaucoup plus dur de vendre en 2021. J’ai dû sortir plus de formations pour compenser cet effet.
J’en ai proposé 10 nouvelles (contre 8 en 2020). Certaines ont été des flops. Celle sur le sucre par exemple. Quand je dis flop je veux dire qu’un lancement de formation rapportait 2 600€ en moyenne en 2020. Mais que celle sur le sucre a fait 1 200€.
De manière générale, la moyenne en 2021 était à 1900€. Alors que les prix n’ont pas changé. C’est donc une question de volume : les formations se sont moins bien vendues en lancement.
Pour compenser j’en ai donc sorti davantage et j’ai reproposé celles de l’an dernier en promo.
Au final, j’ai vendu pour environ 32 900€ de formations.
D’où vient le reste du chiffre ?
Des abonnements premium.
Les abonnements premium ont généré cette année environ 6 500€.
En moyenne vous avez été 99 premium cette année.
Tu me diras qu’il reste un peu plus de 700€ pour arriver au total. Très juste. C’est ici qu’on va retrouver principalement les remboursements. Comme je le rappelle toujours : je rembourse les formations sur demande.
Combien coûte l’Atelier ?
Bien entendu, 40 000€ de revenus générés sur une année ça ne veut pas du tout dire 40 000€ de bénéfices à la fin.
PAS DU TOUT.
Il faut retrancher :
Les taxes : environ 15 000€
Normalement c’est plutôt la moitié, mais je ne payais pas la TVA, jusqu’en novembre.
L’animation du compte Instagram : 2 200€
Tu vois tous les beaux visuels sur le compte Insta ? Bah c’est pas moi qui les fais. L’intégralité du compte est géré par Mélissa Nasso. Et pour 2022 on passe à un tarif de 4200€/an. On est bientôt à 1500 personnes abonnées et j’ai en permanence des retours de personnes qui ne suivent QUE l’Insta. C’est super cool.
Le montage des vidéos : 500€
En fin d’année j’ai des amis créateurs de contenu qui m’ont demandé pourquoi je faisais le montage moi-même. Je n’avais pas la réponse. Ils m’ont passé le contact de leur monteur. Et c’est donc Jean-Christophe Peuchamiel qui s’en occupe désormais. L’an prochain on devrait donc être plutôt à 2500€/an.
La comptabilité : 1250€
Faire sa compta soi-même est un enfer et c’est même illégal de tout faire soi-même puisqu’il faut forcément faire certifier les comptes. Je passe donc par un prestataire qui s’appelle Sobeez et que je recommande là aussi chaleureusement. Si vous voulez un contact chez eux, dites le moi.
Le matériel : 2000€
J’ai investi notamment dans un bureau qui change de hauteur à volonté, un smartphone avec une meilleure qualité pour filmer, un micro, etc. Mais en vrai ce sont des coûts qui me bénéficient dans ma vie perso. Je n’aurais jamais acheté l’iPhone 13 Pro sinon.
Le livre : 1300€
Pour m’aider dans l’auto-édition du livre je me suis fait accompagner par un prestataire que je ne cite pas car je ne le recommande pas du tout. C’était une catastrophe. Pour 900€. En revanche je peux citer Pierre-Luc Hertzog qui a fait l’incroyable couverture.
Les frais bancaires : 750€
Chaque fois que tu m’achètes un produit via carte bancaire, c’est Stripe qui rend cette opération possible. Outil génial que je recommande à tout le monde mais qui coûte 1,4% + 0,25€ par transaction.
Coûts totaux : environ 23 500€
Et les revenus du livre ?
Tu auras peut-être remarqué que j’ai parlé de coûts du livre mais pas de revenus. C’est parce que le système économique du livre est très particulier. Je te la fais courte : en gros on me paie 6 mois après l’achat.
Pour le moment il y a eu 160 exemplaires vendus. 24 en numérique et 136 en papier.
Sur l’édition papier, on va me reverser 2,5€ (sur un prix de vente de 20,90€).
Autant je suis content de payer des impôts, autant je trouve ça scandaleux que la Fnac me prenne autant sur le prix du livre. N’oubliez pas cette dimension quand vous appelez au boycott d’Amazon. Amazon maltraite ses salariés. Mais la Fnac (et le reste du monde de l’édition) maltraite les auteurs.
Sur l’édition numérique, on va me reverser 9,9€ (sur un prix de vente de 14,99€).
Donc ça devrait faire environ 250€ pour les ventes en numérique et 340€ pour les ventes en papier. Qu’on me reversera dans 6 mois.
Ce qui nous fait un total d’environ 600€. Très largement déficitaire donc. Mais ce n’est pas pour l’argent que je publie ce livre. C’est pour alimenter mon contenu gratuit.
Quels chiffres pour le gratuit ?
Justement, parlons de la partie gratuite de l’Atelier : les emails quotidiens du lundi au vendredi.
Au moment où j’écris, vous êtes 3 506 (dont 107 premium).
Au début de l’année vous étiez un peu moins de 3 000. Or, il faut avoir à l’esprit que si je ne fais rien, je perds environ 100 personnes par mois. Par exemple, en juillet quand j’étais en vacances je suis passé de 3500 à 3400.
Comment on fait pour maintenir le nombre, voire le faire grossir ? En faisant ce qu’on appelle en marketing de l’acquisition.
Or, mon acquisition cette année vient de deux sources principales qui éclipsent toutes les autres :
Mon article sur l’extrême-droite qui a été énormément lu et a ramené beaucoup de monde
Ma formation gratuite d’avril où j’avais mis l’inscription à l’Atelier comme condition
Mais je ne me suis pas beaucoup forcé sur ce point. Je n’ai pas eu le temps de m’occuper à la fois des stratégies d’acquisition et des stratégies de monétisation. Or, comme je te le disais au début, j’ai dû faire face à une baisse de l’efficacité de mes lancements. Je suis donc passé de 3000 à 3500 les six premiers mois, puis j’ai ensuite fait le minimum pour maintenir la barre à 3500 sur les six derniers mois.
Puis-je tenir le rythme ?
C’est la grande question. Sur la fin d’année ça a été très intense. Je passe entre 15 et 25 heures par semaine sur l’Atelier, selon les moments. Il faut rajouter ce temps à mes 35 heures en CDI (qui sont plutôt entre 25 et 40 selon les moments).
Typiquement là il est 2h43 au moment où je relis cet e-mail. Je devrais dormir, mais je n’arrivais pas à dormir sans avoir relu .
L’Atelier a énormément pesé sur ma vie personnelle cette année. Alors qu’en 2020 c’était plus simple : on était confinés. Pareil au début de 2021. Pendant le troisième confinement j’avais rédigé un mois d’email d’avance.
Mais je les ai cramés pendant des coups de mou. C’est d’ailleurs dangereux car, là, je n’ai plus de réserve de secours si je refais une déprime.
Un de mes objectifs rapide est de reconstruire ce stock.
Heureusement, le livre est un grand réservoir à contenu puisqu’il me suffit d’envoyer des extraits gratuits.
Dans tous les cas, même si j’adore travailler dessus, il faut que je trouve une solution durable. Je pense tenir la troisième année. Mais la quatrième… ça va être compliqué. Il faudra donc voir ce que je réduis.
Mais déjà je suis très content d’arriver bientôt au deuxième anniversaire de l’Atelier. Dans 5 jours ça fera 2 ans que je publie un email tous les jours.
Si on m’avait dit ça en 2019 pendant mon année de panne totale d’écriture, je ne l’aurais jamais cru…
Merci pour ce partage.
Je ne sais pas ce que tu choisiras de faire ou pas, ce que tu seras en capacité de donner en gardant un rythme si intense. Est-ce que tu en as toujours autant envie ? Est-ce que garder le tarif en diminuant le volume pourrait convenir ou pas (Aussi bien pour toi que pour tes abonné.e.s) ? ... Bonne réflexion à toi.
Je tiens à te (re)dire que je suis vraiment impressionnée par tout ce que tu livres au quotidien.
J’ai énormément appris et je t’en remercie de tout mon cœur 🙏🏻
Si l’Atelier venait à s’arrêter, je serai franchement triste (je ressens une pointe au moment où j’écris ces mots pfiouuu bref) mais éternellement reconnaissante de tout ce que tu as provoqué, par tes mots, dans ma vie (pro/perso). Tu as eu un réel impact et c’est ce à quoi j’aspire : j’espère arriver à en faire autant prochainement avec mes futur.e.s client.e.s / abonné.e.s et mes proches 🤩
Longue et belle vie à toi (et à l’Atelier j’espère égoïstement😅)
Je regrettai un peu d'avoir pris le livre numérique plutot que le papier, mais quand je vois que ça rapporte CINQ FOIS MOINS, la vache!