37 633€ en 2022

Le bilan financier de l'Atelier

Je ne suis pas un influenceur.

Je n’ai pas pour but de faire du contenu qui génère une forte audience pour ensuite monétiser avec de la publicité. Mon but c’est d’avoir une petite audience qualifiée à qui je vends directement mes produits.

Ça ne veut pas dire que je ne serais pas content si j’avais une audience d’un million. Mais ce n’est pas l’objectif final.

C’est un luxe que m’offre le modèle économique que j’ai choisi. En effet, quand on choisit de financer son contenu par la publicité on fait le choix de déléguer son marketing à une autre entreprise. Et elle nous le facture très très cher. Il faut donc faire des millions de vues pour faire des milliers d’euros. C’est un rapport de 1 à 1000.

Alors que quand on choisit d’assurer soi-même la création du produit et sa vente, on a besoin de milliers de vues pour faire des milliers d’euros. C’est un rapport de 1 à 1.

Pire encore, on a deux effets pervers quand on choisit un contenu financé par la publicité. Le premier c’est qu’il devient quasiment impossible de résister à la tentation de faire de l’audience même si c’est destructeur pour la société. Un média financé par la publicité ne peut PAS résister à la tentation de promouvoir Zemmour ou Trump.

Raoult a existé parce que les médias ne peuvent pas résister à un pic d’audience. C’est leur oxygène.

Le deuxième problème c’est qu’on ne peut plus dire ce qu’on veut. Par exemple, sur YouTube, les démonétisations de contenus politiques sont courantes.

Et, accessoirement, on n’a plus le même intérêt que son audience. Il ne faut jamais sous-estimer à quel point on travaille pour la personne qui paie. Un média qui vend de la publicité travaille pour les annonceurs, un média qui vend ses propres produits travaille pour ses lecteurs.

Malheureusement, le grand public a été drogué au modèle de la pub. Hameçonné.

Je n’utilise pas ces termes parce que je suis amer et cynique. J’utilise ces termes parce que c’est ainsi qu’on m’a enseigné ces modèles économiques en école de commerce. Les profs appelaient ça la stratégie de la cocaïne : appuyer sur nos failles addictives.

Du coup, l’opinion a tendance à jouer contre son camp : elle réclame des médias “gratuits” (c’est-à-dire financé par la pub) sans se rendre compte des dégâts sur la santé mentale générale.

Y’a une chaîne YouTube que j’aimais bien et qui s’appelait Un créatif. Mais j’étais toujours surpris de voir comment il étrillait le modèle économique de la formation en ligne alors que lui même se finançait par la publicité.

Oui, il existe des formations en ligne qui sont des arnaques. Mais, globalement, le modèle économique média-publicité fait des ravages bien plus grands.

Si tu veux plus de détails sur l’ampleur des dégâts, j’ai écrit un article qui retrace l’histoire de ce modèle économique et ses dangers : https://medium.com/dépenser-repenser/pourquoi-suivre-les-actualit-c3-a9s-est-dangereux-pour-ta-sant-c3-a9-mentale-88dde5c1486b

Ceci étant dit, comme l’an dernier, on va détailler les revenus de l’Atelier de manière la plus transparente possible.

Je n’ai pas encore fait faire le bilan comptable officiel donc c’est à la louche en regardant les transactions du compte bancaire. Ce ne sera pas exact à l’euro près, mais ça donne les grandes lignes.

37 633€ de revenus TTC en 2022

En 2020 j’avais fait 32 500€, en 2021 j’avais fait 40 000€.

On est donc sur un recul.

Surtout que, maintenant, l’Atelier paie la TVA. Donc en vrai c’est plutôt :

2020 : 32 500€

2021 : 40 000€

2022 : 30 100€

C’est donc un net recul. Surtout que…

L’Atelier a vendu pour 21 000€ de formations (contre 33 000€ l’an dernier).

Ça s’explique parce que j’ai quasiment arrêté de vendre des formations entre Janvier et Septembre.

J’en ai vendu une seule.

Pourquoi ? Parce que j’avais besoin de temps pour investir dans mon couple. J’ai compris cette année que certains problèmes venaient du fait que je n’accordais pas assez de temps et que je prenais le couple comme un acquis.

J’ai donc essayé d’investir plus de temps. Le pire c’est que j’ai eu le culot d’être sceptique. En mode ok, j’essaie comme ça elle m’embêtera plus avec ça. Alors que c’était une des meilleures choses à faire.

Ça valait largement le coup de vendre moins.

Tu te demandes peut-être quel est le rapport ? Et bien il faut savoir qu’une formation me demande environ 2 jours complets de travail (création, tournage, montage, promotion). En soi c’est pas énorme, parce que je fais des petites formations. Mais sachant que j’ai mon CDI à côté… ça veut dire que je dois sacrifier un weekend à chaque fois.

Mais du coup, avec un tel recul des ventes de formation comment ça se fait que le résultat est quand même proche des années d’avant ?

C’est parce que j’ai d’autres sources de revenus.

La première c’est les abonnements premium.

L’an dernier ça représentait 6 500€. Mais cette année ça a augmenté ! Ça représente… 7050€.

Ok.

C’est pas ça.

Une prestation inattendue

L’un d’entre vous est venu me voir un jour en disant :

Hey j’aime beaucoup ce que tu fais avec l’Atelier. Il se trouve que je suis product manager chez XXXX et que dans mon équipe y’a encore trop d’emails trop verbeux, de présentations trop indigeste. Tu penses que tu pourrais nous faire une formation à l’écriture ?

J’ai répondu que oui, à une condition : ça doit rester un plaisir. Donc il est hors de question de faire les démarches pour être organisme de formation et permettre que l’entreprise XXXX puisse se faire subventionner.

Dans mon CDI, je travaille dans la formation en recrutement donc je sais que les clients achètent peu sans subvention.

Il m’a répondu que ce n’était pas du tout un problème. Et j’ai proposé de faire une journée à 2500€ HT (donc 3000€ TTC).

Ça s’est bien passé. Si bien, qu’une autre manager de l’entreprise est venue vers moi en me disant qu’elle aimerait également que je forme son équipe. J’ai vendu cette fois deux journées (car il y avait plus de monde).

Et donc cette année j’ai fait 9 000€ TTC par ce moyen.

C’est ça qui rattrape tout le reste.

Le livre

Cette année j’ai vendu pour 943€ de mon livre. On est pas encore à l’équilibre puisque j’ai dépensé 1300€ pour le produire, mais on se rapproche. De toutes façons, le but de ce livre n’est pas de faire de l’argent.

Combien ça a coûté en 2022 ?

Et en parlant de coûts… venons-y. Pas de chance, l’Atelier a diminué ses recettes tout en explosant les coûts.

Au total, il y a eu pour 50 000€ de dépenses.

Impôts : 22 000€

Vu que les impôts sont calculés sur la base du chiffre de l’année précédente, ça fait un chiffre un peu haut (75% du revenu HT et 60% du revenu TTC).

TVA : 3950€

J’en parlais tout à l’heure. Techniquement ce n’est pas l’Atelier qui paie la TVA, c’est vous. L’Atelier ne fait que la collecter. Voilà pourquoi on doit parler normalement en revenu HT et non en TTC.

Animation Instagram : 4 700€

Toujours Mélissa Nasso à la manoeuvre. Avec une très bonne année puisque pour la première fois il y a plus d’abonné·es sur Instagram que sur la newsletter. L’an dernier il y en avait 1500. Cette année elle a réussi à les faire monter à 4 600.

Abonnements divers : 5 500 €

Dedans on va avoir les outils que j’utilise, notamment Podia pour héberger les formations. Fun fact : avant je payais 79€/mois. Maintenant c’est passé à 89€. Parce qu’en fait je paie 89$ et que le cours du dollar a énormément augmenté.

Rémunération : 4000€

J’ai sorti 4000€ du compte pro pour le mettre sur mon perso. 1000€ pour gérer mon problème de punaises de lit. 3000€ que j’ai mis sur un compte épargne.

Matériel : 2 300 €

Cette année j’ai acheté un iMac pour ne plus avoir les ralentissements et écrire sans jamais que l’ordinateur ne rame. Et aussi par caprice de tester le nouvel iMac.

J’ai également acheté des lumières. C’est ce qui permet le nouvel éclairage que vous avez unanimement validé sur les dernières formations.

Fournitures : 2000€

Dedans y’a tout ce qui est livres, abonnement mediapart et petits trucs genre des chargeurs ou des carnets.

Hôtels et restaurants : 1500€

J’aimerais pouvoir dire que c’est des notes de frais classiques qui augmentent techniquement le niveau de vie. Mais les hôtels c’était parce que fallait que je dorme avant de faire les formations chez XXXX. Or, avec les punaises de lit…

Formations pour moi-même : 1000€

J’ai continué à acheter des formations : une de Nina Ramen, quelques unes d’Antoine BM et une formation sur comment prendre des meilleures photos et vidéos à l’iPhone.

Montage : 920 €

Toutes les vidéos de formation ont été montées par Jean-Christophe Peuchamiel. C’est le seul coût qui est moins élevé que prévu. L’an dernier j’ai écrit que ça s’élèverait à 2500€ en 2022. Sauf que… puisque j’ai tourné beaucoup moins de formations… forcément cette facture est moins élevée puisque je paie à la vidéo.

Compta : 1 150€

C’est quasiment une obligation légale. Même si je voulais tout faire moi-même, je devrais quand même faire certifier les comptes par un tiers.

Aide Admin : 668€

Au début de l’année j’ai paniqué parce que la comptable m’a demandé de lui envoyer tous les justificatifs de dépenses de 2021. A la main ! Je suis tombé des nues.

Typiquement le genre de choses qui m’affolent.

J’ai donc contacté Charlotte de pose ta dem’ qui m’avait recommandé la comptable en lui demandant comment elle faisait. Elle m’a répondu qu’elle payait une autre prestataire : une assistante administrative.

Je me suis écrié : ah mais faut payer quelqu’un pour parler avec la comptabilité ???

Et, accessoirement, j’ai enfin compris le métier de Frédérique Bernard qui travaille dans la boîte où j’ai mon CDI. Je lui ai demandé si elle voulait le faire pour l’Atelier.

Heureusement. Sinon je me serais noyé. Non seulement elle parle à la comptabilité mais elle parle aussi aux impôts à ma place.

Et les chiffres du gratuit ?

Mine de rien, l’Atelier ne pourrait pas vendre s’il n’avait pas une partie gratuite. Cette année, l’audience a stagnée. On a commencé à 3 500 abonné·es et on finit à 3 600.

Ça s’explique par deux choses : la première c’est que je n’ai pas fait d’article long format sur medium, comme celui sur l’extrême-droite qui m’avait ramené des centaines d’abonné·es.

La deuxième c’est que j’ai expérimenté une autre manière pour obtenir de nouvelles personnes mais ça a été un échec. Il s’agit du programme :

https://uncoursdeparoleparjour.com

L’idée c’était de vous proposer un cours email gratuit. Par le biais du partage je me disais que je pouvais avoir pas mal de nouvelles personnes. Mais là où j’attendais environ 1500 inscriptions dont 300/400 nouvelles personnes.

Au final, j’en ai eu 500 dont une cinquantaine de nouvelles personnes.

Le rythme

J’ai passé beaucoup moins de temps sur l’Atelier que l’an dernier. Voilà pourquoi je ne suis pas à plaindre. Les revenus baissent mais c’est aussi parce que je travaille moins.

L’an dernier j’y passais entre 15 et 25 heures par semaine en plus des 35 heures de mon CDI.

Cette année je pense y avoir plutôt passé entre 7 et 12 heures par semaine.

L’an dernier dans le bilan j’écrivais :

Pendant le troisième confinement j’avais rédigé un mois d’email d’avance.

Mais je les ai cramés pendant des coups de mou. C’est d’ailleurs dangereux car, là, je n’ai plus de réserve de secours si je refais une déprime.

Un de mes objectifs rapide est de reconstruire ce stock.

Dans tous les cas, même si j’adore travailler dessus, il faut que je trouve une solution durable. Je pense tenir la troisième année. Mais la quatrième… ça va être compliqué. Il faudra donc voir ce que je réduis.

Est-ce que j’ai fait ce stock ? Oui ! C’est ce qui m’a permis de vraiment lâcher l’Atelier sur les 4 premiers mois. C’était très agréable, un peu comme des vacances : pas de formation et pas beaucoup d’emails à écrire. Mais tout ceci s’est effondré quand j’ai eu le covid. Et là… j’ai cramé tous mes emails d’avance.

Du coup, je pense que je vais prendre un peu de temps en janvier pour refaire ce stock.

Une petite lassitude

Ça fait bientôt 3 ans que je fais des formations devant une caméra, je commence à m’essouffler un peu. Surtout que je n’aime pas particulièrement ça. Ce que j’adore c’est faire des formations en live.

Du coup je pense que je vais rapidement vous proposer des formats en live.

Par exemple deux demi-journées à distance mais en live (sur Zoom/Google Meet) pour approfondir sur un sujet particulier. Je commencerai probablement par la pédagogie ou l’écriture.

Mais ce que je ne sais pas c’est si y’a un marché pour ça. Est-ce que y’a des gens parmi vous qui voudront payer pour ce produit. Sachant qu’il sera forcément plus cher qu’une formation en ligne de 1h30.

On verra. Mais je me dis que c’est un bon complément pour approfondir. Une formation en ligne c’est bien mais on peut pas interagir avec le formateur pendant qu’il explique.

Bref… je vous en reparle bientôt !